78 % des offres d'emploi en informatique exigent déjà des compétences en IA
L'IA est sur le point de redéfinir les compétences de base pour réussir une carrière dans l'IT. Former les équipes pour rester compétitif et assurer la relève avec des recrutements bien pensés sera essentiel pour les DSI.
PublicitéLes professionnels de l'informatique réticents à reconnaître l'impact de l'IA sur leur carrière devraient y réfléchir à deux fois. Selon une nouvelle étude du AI Workforce Consortium, le marché de l'emploi dans le secteur connaît une transformation sans précédent, les compétences en IA devenant une compétence clef pour les professionnels de l'IT. Les conclusions de l'étude sont basées les données d'offres d'emploi publiées par Cornerstone et Indeed, analysées par le consortium dirigé par Cisco entre juillet 2024 et juin 2025 dans les pays du G7 (Allemagne, Canada, France, Italie, Royaume-Uni et Japon).
L'IA devient une compétence standard
L'étude révèle que les compétences en IA sont déjà explicitement requises dans 78% des offres d'emploi en informatique. De plus, sept des dix emplois IT à la croissance la plus rapide dans les pays du G7 comportent une composante directe d'IA. Y figurent les ingénieurs logiciels, les développeurs IA/ML, les ingénieurs cloud et les ingénieurs data. Parallèlement, les compétences transversales telles que la communication, le travail d'équipe et le leadership deviennent de plus en plus importantes pour garantir une utilisation responsable de l'IA.
Mais ce ne sont pas seulement les professionnels de l'informatique qui seront concernés. « Si l'on se projette un peu plus loin, disons en 2030, les compétences en IA seront aussi indispensables que les compétences informatiques le sont aujourd'hui », assure Yasmin Weiß professeure spécialisée dans l'IA en milieu professionnel. « Toute personne postulant à un poste de travailleur du savoir en 2030 et ne pouvant démontrer de compétences suffisantes en IA sera perçue comme aussi peu intéressante qu'une personne actuellement incapable d'utiliser un ordinateur ».
Programmes de reconversion irréalistes ?
Selon Yasmin Weiß, le Forum économique mondial (World Economic Forum) n'a pas totalement tort de prédire que 83 millions d'emplois seront probablement perdus à cause de l'automatisation d'ici 2027, tandis que 698 millions de nouveaux emplois seront créés.
Si l'on exclut l'évolution démographique des économies développées - notamment le vieillissement de la génération des baby-boomers -, le bilan s'équilibre à peu près, selon la spécialiste. Le problème est que les employés dont les emplois sont automatisés par l'IA ou remplacés par d'autres technologies ne possèdent généralement pas les qualifications requises pour les nouveaux métiers. Une simple montée en compétences est donc souvent insuffisante ; une reconversion professionnelle s'avèrera souvent nécessaire, soit l'acquisition de compétences entièrement nouvelles. « Ce qui soulève la question du réalisme de tels programmes de reconversion - par exemple, un ancien employé de bureau peut-il devenir expert en cybercriminalité en peu de temps ? » s'interroge Yasmin Weiß.
PublicitéOutre les qualifications techniques, un changement profond des mentalités joue également un rôle crucial, reprend la professeure. À l'avenir, les individus endosseront plus fréquemment différentes identités professionnelles au cours de leur vie. Pour que cela se produise, les métacompétences telles que l'adaptabilité, la capacité d'apprentissage et l'ouverture au changement doivent être considérablement renforcées, car elles constitueront le socle de la réussite professionnelle dans un monde du travail en constante évolution.
Christian Korff, vice-président des services, de la stratégie et de la planification pour la zone EMEA chez Cisco, souligne que de nombreux postes en développement de la formation sont actuellement proposés dans le monde anglophone afin d'accompagner cette transformation. En comparaison, l'Europe, et l'Allemagne en particulier, accusent encore un retard en matière d'investissement dans l'éducation et la formation, et d'accompagnement des populations dans cette évolution.
Une « génération perdue » à l'horizon ?
Il est indéniable, toutefois, que le nombre d'offres d'emploi pour les jeunes professionnels, notamment dans les cabinets d'avocats, les entreprises de logiciels ou les cabinets de conseil, est en baisse. Cela laisse-t-il les jeunes sans perspectives ; se dirige-t-on vers une « génération sacrifiée » ? Christian Korff, de Cisco, réfute cette vision pessimiste. Si les entreprises misent actuellement sur des professionnels expérimentés pour accélérer le développement des nouvelles technologies, de nombreux employés plus âgés approchent également de la retraite.
Dans son entreprise, comme dans l'ensemble du secteur IT, cela créera de nombreuses opportunités pour les jeunes professionnels au cours des cinq à sept prochaines années. Cisco investit massivement dans des programmes pour jeunes diplômés et une académie interne afin d'accompagner activement cette transition générationnelle.
Yasmin Weiß reconnaît que les postes de débutant, notamment dans des secteurs comme le conseil juridique, sont actuellement fortement impactés par l'automatisation. De nombreuses tâches auparavant effectuées par les débutants peuvent désormais être prises en charge par l'IA. Les connaissances sectorielles, qui nécessitaient autrefois beaucoup de temps, sont désormais plus rapidement accessibles grâce à l'IA.
Article rédigé par
Manfred Bremmer, Computerwoche (adapté par Reynald Fléchaux)
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