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Gianmaria Perancin (USF) : « SAP connaît des évolutions très positives mais il reste du travail »

Gianmaria Perancin (USF) : « SAP connaît des évolutions très positives mais il reste du travail »
Déjà président du SUGEN, Gianmaria Perancin a succédé à Patrick Geai comme président de l’USF au Printemps dernier.

Nouveau président de l'association des Utilisateurs SAP Francophones (USF) et toujours président du réseau international des dirigeants de clubs d'utilisateurs SAP (SUGEN), Gianmaria Perancin présente la prochaine Convention de l'USF (10 et 11 octobre 2018 à Lyon), l'actualité de l'association ainsi que les enjeux actuels des clients de SAP.

PublicitéCIO : La prochaine Convention de l'USF aura lieu à Lyon les 10 et 11 octobre 2018. Pourquoi avoir choisi comme thème « La donnée au coeur des nouveaux usages » ?

Gianmaria Perancin : La transformation digitale arrive à tous les échelons de la vie quotidienne, pour le grand public comme pour les entreprises. Si le numérique permet aux entreprises de générer davantage de valeur, l'automatisation résultante transforme les emplois. Les collaborateurs ne vont plus réaliser d'actions répétitives mais des actions créatives à valeur ajoutée. Or cette révolution repose sur la data.
La data révolutionne ainsi les modes de travail. On passe, par exemple, de l'échange de fichiers à la collaboration temps réel. En tant que club des utilisateurs de solutions SAP, nous nous devions donc de regarder en quoi les outils de cet éditeur répondent aux besoins et servent ces nouveaux usages.
Nous veillons ainsi à écouter et collecter les attentes exprimées par nos adhérents, à présenter les nouveautés SAP et à influer sur la roadmap des produits. SAP écoute de plus en plus attentivement les remontées de ses clients.

CIO : Qu'allez-vous proposer au cours des deux jours de la Convention ?

Gianmaria Perancin : La structure de la manifestation ne change pas par rapport aux années antérieures. Le matin est consacré aux plénières, l'après-midi aux ateliers retours d'expérience clients. L'exposition est, elle, ouverte en permanence. Le mercredi soir, nous avons également, comme d'habitude, une soirée de détente. Les ateliers roadmap SAP se tiendront, eux, le jeudi matin à 8h30.
Les plénières permettent aux participants de recevoir un nouveau souffle, une bouffée d'oxygène les emmenant au-delà de SAP. Parmi les intervenants, cette année, nous aurons Virginie Guyot, l'ancienne leader de la Patrouille de France, seule femme à avoir eu un poste de ce type dans le monde. Elle expliquera comment il est nécessaire de tout planifier à l'avance , avoir une équipe soudée et sublimer les talents individuels dans un groupe. Le philosophe Raphaël Enthoven amènera, lui, à davantage réfléchir sur l'innovation et la mémoire.
Comme d'habitude, le patron de SAP France, désormais Gérald Karsenti, s'exprimera en plénière. Mais, cette année, nous aurons également l'intervention de Brian Duffy, président de SAP EMEA North , à qui Gérald Karsenti rapporte. Brian Duffy détaillera la vision stratégique globale de SAP, avec le slogan « Customer for life », stratégie qui sera ensuite déclinée pour la France par Gérald Karsenti. Une traduction simultanée sera assurée, Brian Duffy ne parlant pas Français.
L'après-midi, 70 ateliers seront organisés. A chaque fois, une entreprise témoignera d'un projet qu'elle a mené. Enfin, dans la partie exposition, nous avons cette année 86 partenaires.
Lors de la Convention 2017, nous avons accueilli 2333 visiteurs cumulés sur les deux jours (1399 visiteurs uniques). A ce jour, nous sommes très en avance sur les inscriptions et, en extrapolant, nous pensons dépasser les 1500 visiteurs uniques en 2018.
Une fois de plus, le succès de la Convention confirme son caractère incontournable pour les acteurs de l'écosystème SAP francophone.

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« Une fois de plus, le succès de la Convention confirme son caractère incontournable pour les acteurs de l'écosystème SAP francophone. »


CIO : Quels livrables allez-vous présenter cette année ?

Gianmaria Perancin : Nous avons conçu un livre blanc sur le RGPD avec l'AUFO (Association des Utilisateurs Français d'Oracle), les clubs J.D.Edwards et PeopleSoft ainsi que le Dynsclub (club des utilisateurs de solutions Microsoft Dynamics). Ce travail, de notre côté, est piloté par Claude Molly-Mitton. L'un des objectifs est de disposer précisément d'un code de conduite avec les fournisseurs, si possible validé par la CNIL lorsque le travail sera terminé.
Fin 2018, nous aurons un livrable sur le décryptage du nouveau modèle de licences SAP. Le groupe de travail est animé par Patrick Geai.
Le maintien de la qualité des livrables est un élément essentiel de reconnaissance du travail des bénévoles qui permettent à l'association de vivre.
Lors de la Convention, nous allons également présenter les résultats de la troisième édition de notre enquête bisannuelle de satisfaction des clients SAP, réalisée par Kantar TNS (ex-Sofres). Cette enquête sera publiée sous forme de note de perspective, distribuée à tous les participants et accessible via notre site web. SAP en aura la primeur, bien sûr. Cette année, les chiffres sont plutôt positifs. Plus de 220 entreprises ont répondu et cela nous donne une vision objective de la perception client.

CIO : Vous insistez sur le caractère « francophone » de votre association et vous réunissez 450 entreprises membres. Quels sont les pistes de développement que vous avez pour votre association qui reste avant tout française ?

Gianmaria Perancin : Nous estimons le nombre de clients SAP en France entre 2000 et 3000. Nous avons donc une stratégie d'élargissement de la base des adhérents en France.
Cet élargissement s'opère également en ce moment en Suisse Romande. Nos amis du club des utilisateurs allemands, qui s'occupent traditionnellement aussi de la Suisse et de l'Autriche, ne disposaient en effet pas de contenus francophones. Ils ont donc demandé à l'USF de s'occuper de la Romandie.
Nous avons ainsi créé une commission en Suisse Romande qui s'est réunie le 15 mars et le 3 juillet 2018 sur les thèmes S/4 Hana et des accès indirects / audits ainsi que SolMan7, le RGPD, la dématérialisation et SOD. Plus de 70 participants ont été accueillis. Pour l'instant, la commission est pilotée par les instances nationales de l'USF mais nous cherchons bien sûr une dynamique locale. Lors de la Convention, il y aura des participants et des partenaires provenant de Suisse.
D'une manière générale, il faut mieux installer l'USF dans une démarche réellement internationale pour maintenir et développer notre capacité d'influence. L'USF a ainsi traduit certains livrables en Anglais. Et le SUGEN, dont je suis aussi le président, permet de dialoguer à haut niveau chez SAP.

CIO : Nous parlions du décryptage du nouveau modèle de licences SAP. Où en sont les grands sujets de litiges entre l'éditeur et ses clients ?

Gianmaria Perancin : L'évolution est plutôt positive. En particulier, nous sommes très satisfaits de la séparation audit / commerce. Ce que SAP nous a présenté est séduisant. Pour faire simple, le commercial regarde l'avenir, comment les solutions SAP peuvent créer de la valeur pour les entreprises clientes. Ils peuvent donc vraiment s'impliquer pour fournir aux clients des solutions adaptées à leur contexte. De l'autre côté, la direction de l'audit regarde la conformité de ce qui est utilisé avec ce qui a été acheté. S'il y a un problème de conformité, le chiffre d'affaires généré ne sera pas inclus dans le chiffre affecté au commercial. Bien entendu, c'est le discours de SAP. Le rôle de l'USF est de vérifier que ces bons principes sont bien appliqués dans la réalité.
Il reste cependant à travailler sur d'autres aspects liés aux usages indirects qui ne sont pas encore résolus et surtout sur la simplification des contrats. On en arrive à se demander si, demain, le DSI ne devra pas être en plus juriste ! Nous avons besoin de contrats plus clairs, plus compréhensibles. Nous travaillons avec SAP pour que nous puissions tester des modèles contractuels. Nous voudrions notamment pouvoir prendre des contrats par modules et non pas en tout ou rien.
Nous voulons également travailler avec SAP sur les priorités et plannings de localisation, c'est-à-dire d'adaptation des produits aux langues et règles de chaque pays. Or, parfois, les partenaires intégrateurs arrivent plus vite avec une solution payante que SAP avec la solution gratuitement incluse dans la maintenance. Cela n'est pas normal. L'USF avait dû, en France, solliciter les ministères concernés pour obtenir un délai sur une déclaration obligatoire à cause d'un problème de ce type. SAP adapte assez facilement les lois. Mais pas forcément avec assez de réactivité les règles administratives. Et les priorités des entreprises ne sont pas forcément ce qui est travaillé en premier par l'éditeur. SAP a donc besoin d'améliorer son écoute des clients à ce sujet pour que le planning de développement corresponde mieux aux besoins réels des entreprises.
Et les entreprises françaises ne sont pas concernées que par la réglementation applicable en France ! Elles ont besoin d'un meilleur accompagnement de l'éditeur quand elles travaillent sur plusieurs pays. Il est vrai que la réglementation est plus mouvante dans les pays latins qu'en Allemagne ou dans les pays anglo-saxons.
Mais, si le dialogue est parfois viril, il existe avec SAP ! Et bien plus qu'avec d'autres prestataires.

CIO : Et concernant les tendances sur les produits SAP, quel est votre sentiment ?

Gianmaria Perancin : Comme vous le savez, SAP a annoncé au SAPphire que C/4 Hana devrait fusionner Hybris, Gigya et Callidus Cloud dans une seule offre cloud. SAP présente C/4 Hana comme le CRM de demain et affirme être le seul éditeur capable de couvrir de la logistique au client final en passant par la production. L'USF est bien sûr très attentif à cette évolution.
Les solutions SAP de bus applicatif nous amènent aussi à nous poser des questions. Il s'agit des modules Xi (Exchange) / Pi (Process Integration) / Po (Process Orchestration). Est-ce qu'une telle couche intermédiaire se justifie toujours ? Ne serait-il pas plus pertinent d'adopter une approche par micro-services et API, donc avec des interconnexions directes ? Ces solutions sont d'ailleurs à l'origine de l'affaire Diageo. En effet, les licences sont ici au volume de données et Diageo pensait donc ses accès indirects couverts par l'emploi de cette solution. Or le jugement rendu a rappelé que, derrière Xi/Pi/Po, il y avait des produits avec des licences à l'utilisateur nommé. Et nous retombons alors sur la complexité des contrats qui reste un sujet important.

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