Nouveau cloud ou MCO de l'existant ? Le contrat-mystère de la CNAF avec VMware
La Caisse nationale d'allocations familiales a choisi VCF pour construire ce que VMware présente comme un nouveau cloud privé. Un contrat public dont le périmètre, le montant et la durée restent flous.
PublicitéUn contrat rendu public par un communiqué du fournisseur de technologie, dont... personne ne veut parler plus avant. C'est peu dire qu'une certaine gêne s'est installée après la publication d'un communiqué, le 15 octobre, annonçant la signature d'un contrat unissant Broadcom/VMware et la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF). Après Safran, Bouygues et Euro Information (la filiale technologique du Crédit Mutuel) - trois autres références publiques de VMware -, la CNAF s'est en effet portée acquéreuse de VCF (VMware Cloud Foundation), la suite logicielle du leader de la virtualisation. Le tout pour une durée et un montant non communiqués. Ce qui, pour un contrat public, ne manque pas de surprendre !
Dans un communiqué, l'éditeur explique que l'administration a retenu sa suite pour gérer un « nouveau cloud privé ». Ce choix résulterait à la fois de considérations techniques - simplifier l'exploitation et renforcer la sécurité - et de la volonté d'améliorer l'expérience des allocataires. « La CNAF travaille à automatiser l'attribution des prestations afin que les bénéficiaires reçoivent directement leurs droits, sans démarches administratives complexes », indique notamment le communiqué. Selon l'éditeur, VCF ouvre également la porte à des expérimentations en matière d'intelligence artificielle et d'exploitation d'applications cloud-native à base de conteneurs (via le service d'exploitation de clusters Kubernetes inclus dans la suite).
D'après une source, la présentation faite par Broadcom de ce nouveau contrat serait toutefois assez flatteuse. Il s'agirait en effet plutôt d'un renouvellement de contrat visant à assurer le maintien en conditions opérationnelles d'une infrastructure virtualisée existante, la CNAF continuant par ailleurs à réfléchir à la diminution du périmètre confié à VMware. Rappelons, depuis son acquisition par Broadcom, le spécialiste de la virtualisation oblige ses clients à acquérir la suite VCF quels que soient leurs besoins réels, ce qui, pour la plupart d'entre eux, se traduit par des coûts largement revus à la hausse.
Broadcom : les clients râlent, les actionnaires bichent
Depuis son rachat de VMware, Broadcom tente d'imposer cette suite complète à la base installée du spécialiste de la virtualisation. En promettant une exploitation simplifiée des cloud privés... contre des factures largement alourdies. Une stratégie qui s'est attirée les foudres d'associations comme le Cigref. Mais qui s'est avérée payante sur le terrain financier. Lors de son troisième trimestre fiscal, clos le 3 août dernier, Broadcom a annoncé un chiffre d'affaires issu de VMware d'environ 6,8 Md$, en hausse de 17% sur un an. Depuis début 2024 - soit quelques semaines après le rachat - la valeur de l'action Broadcom a été multipliée par un facteur proche de 7 !
PublicitéDans un contexte de plus grande vigilance quant à l'indépendance technologique des administrations françaises, le contrat passé par la CNAF avec VMware a suscité l'étonnement du député Philippe Latombe, qui, dans une question au gouvernement, alerte la ministre de la Santé, des familles, de l'autonomie et des personnes handicapées, Stéphanie Rist. Selon le député, ce choix d'un acteur soumis aux législations extra-territoriales serait en « contradiction flagrante » avec les directives gouvernementales.
Sollicitée, la CNAF a décliné notre demande de commentaires. VMware n'a, de son côté, pas donné suite à notre appel dans l'immédiat.
Article rédigé par
Reynald Fléchaux, Rédacteur en chef CIO
Suivez l'auteur sur Twitter
Commentaire
INFORMATION
Vous devez être connecté à votre compte CIO pour poster un commentaire.
Cliquez ici pour vous connecter
Pas encore inscrit ? s'inscrire