Stratégie

Numérique responsable : SNCF Connect & Tech face aux ruptures du cloud et de l'IA

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La filiale technologique de la SNCF a adapté sa politique de numérique responsable à sa transition massive sur le cloud d'AWS. Et doit aujourd'hui l'amender pour intégrer l'IA.

PublicitéAu sein de SNCF Connect & Tech, les prémisses de la politique numérique responsable remontent à 2018, après les premiers rapports du Shift Projet (think tank qui réfléchit à une économie libérée de la contrainte carbone), comme l'explique Benjamin Demonet, product owner et référent numérique responsable au sein de la filiale du groupe SNCF. « Ces rapports ont suscité beaucoup de débats, notamment en interne », indique-t-il. Après un hackaton, un premier outil, à base de briques Open Source, voit le jour pour donner à chaque équipe de développement l'impact de son application, en termes de CO2, d'énergie et de consommation d'eau. « Ce projet a permis de bâtir un premier lien entre applications et consommation d'énergie dans nos datacenters. La démarche d'entreprise est née de là », raconte le référent numérique responsable.

La mise en oeuvre de cet outil permet notamment aux équipes de mesurer l'impact environnemental de la charge. « Lors des pics de trafic, par exemple consécutifs aux annonces présidentielles lors du Covid, nous pouvions constater des multiplications par 2 ou 3 de la consommation d'énergie », dit le Product Owner. Une prise de conscience des constantes physiques indissociables du numérique. Selon Benjamin Demonet, sans optimisation, une charge multipliée par 2 se traduit ainsi par une consommation d'énergie qui bondit d'un facteur 5 !

Les insuffisances de la calculette AWS

La migration sur le cloud d'AWS, achevée en 2021, marque une première rupture. « Au début, cette transparence sur les émissions n'avait pas été identifiée comme un besoin client par les acteurs du cloud », souligne Benjamin Demonet. Peu à peu, SNCF Connect & Tech voit toutefois des calculettes CO2 apparaître, même si celle-ci restent incomplètes (ne descendant pas en particulier jusqu'aux émissions indirectes du Scope 3). « Nous nous basons sur la console AWS pour le calcul des Scope 1 et 2 et utilisons les ressources de l'association Boavizta pour le Scope 3, qui représente environ 2,5 fois le total des deux premiers périmètres », précise Mathilde Lecompte, la responsable RSE de SNCF Connect & Tech.


Benjamin Demonet, product owner chez SNCF Connect & Tech : « Nous cherchons à avoir un référent numérique responsable par équipe de développement ». (Photo : SNCF Connect & Tech)

En 2023, le bilan environnemental de SNCF Connect & Tech représentait 11 000 tonnes de gaz à effet de serre (GES). En 2024, ce total va augmenter, même si les chiffres définitifs ne sont pas encore disponibles. « Mais les émissions liées à l'hébergement sont, elles, en baisse grâce à une somme d'actions », souligne la responsable RSE, qui porte notamment les efforts visant à l'obtention de la labellisation numérique responsable niveau 2 de l'entreprise. Notons qu'à cette part liée aux infrastructures cloud - soit 7 à 8% du total du bilan carbone de l'entreprise - s'ajoute celle relative aux usages du site et de l'application. Soit environ le double. Via la mesure d'audience, SNCF Connect & Tech a, sur ce terrain, identifié les parcours les plus fréquents afin d'en estimer l'impact avec l'appui d'un partenaire, l'éditeur nantais Greenspector.

PublicitéUn tableau de bord commun avec le FinOps

Si le cloud rend la démarche de numérique responsable de la filiale de la SNCF tributaire des efforts d'AWS - « et ce prestataire donne à penser qu'il fait des efforts réels en la matière », assure Mathilde Lecompte -, il permet aussi de la rapprocher du nerf de la guerre : les budgets. « Notre spécialiste FinOps a mis en place une transparence sur les coûts, via un tableau de bord qui permet aux équipes de savoir combien elles dépensent, indique Benjamin Demonet. Nous y avons ajouté un onglet supplémentaire donnant des estimations des émissions de CO2 et de la consommation d'énergie. »


Mathilde Lecompte, responsable RSE de SNCF Connect & Tech : « Des discussions sont en cours pour réellement intégrer la RSE à notre politique d'IA ». (Photo : SNCF Connect & Tech)

Des visualisations qui servent de socle à l'animation du sujet au sein des équipes internes. « Nous cherchons à avoir un référent numérique responsable par équipe pour assurer cette animation, reprend le product owner. L'idée consiste, par exemple, à profiter des cérémonies agiles pour identifier les leviers d'optimisation. » Au sein de SNCF Connect & Tech, le passage au serverless a notamment permis de réduire la consommation d'énergie et les émissions de GES ; « cela va dans le sens de la mutualisation des ressources », souligne Benjamin Demonet.

Mesurer l'impact de l'IA

Si les deux responsables assurent ne pas constater de baisse d'intérêt pour le sujet, ils sont aujourd'hui confrontés au défi de l'IA et de ses applications très énergivores. « Des discussions sont en cours pour réellement intégrer la RSE à notre politique d'IA », indique Mathilde Lecompte, qui souligne le besoin de bien comprendre les enjeux de cette technologie en matière d'emploi, de consommation d'énergie et de compétitivité. Et la nécessité d'y associer une mesure environnementale permettant de réaliser des arbitrages. « Ce n'est pas forcément évident à ce stade », ajoute la responsable, qui souligne le lancement de premières initiatives en la matière (par Ecologits.ai ou HuggingFace). Bref, une politique à remanier comme lorsque SNCF Connect & Tech avait migré sur le cloud.

En complément :
- Emmanuel Thys, SNCF Connect & Tech : « Être 100% cloud permet de se concentrer sur la qualité »

Article rédigé par

Reynald Fléchaux, Rédacteur en chef CIO
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