France Télévisions ajoute Scaleway à sa panoplie cloud et l'adapte à Kubernetes

Pour doper son indépendance vis-à-vis des hyperscalers, France Télévisions ajoute Scaleway à ses clouds AWS, GCP et Azure. Les deux entreprises codévelopperont l'adaptation du cloud d'Iliad à Kubernetes, utilisé par le groupe média pour son cloud privé.
PublicitéFrance Télévisions a fait de son indépendance vis-à-vis des offreurs de cloud une règle. Le groupe média français dispose de plusieurs plateformes différentes en fonction de ses usages : AWS pour l'hébergement de contenu, entre autres, GCP pour les données, Microsoft Azure pour Office365 et son propre cloud privé développé sous Kubernetes pour certains environnements métier et contenus. Et depuis fin 2024, il a décidé d'ajouter une nouvelle brique à cet écosystème en collaboration avec Scaleway, filiale du groupe Iliad.
Ce cloud hébergera des services encadrant son offre de streaming comme le changement ou l'insertion d'annonces publicitaires à la volée dans les flux événementiels. « Nous pouvons, par exemple, pendant le changement de côté dans un match de tennis, créer une page de publicité personnalisée pour la personne qui regarde, en fonction des autorisations qu'elle aura données, précise Guillaume Postaire, secrétaire général du CTO/CIO de France Télévisions. Nous hébergerons aussi le sous-titrage en français ou en version originale, ou encore l'audiodescription en temps réel pour les personnes sourdes et malentendantes ». Toutes les data sensibles, comme celles des utilisateurs de France Télévisions ou celles liées à sa mission de service public, demeurent sur le cloud privé du groupe.
Propager le stack Kubernetes
« Nous avons développé dès le départ une offre de service sur un cloud privé full open source avec Kubernetes et c'est très important pour nous, précise Heikel Manai, directeur de l'IT transverse et des infrastructures. Avec Scaleway, nous voulions le propager, avec la même stack technologique sur notre cloud privé et chez eux. Chez eux, nous allons héberger tout ce qui est fluctuant, qui "monte" le matin et "descend" le soir. Nous allons aussi y basculer l'observabilité, qui est pour l'instant chez AWS, si possible d'ici à la fin d'année. Avec 160 points de présence en métropole, en outremer et à l'international, nous avons besoin d'une observabilité 24/7 ».
France Télévisions a commencé à travailler avec Scaleway en novembre 2024. Les équipes d'Heikel Manai ont comparé plusieurs hébergeurs et hyperscalers, dont OVH par exemple, et ont trouvé, selon lui, à peu près les mêmes points forts chez tous. « Ce qui nous a séduits avec Scaleway, ajoute-t-il cependant, c'est qu'ils ont complètement développé leur cloud et maîtrisent toute la stack ». Par ailleurs, la filiale d'Iliad a rapidement collaboré avec les équipes de France Télévisions au point de codévelopper avec elles des évolutions du système pour s'adapter aux besoins de l'audiovisuel public. « Quand nous avons commencé à travailler avec eux, il ne leur manquait que le driver pour instancier notre cloud privé Kubernetes chez eux, raconte Heikel Manai. Ce dont tous les hyperscalers américains disposent par ailleurs. Mais Scaleway nous a ouvert son code en quelque sorte, au sens où nous avons travaillé ensemble à résoudre le problème ».
PublicitéCodéveloppement de la couche basse
Le groupe média est devenu client du cloud Scaleway, mais, dans le prolongement de ce premier codéveloppement, les deux entreprises ont aussi établi un partenariat en trois volets pour poursuivre leur collaboration. Le premier volet consiste justement à participer aux développements du fournisseur autour de Kubernetes. « Dans les limites des moyens de France Télévisions, bien sûr, précise Heikel Manai. Nous ne mettrons pas 50 développeurs sur le sujet, mais nous participerons de manière active, pour les tests par exemple ». Le codéveloppement avec Scaleway permet aussi au groupe média de consommer directement les services de l'hébergeur via un droit d'usage et sans nécessité de repasser par un marché public. France Télévisions a monté un premier cluster Kubernetes chez Scaleway en mars, commence à basculer depuis juin et va présenter officiellement la feuille de route de ses développements avec l'hébergeur français mi-juillet. Les six experts de l'équipe plateforme et cloud de France Télévisions, qui dépend d'Heikel Manai, suit l'évolution de celle-ci toutes les deux semaines directement avec les équipes de Scaleway.
Le deuxième volet du partenariat réside dans le développement d'une solution de cloud pour les éléments d'enrichissement du streaming, comme l'autodescription. Aujourd'hui, France Télévisions utilise Amazon Elemental sur AWS, une infrastructure et des services cloud pour la création et la diffusion de contenu multimédia conçue à l'origine par Amazon pour son propre service de streaming Prime.
Hébergement de la GenAI
Enfin, le 3ème volet du partenariat avec la filiale d'Iliad concerne la GenAI. Le groupe média a développé une plateforme data, puis une plateforme d'IA interne et sécurisée à destination de ses 9 000 employés. Déployée en avril 2025, avec une interface classique de chatbot de GenAI, Mediagen donne aux utilisateurs un accès à 4 LLM : Mistral, ChatGPT, Gemini et Claude. Toujours dans l'optique de garder l'indépendance de l'entreprise vis-à-vis de ses fournisseurs, l'équipe d'Heikel Manai a développé une stack au-dessus de ces LLM pour en ajouter facilement un nouveau si nécessaire. « De plus, nous voudrions héberger de la GenAI chez Scaleway, toujours sur notre base Kubernetes. Cela nous donnerait aussi de la souplesse sur l'accès aux GPU, car nous avons de plus en plus besoin de puissance de calcul ». En résumé, France Télévisions dispose de trois couches sur lesquelles il travaille avec Scaleway. « La conteneurisation Kubernetes 100% open source et au-dessus, soit une couche d'IA, soit une couche applicative de streaming ».
« Nous n'allons pas quitter les hyperscalers américains, tempère Heikel Manai. Ce que nous souhaitons, c'est nous baser sur une offre open source pour être totalement indépendants et souverains. ». Guillaume Postaire confirme : « L'idée n'est pas de quitter les Américains, car ils sont très pertinents technologiquement, mais de se créer d'autres pistes. Et si, demain, nous devons nous séparer d'un de leurs hyperscalers parce qu'il y a un problème, nous pourrons le faire. Dans l'immédiat, si Scaleway a une offre intéressante pour le streaming, l'idée n'est pas de quitter AWS pour autant, mais d'avoir une partie chez chacun d'eux ».
Multisourcing et souveraineté
Ce choix du multisourcing s'étend au-delà des seuls hébergeurs. « Nous regardons les alternatives partout. Nous en cherchons pour VMware, par exemple, explique Heikel Manai. Nous avons la même histoire que Michelin et, comme pour eux, Kubernetes pourrait être une solution pour nous ». A cela s'ajoute la volonté pour un acteur du service public de se tourner autant que possible vers des fournisseurs français, ou au moins européens. « Même si nous n'échappons pas à Adobe ou à Microsoft, quand nous le pouvons, nous choisissons des solutions européennes, insiste Guillaume Postaire. Dalet, notre PAM [production asset management] pour la fabrication des programmes, est français ; Mediagenix, notre gestion de l'antenne, est belge ; notre système de fabrication des informations Openmedia est canadien, mais d'origine allemande ». Cette volonté d'amener de la technologie européenne dans le portefeuille du groupe constitue une autre raison du choix de Scaleway.
Article rédigé par

Emmanuelle Delsol, Journaliste
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