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EXCLUSIF - Logiciels libres : Jacques Attali face aux DSI de grands comptes

Netfective, éditeur du générateur d'applications BluAge, a organisé une rencontre en petit comité et autour d'une bonne table d'une quinzaine de DSI de très grands comptes publics et privés avec le coordinateur du récent rapport « 300 décisions pour changer la France ».

PublicitéRencontre intime mais animée, un récent repas a réuni Jacques Attali et une quinzaine de DSI de très grands comptes publics et privés ainsi que quelques dirigeants de sociétés de service, à l'initiative de Netfective, éditeur du générateur d'applications BluAge. La rédaction de CIO a été conviée, avec garantie d'anonymat des participants DSI, pour couvrir l'événement dont le sujet reste encore aujourd'hui polémique : le logiciel libre face au logiciel propriétaire. Jacques Attali a récemment été coordinateur et animateur du comité auteur du rapport « 300 décisions pour changer la France ». Or la décision 58 prévoyait : « promouvoir la concurrence entre logiciels propriétaires et logiciels libres ». Pour Jacques Attali, « beaucoup, dans la commission, voulaient aller plus loin et favoriser explicitement le logiciel libre ». Mais le patron de PlaNet Finance conserve des rapports ambigus avec le mot « libre » qui éveille chez lui beaucoup de méfiance : « je me souviens du combat, il y a quelques années, entre l'école publique et l'école libre qui n'était pas plus libre qu'une autre mais privée... Dans le combat logiciel libre / logiciel propriétaire, on a souvent l'impression qu'il s'agit en fait d'une lutte entre le monde IBM et le monde Microsoft. » Si la proposition a finalement été retenue sous cette forme, c'est que l'ancien conseiller de François Mitterrand devait trouver des solutions de croissance et donc de productivité, cela supposait de favoriser l'émergence du numérique dans une situation de concurrence. Sur le marché du logiciel, le développement de la croissance et de la concurrence passe par le logiciel libre et les formats ouverts. Au delà du logiciel et de l'informatique, « il y a une véritable émergence du gratuit, comme une vraie tendance sociale de fond, par le développement de l'altruisme et du plaisir du don » souligne Jacques Attali. Mais, si celui qui travaille gratuitement peut être considéré par certains comme « une poire », Jacques Attali a souligné : « le gratuit génère de la valeur ailleurs et baisse les coûts d'investissement. Par exemple le MP3 permet de vendre des iPod. » Il arrive aussi que le gratuit et le commercial entrent dans un mouvement de balancier, l'un nourrissant l'autre et vice-versa, voire l'un se transformant en l'autre, par exemple comme avec le micro-crédit de l'ONG PlaNet Finance. Pour Jacques Attali, le logiciel libre est donc un gisement de valeur commerciale (services...), un agitateur anti-monopoles, et un outil de forte innovation avec une vitesse de pénétration impressionnante car, sans véritable engagement ou coût initial important, il permet malgré tout de tester de nouveaux concepts ou de nouvelles technologies. Les DSI présents ont tous confirmé que le logiciel libre était clairement un agitateur, un innovateur, un contrepoids aux monopoles... mais était tout sauf gratuit. « IBM, qui utilise le libre pour reprendre pieds dans des créneaux où il a été largué, n'est pas un philanthrope ! » a-t-on ainsi entendu. La bascule vers le libre entraîne d'ailleurs des coûts élevés en maintenance... De plus, l'absence de coût de licence pose un véritable problème de pérennité des micro-acteurs et un autre soucis d'intégration. Ce dernier point peut rendre le gratuit très coûteux... Le premier problème des DSI peut se résumer par « il faut que ça marche ! » « IBM n'est ni le plus innovant ni le moins cher mais ça marche... Microsoft, par contre... [rires] » Il y a eu cependant consensus pour admettre que le logiciel libre est effectivement innovant et fondamentalement interopérable grâce à l'usage de véritables normes. « Ne s'adresser qu'à de gros acteurs, c'est un risque de génération ou d'entretien de monopoles » A l'inverse, « passer à des solutions libres, c'est avoir la capacité de tester, d'innover, et aussi de maîtriser son SI grâce aux sources ouvertes ». Pour satisfaire tous les besoins des DSI, « nous avons besoin de faire à la fois du libre et du propriétaire ». Les éditeurs ont été copieusement critiqués sur leur démarche stratégique : changements de versions, de contrats, de politique de licences... « Or la DSI a besoin de stabilité, de réponse aux attentes des métiers. » « Et la plupart des nouvelles versions n'apportent strictement rien du point de vue du métier ». « Vista, ce sont des millions de lignes de code sans aucune valeur ajoutée ; un changement de version de Microsoft Office, c'est une absence totale de changement opérationnel. » La tendance qui semble se dessiner, c'est l'alliance de briques de base « libres », un développement d'applicatifs selon des modèles divers mais de plus en plus en ligne, et enfin d'applicatifs pointus payants. « Le DSI doit devenir un chef d'orchestre mais la tendance est à l'externalisation et donc à la disparition des équipes informatiques internes ». Le « Libre » a cependant été critiqué sur trois points principaux : - Pas de vision, de roadmap ; - Trop de héros, pas assez de héraults ; - Pas d'interlocuteur unique identifiable sur les produits.

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