Les stratégies cloud, freinées par la géopolitique, mais dopées à l'agentique
PublicitéMême si la tendance se faisait déjà sentir l'an dernier, 2025 a représenté un point d'inflexion pour le cloud. Des enjeux légaux et des tensions géopolitiques se sont ajoutées aux défis technologiques et financiers. En conséquence, les entreprises et administrations révisent pour beaucoup leur stratégie avec du cloud hybride, du cloud privé, du multicloud ou encore des services managés. Pour autant, elles continuent d'investir et augmentent même leurs budgets. C'est ce que révèle une étude PWC sur le sujet, menée cet été auprès d'entreprises de la région EMEA (lire l'encadré méthodologie), dont plus de la moitié situées en Europe. Comme le précise le cabinet de conseil, le cloud n'est plus seulement un choix technologique, il « est devenu un levier stratégique pour la résilience, la conformité et la compétitivité », et qui plus est, le support indispensable du développement des stratégies d'IA agentique.
La quasi-totalité des organisations (94%) prévoient d'adapter et d'étendre leur architecture et leur couverture cloud pour passer à l'échelle, pour être plus flexible ou pour des raisons de souveraineté. Pour beaucoup, via le multicloud ou des solutions réputées souveraines pour certains usages. En effet, plus de 4 organisations sur 5 (82%) interrogées dans l'étude adoptent désormais une approche cloud conditionnée par les changements géopolitiques et réglementaires. Première conséquence, l'adoption massive du multicloud, dans 4 organisations sur 5 (79%), pour des raisons de flexibilité et d'accès aux fonctions les plus expertes, mais aussi de résilience.
Manque de compétences, régulation et géopolitique
La complexité accrue de ces stratégies et des décisions associées contribue aussi au niveau de maturité face au cloud. 80% des répondants jugent leur organisation moyennement ou hautement mature, soit 16 points de plus qu'en 2023. 86% des décideurs comptent augmenter leur budget cloud, soit un bond de 13 points. Ils ne sont plus que 20% aujourd'hui, contre 36% en 2023, à s'estimer peu matures. L'étude note néanmoins que seuls 5% ont généralisé à l'ensemble de leur activité le déploiement des grands projets cloud : modernisation de l'existant, adaptation du modèle opérationnel, modernisation de l'architecture data pour des analytics cloud native, stratégie multicloud et développement d'applications natives. Les deux premiers recueillant séparément les suffrages les plus importants, avec près de 40% de réponses.
Comme pour d'autres environnements, un des freins majeurs au développement du cloud vient du déficit de compétences internes adaptées, selon PWC, ce qui conduit nombre d'organisations à se tourner en particulier vers des services cloud managés. Mais les stratégies cloud se heurtent aussi à des défis partiellement ou totalement exogènes, comme la protection des données personnelles et la cybersécurité (50%) ainsi qu'à l'évolution de la législation en général, et sur le cloud en particulier (42%). Et au RGPD, à NIS2, à Dora, au Cyber Resilience Act ou à l'AI Act européen s'ajoutent des initiatives de cloud souverain, comme en France ou en Allemagne, et les exigences associées. La souveraineté est d'ailleurs listée parmi les critères de décision associées au cloud, pour la quasi-totalité des répondants, même si seuls 37% d'entre eux font appel à un cloud souverain. Les autres préférant le multi cloud public (79%), les services managés (50%) et le cloud privé hébergé (48%). Autres obstacles exogènes à l'avancement des stratégies cloud : l'évolution permanente et rapide des technologies (42%) et du marché (41%).
PublicitéUn support indispensable pour le développement de l'agentique
Enfin, selon PWC, il est un phénomène qui affleure, mais va jouer un rôle majeur dans les décisions stratégiques cloud : l'émergence de l'agentique. Cette dernière a fait de l'IA non plus une préoccupation périphérique, mais le moteur même de l'innovation dans le cloud. Il « offre l'échelle, la connectivité et la puissance de calcul dont l'agentique a besoin - afin que les organisations puissent déployer des systèmes autonomes à grande échelle et libérer de nouvelles efficacités, précise le rapport de PWC. De l'entraînement de modèles massifs à leur déploiement dans des systèmes opérationnels réels, le cloud est la couche habilitante des systèmes autonomes. Sans cloud, l'IA agentique resterait expérimentale. Avec le cloud, elle est prête pour l'entreprise et le déploiement à travers différentes zones géographiques ».
Si moins d'un tiers des répondants déploient déjà des projets d'agentique, 38% la testent déjà et surtout, 86% en font un critère décisif au moment du choix de leurs fournisseurs de cloud. Elle est aussi la raison la plus citée (38%), devant l'optimisation des couts et la limitation des risques et la résilience, lors d'une décision de changement d'architecture cloud.
Article rédigé par
Emmanuelle Delsol, Journaliste
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