Management

Chef d'un grand projet : un poste à haut risque

Jean-Pierre Souzy est Vice Président chez EADS en charge de l'unification des processus financiers du groupe. Il y a dix ans, il dirigeait le programme Accord de système d'information financier de l'Etat. Il a dû affronter de nombreux obstacles. Il tire les leçons de cette expérience.

PublicitéCIO : Accord est le premier projet de progiciel unique de gestion budgétaire de l'Etat. Comment êtes-vous arrivé à la tête de ce projet alors qu'il était déjà lancé depuis 4 ans ?

Jean-Pierre Souzy : En décembre 2000, j'ai été sollicité par la directrice du budget afin de prendre la direction du projet Accord. A mon avis, il y avait quatre raisons à cela. La première c'est que quand un projet informatique patine dans le secteur public, on va toujours chercher un ingénieur télécoms [NDLR: du corps des ingénieurs des télécommunications, donc en général un X-ENST]. La deuxième, c'est que j'avais déjà eu une expérience à la Direction du Budget avec la gestion du budget informatique. La troisième raison est la réputation que j'avais acquise au Ministère des Anciens Combattants comme au CNRS de bien conduire le changement. Enfin, la quatrième raison est que j'étais disponible puisque j'arrivais en fin de mandat à mon poste de secrétaire général au CNRS.

CIO : Comment avez-vous abordé un projet aussi colossal qu'Accord ?

Jean-Pierre Souzy : Je connaissais déjà tous les acteurs engagés dans le projet mais malgré tout j'ai refusé d'arriver « comme ça ». Auparavant, j'ai demandé et obtenu d'être chargé d'une mission sur la question de l'organisation du projet Accord. Durant cette phase, les responsables du projet étaient maintenus.

C'est à ce moment-là que j'ai commencé à lever le lièvre de l'obligation d'adapter le projet Accord à la LOLF (Loi Organique relative aux Lois de Finances) qui était en préparation et que j'ai également émis le souhait de voir (...)

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« Avec Accord, on a rapproché le piano des tabourets »

« Le programme Accord n'est certainement pas un échec » déclare Jean-Pierre Souzy. La preuve: au 1er janvier 2006, l'Etat a été en mesure de comptabiliser l'exécution de son budget selon les critères de la LOLF comme prévu. La phase 2 d'Accord a cependant été stoppée brutalement en 2004. Le programme a alors été relancé sous le nom de Chorus. Le projet Accord avait été lancé en 1996. Il vise à doter toutes les administrations d'Etat, centrales et déconcentrées, d'un système d'information budgétaire unique. Sa phase 1 datait d'avant le vote de la LOLF et ne concernait que les administrations centrales. « Accord 1, 1bis et 2 n'existent pas, il n'y a que le programme Accord. Ces numéros ont été attribués a posteriori » précise Jean-Pierre Souzy.

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