L'Amiad met l'IA du ministère des Armées en ordre de marche
À l'occasion du salon Big Data & IA 2025 à Paris, le 2 octobre, le directeur du pôle recherche de l'Amiad a rappelé les enjeux opérationnels et politiques de l'IA. Avec un supercalculateur flambant neuf et une équipe en croissance, l'Agence va déployer à l'échelle GenAI et IA générale.
PublicitéCréée le 8 mars 2024, l'Agence ministérielle pour l'IA de Défense (Amiad) est chargée de « la promotion de l'IA en production et de son insertion dans la vie quotidienne des opérations ». Comme l'a précisé le directeur de son pôle recherche, Michaël Krajecki, à l'occasion du salon BigData & IA 2025, à Paris, le 2 octobre, avec les data, le supercalcul et les expertises à disposition sont ses enjeux principaux. Et ce, d'autant que les besoins auquel l'IA peut répondre au ministère des Armées sont nombreux.
À commencer par la nécessité de disposer de synthèses d'informations dans un temps très court, mais sans concessions sur leur véracité, comme le raconte Michaël Krajecki. « La GenAI permet d'industrialiser justement dans un temps restreint la production de documents de synthèse, avec un bon premier niveau de qualité. Mais il est indispensable de laisser les sachants dans la boucle. » Autrement dit, les humains doivent absolument rester impliqués dans le contrôle des résultats, mais il faut aussi laisser en permanence sa place à la responsabilité du commandement, caractéristique du fonctionnement des armées. Pour l'ensemble de ses effectifs, le ministère a aussi déployé un chatbot à base de GenAI, interne et sécurisé. Il n'est ainsi pas connecté à Internet pour un bon niveau de confidentialité.
IA en opération, embarquée et au quotidien
Au-delà de ces exemples concrets et presque évidents d'usage de l'IA générative, l'agence ministérielle a identifié trois grandes catégories d'applications d'IA pour le ministère. Les opérations et tout ce qui relève du commandement, de la logistique, du renseignement, pour commencer, avec de l'aide à la décision ou de la protection cyber, par exemple. L'IA embarquée, ensuite, avec des capteurs pour les systèmes d'armes, pour de la détection et de la reconnaissance ou encore de la protection collaborative. « Dans cette catégorie d'applications, nous avons de forts enjeux de frugalité, c'est-à-dire d'apprentissage avec une donnée rare et de déploiement de solutions avec des architectures très efficaces et une très faible emprise mémoire », insiste Michaël Krajecki. Enfin, dernière catégorie d'applications, ce que le directeur du pôle recherche qualifie d'IA du quotidien avec des outils « maîtrisés et souverains » au service des 250 000 employés du ministère pour les finances, les RH, la gestion des infrastructures, etc.
Un des enjeux majeurs du déploiement de l'IA par le ministère, le besoin de puissance de calcul, a été pris en compte dès la création de l'Amiad, avec l'annonce concomitante de la construction d'un équipement dédié sur le Mont Valérien, dans les Hauts-de-Seine. Inauguré durant l'été 2025, le supercalculateur Asgard est un « équivalent du Jean Zay de la recherche publique, à ceci près qu'il n'est pas connecté à Internet, mais à un réseau secret défense, décrit Michaël Krajecki. Il compte un millier de GPU Nvidia et est opéré par des agents habilités au secret de la Défense nationale ».
PublicitéNe pas laisser l'avantage IA à l'adversaire
Reste que, comme nombre d'organisations, pour accompagner le passage en production de l'IA à l'échelle, Michaël Krajecki rappelle que le ministère a aussi besoin d'expertises. Ainsi, l'Amiad, qui comptait 60 personnes dans ses rangs à sa création, en emploie environ 200 aujourd'hui et vise un effectif de 300 personnes d'ici à fin 2026. 30 chercheurs du pôle recherche (50 fin 2026) sont hébergés par l'École Polytechnique sur le site de Palaiseau, dans l'Essonne, et l'équipe technique, qui devrait compter 250 ingénieurs fin 2026, est installée à Bruz, en Ille-et-Vilaine.
Enfin, si l'IA répond à des besoins concrets du ministère des Armées, elle est aussi pour lui un enjeu quasi concurrentiel. Avec l'explosion de la GenAI, presque comme n'importe quelle organisation, il ne peut en effet se laisser distancer sur un sujet qui se développe à grande vitesse. Le directeur du pôle recherche de l'Amiad rappelle que ChatGPT a engrangé un million d'utilisateurs en 5 jours, alors qu'il a fallu deux ans à Twitter et 3 ans et demi à Netflix pour arriver au même résultat. L'outil d'OpenAI et sa cohorte de concurrents qui se sont engagés dans son sillage ne cessent de se développer, du point de vue technique autant que marché. Pas question donc, comme le rappelle Michaël Krajecki, de laisser la supériorité à l'adversaire dans cette course technologique dans laquelle la plupart des nations sont engagées. Voire de rester démuni face à une désinformation de plus en plus massive.
Article rédigé par
Emmanuelle Delsol, Journaliste
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