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Il gère la dette de la DSI de la Cnav

Il gère la dette de la DSI de la Cnav
Matthieu de La Rüe du Can, chargé de mission dette IT à la CNAV : « il faut savoir rester en visibilité sur la durée. Car il s’agit d’un sujet transverse qui n’est pas la principale préoccupation des équipes au quotidien. » (Photo : D.R.)

Les métiers de la DSI. A la Cnav, Matthieu de La Rüe du Can s'occupe spécifiquement de réduire l'endettement lié au Legacy et d'éviter de créer des dettes techniques futures. Découverte d'un poste au coeur des enjeux clefs d'un département IT.

PublicitéUne tâche plus simple que celle des éphémères Premiers ministres qui tentent de résorber la dette de la France ? En tout cas, Matthieu de La Rüe du Can, missionné pour gérer la dette IT de la Cnav (Caisse nationale d'assurance vieillesse), bénéficie de son côté d'une certaine stabilité. Même si le sujet pré-existait naturellement, c'est en 2020 que la DSI de l'organisme public place Matthieu de La Rüe du Can à la tête d'un programme dédié de « résorption et de maîtrise durable de la dette IT ».

Pour mesurer sa dette IT, la CNAV a recours alors à sa propre méthodologie, basée sur la construction d'un radar évaluant le niveau d'endettement d'une application selon différents axes : couverture du besoin, architecture applicative, infrastructure technique, qualité des développements, simplicité d'exploitation... Sur chacun de ces axes, l'application reçoit une note allant de 1 à 4, permettant d'identifier les facteurs alourdissant la dette. « Dès qu'un axe affiche une note inférieure à 3 sur 4, on considère qu'il s'agit d'une non-conformité, précise Matthieu de La Rüe du Can, qui est rattaché à la directrice de la stratégie et du pilotage SI. Nous travaillons ensuite avec les équipes applicatives sur des actions de remédiation, mais en ne gardant que celles qui ont un ROI. »

175 applications passées au crible

A ce stade, le travail d'évaluation initial du très large parc applicatif de la CNAV (comprenant plusieurs centaines de systèmes) n'est pas encore totalement achevé, mais 175 applications classées comme essentielles et vouées à perdurer possèdent déjà leur radar et sont entrées dans une phase de mise à jour annuelle de cette évaluation initiale.

Basées sur des questionnaires complétés avec les équipes applicatives, via un atelier organisé avec chacune d'elle une fois par an, auxquels viennent de greffer des informations issues d'un équivalent de la CMDB, les évaluations permettent aussi d'estimer le niveau d'endettement de la DSI selon différents axes et niveaux de détail, « d'un composant technique spécifique jusqu'à une agrégation au niveau du domaine SI métier dans sa globalité », dit Matthieu de La Rüe du Can. Un reporting indispensable pour le pilote du programme relatif à la dette, qui présente chaque année l'évolution de la dette technique devant la direction générale de l'organisme. Car le sujet est inscrit dans la Convention d'objectifs et de gestion (COG) 2023-2027, passée entre l'Etat et l'organisme : sur la période, la CNAV doit passer de 30 à 70% de conformité sur les applications pérennes. « Actuellement, nous approchons des 50% de conformité ; nous sommes sur la bonne trajectoire et le challenge va être d'aller au-delà. Il faut maintenir la mobilisation des équipes », souligne Matthieu de La Rüe du Can.

PublicitéUn budget dédié

Pour ce dernier, le programme qu'il pilote va toutefois au-delà de ce seul indicateur : « il couvre à la fois des questions de qualité de développement et de maîtrise des coûts récurrents, dit-il. Le champ d'action s'étend de la dette technologique dans les applications Legacy aux questions que soulèvent les logiciels du marché, sujet sur lequel nous engageons actuellement une démarche d'optimisation. » S'y ajoute le suivi des applications vouées au décommissionnement, sur lesquelles le programme conduit des opérations de sécurisation permettant d'en assurer l'exploitation avant leur date de retrait effectif.

Pour assurer sa mission, le programme de résorption et de maîtrise de la dette IT dispose de son propre budget, « qui permet souvent de financer la première remise à niveau », souligne Matthieu de la Rüe du Can. La suite relevant du MCO. « Un responsable de programme résorption de la dette suit la bonne exécution des projets que nous finançons », précise-t-il. Pour ces actions, le programme dispose d'une enveloppe d'environ 5 000 jours homme, soit quelque 3% du budget de la DSI de la CNAV.

« Tous impactés par la dette »

Réduire la dette - et éviter d'en recréer - suppose évidemment l'implication des équipes applicatives et au-delà. « Chez nous, elles se sont très vite mobilisées sur le sujet, car que l'on parle des exploitants, des développeurs ou des testeurs, tous sont impactés au quotidien par le sujet de la dette. Soit parce qu'elle crée des incidents en production, soit parce qu'ils ont affaire à du code ancien non documenté, soit parce qu'ils testent des composants qui, en réalité, ne servent plus », détaille le chargé de mission dette IT de la CNAV. Selon ce dernier, qui se souvient encore des nombreux participants au premier webinaire sur le sujet, la réduction de la dette mobilise, car elle embarque des volets liés à la RSE - via la limitation des ressources utilisées - et à la qualité de vie au travail.

« Mais il faut savoir rester en visibilité sur la durée, prévient toutefois Matthieu de La Rüe du Can. Car il s'agit d'un sujet transverse qui n'est pas la principale préoccupation des équipes au quotidien. Maintenir une communication régulière sur les enjeux est essentiel. » Au sein de la CNAV, une grand-messe annuelle sur la réduction de la dette, qu'ouvre Véronique Puche, la DSI, assure cette mise en lumière. Le chargé de mission insiste également sur la sanctuarisation des moyens dédiés, afin d'éviter d'entrer en concurrence avec les feuilles de route des différents métiers. Et, plus encore, sur le dialogue permanent avec ces derniers - notamment via les instances de gestion des SI organisées chaque mois domaine par domaine - pour parvenir à définir des lots technico-fonctionnels, embarquant à la fois nouvelles fonctionnalités et mises à niveau technologiques. « Les privilégier coûte moins cher, car on mutualise gagne sur les certains coûts de tests, indique Matthieu de La Rüe du Can. Le programme de résorption de la dette doit donc savoir profiter des opportunités qui se présentent, par exemple pour tirer parti de la disponibilité d'une équipe ou lancer des chantiers qui n'étaient pas forcément anticipés jusque-là. »

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