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La Compagnie des Alpes négocie un virage serré vers le cloud

La Compagnie des Alpes négocie un virage serré vers le cloud
La migration de la Compagnie des Alpes vers AWS concerne pas moins de 765 applications aujourd'hui présentes sur ses domaines skiables ou dans ses parcs de loisirs. (Photo : Clément Delhaye / Unsplash)

Pour harmoniser ses systèmes d'information déployés en stations et sur ses parcs d'attractions, le groupe de loisirs se tourne vers le cloud public. Avec l'ambition, en parallèle, de réduire très largement ses besoins en matière de salles informatiques locales.

PublicitéRénover et harmoniser les systèmes d'information déployés en stations et dans les parcs de loisirs. A la tête de 8 grands domaines skiables dans les Alpes françaises (Les Arcs, Tignes, Val d'Isère, Serre Chevalier) et de 12 parcs d'attractions (Parc Astérix, Futuroscope...), la Compagnie des Alpes s'est lancé dans un programme de modernisation de ses systèmes d'information, une initiative qui repose sur le cloud d'AWS. « Notre programme de move-to-cloud a démarré par la vente en ligne et nos plateformes de e-commerce, raconte Emmanuel Viennot, DSI et responsable du digital de cette entreprise de plus de 4300 personnes née en 1989. Nous avons démarré des développements dans une logique cloud-native depuis 3 ou 4 ans, ce qui a permis aux équipes de se faire la main sur ces environnements. »

D'autant plus nécessaire que le second volet du programme est plus ambitieux. Il s'agit tout simplement de remplacer les applications legacy déployées en stations, puis sur les parcs de loisirs, et de réduire les besoins en hébergements locaux afin de supporter ces applicatifs. « Pour l'activité dédiée au ski, nous avons choisi de refondre l'ensemble de nos applicatifs client : la billetterie B2C et B2B, le contrôle d'accès, les logiciels utilisés sur nos caisses et nos automates... », détaille le DSI. Avec un choix affirmé : celui de construire sa propre infrastructure logicielle (avec l'appui de Capgemini, pour le développement, et de l'agence web Coreoz, pour l'UX), sur laquelle doit venir se connecter le matériel déployé en stations. « Et nous reprenons également 100% du parc déjà en place. Le logiciel ne doit pas nous amener à changer notre matériel », reprend Emmanuel Viennot, dont un des objectifs vise précisément à casser l'interdépendance entre matériels et logiciels, dans un monde jusqu'à présent dominé par des éditeurs spécialisés qui imposaient leurs propres machines. Lancée à l'été 2022 à Serre-Chevalier, la campagne de déploiement s'achève à la fin de la saison hivernale 2023. « Même s'il n'existe pas de stratégie de bascule uniforme, tempère le DSI. Car chaque station possédait sa propre solution et a la capacité de choisir son propre rythme de déploiement. »

Le cloud adapté à la saisonnalité de l'activité

Derrière cette rénovation applicative, le dirigeant IT a également en ligne de mire la consolidation de ses salles machines. « Auparavant, chaque station ou parc possédait ses propres infrastructures d'hébergement on-premise, souvent réparties sur deux salles, couplées à un plan de reprise d'activité. Mais les niveaux étaient assez hétérogènes et les approches adoptées avaient tendance à dater. De toute façon, je ne voulais plus m'occuper de cette activité », relève Emmanuel Viennot. L'ambition de la Compagnie des Alpes ? Migrer l'ensemble de ces salles serveurs sur AWS, même si des environnements locaux subsisteront, comme ceux supportant la vidéosurveillance pour laquelle le cloud n'apporte rien. « Mais toutes les applications métiers qui échangent peu de données, et qui sont soumises à des logiques de gestion de charges, ont vocation à rejoindre le cloud », note le DSI. D'autant que, par définition, les deux activités de l'entreprise de loisirs - le ski et les parcs d'attractions - sont fortement cycliques et peuvent donc bénéficier des ajustements de capacités à la hausse comme à la baisse qui caractérisent le cloud public.

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Emmanuel Viennot, Chief digital and information officer de la Compagnie des Alpes.

Malgré ce constat, Emmanuel Viennot n'inscrit pas son projet de migration vers le cloud dans une logique budgétaire. « Avant tout, il s'agit d'améliorer la sûreté de fonctionnement », assure-t-il. D'autant que, comme le reconnaît le DSI, rentrer dans une logique de comparaison à l'euro près serait difficile, le coût de fonctionnement des salles informatiques réparties en stations ou sur les parcs d'attractions recelant de nombreux coût cachés. Par ailleurs, les gains issus du décommissionnement d'anciennes applications ne se révèleront que dans un second temps. « Pour l'instant, notre projet de migration consiste à déplacer l'intégralité de nos 765 applications recensées. L'optimisation de notre parc applicatif n'est pas la priorité, ni d'ailleurs le replatforming de ces applications, car nombre d'entre elles sont issues d'éditeurs travaillant sur des concepts d'architecture aujourd'hui dépassés », reprend Emmanuel Viennot pour qui la mutation vers des architectures modernes permet aussi d'accompagner la transformation de l'activité d'un groupe qui vise le demi-milliard d'euros de chiffre d'affaires sur ses plateformes d'e-commerce en 2030.

Le déploiement continu face à la logique de la saison

La mutation vers les architectures cloud amène aussi de nouvelles pratiques au sein de la DSI (120 personnes environ). « C'est une nouvelle culture pour l'informatique bien sûr, mais également pour les métiers, qui avaient l'habitude de réfléchir en saisons et à ne rien modifier durant le pic de l'activité. Ce qui est totalement contraire à la logique CI/CD que nous avons déployée pour l'ensemble de nos nouveaux développements. Sur ce sujet, nous avons pu rassurer les métiers notamment via l'automatisation des tests, explique le DSI. Par ailleurs, nous savons faire preuve de discernement en évitant les améliorations fonctionnelles massives durant la pleine saison. »

La prochaine étape pour la DSI du groupe de loisirs ? Accélérer sur l'exploitation de la donnée à l'échelle de l'ensemble des métiers, en s'appuyant sur le socle cloud. Si le sujet est d'ores et déjà porté par le marketing sur les enjeux de connaissance clients (le groupe enregistre 20 millions de clients par an environ), Emmanuel Viennot souhaite maintenant progresser dans la définition de KPI communs, dans la gouvernance de la donnée, dans la construction d'une plateforme unique tout en garantissant l'autonomie des métiers en matière de dataviz. « L'objectif est d'amener plus de valeur aux métiers, en se déployant dans une logique cloud », résume le chief digital and information officer.

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