Tribunes

L'entreprise numérique devient-elle mobile et sociale ?

L'entreprise numérique devient-elle mobile et sociale ?

Le développement numérique créé des entreprises numériques et des usages numériques. Les conséquences bouleversent notre quotidien.

PublicitéL'entreprise numérique devient-elle mobile et sociale ? A en croire usine-digitale.fr (Nora Puggi, 01 janvier 2014), « le mobile, les machines intelligentes, la génétique, sont au centre » de l'intervention de Google et de ses prédictions pour 2014. Le Big Data et les machines connectés intelligentes envahissent notre univers quotidien.

Selon la même source, la « grande inconnue » est « la génétique personnalisée » qui pourrait même permettre de « créer des découvertes l'année prochaine dans le traitement du cancer et des diagnostics ». On ne peut que s'en réjouir. De son côté Google Glass permet de réaliser une première en Europe dans le domaine, encore une fois, du bien-être et de la santé. C'est l'exploit réalisé par le centre hospitalier privé Saint-Grégoire, en Ile et Vilaine. Selon franceinfo.fr (16 février 2014), le Dr Philippe Collin a pu effectuer une intervention de chirurgie en liaison avec le Japon avec Google Glass. Il s'agit d'une nouvelle application de « réalité augmentée » dans une organisation « sociale » qu'est l'hôpital étendu. Nos yeux peuvent donc être télétransportés à l'autre bout du monde de telle sorte qu'un correspondant situé à plus de 10.000 km puisse voir une réalité comme nos yeux situés en France. Le marché de l'Immortalité est au bout du chemin...

Les solidarités s'auto-organisent. Par exemple, la géolocalisation permet de « sauver des vies et construire un monde plus solidaire » (Voir http://www.mysosnetwork.com/). Ainsi, dans les situations d'urgence (accident, maladie, risques divers, ...), un ange gardien de proximité (un des volontaires adhérents relié au réseau et averti sur son mobile) se mobilise le plus rapidement possible suite à une simple pression du doigt de la personne en difficulté sur son propre smartphone. A en croire mySOS news du 18/01/2014, il y aurait « déjà plus de 20.000 anges gardiens mySOS à travers la France en moins d'un mois ».

Les machines intelligentes et communicantes s'intéressent à nous mais sonnent le glas de la vie privée (« L'intimité bradée », Balantzian, Le Monde Informatique, 2001). Nous sommes tous fichés et l'individu qui sera demain anormal est celui qui préférera rester déconnecté et aux abonnés absents dans les réseaux sociaux. Nous savons qu'il est possible de s'immiscer dans l'intimité d'un individu, c'est-à-dire en chacun d'entre nous, et y détecter ses préférences existentielles, ses passions, ses émotions. Facebook en est, à ce jour, le champion du genre. Nous entendons dire : « On n'a pas le choix». N'avons-nous plus aucun choix ? Un profil d'utilisateur est ainsi tiré de cette capture d'informations, qui peut ensuite servir.

Les chercheurs de leur côté s'investissent dans ce genre d'exploration et la mette en chiffres. Selon Le Dauphiné du 16 février 2014, durant les jeux Olympiques de Sotchi, les ressentis du public furent diffusés instantanément et permirent de constituer des diagrammes de mesure des émotions en tenant compte des différents langages raccourcis et tronqués utilisés via Tweeter ou les SMS sans oublier les réseaux sociaux : « Via social media, they will show in real time what people are feeling during the competitions » (en français : « Via les médias sociaux, ils montreront en temps réel ce que les gens ressentent pendant les compétitions ») (Voir http://actu.epfl.ch/news/sochi-our-tweeted-emotions-decrypted-in-real-time/).

PublicitéDans le même temps, (...)



Dans le même temps, des milliers de vidéos sont postés sur YouTube représentant des événements insignifiants (un retard de départ d'avion, puis un plat de spaghetti dégusté à l'aéroport,...). Par exemple, des jeunes ont arrêté un TGV, à en croire L'Express.fr du 3 Février 2013, car « ils voulaient voir s'ils étaient capables d'arrêter un train, ils rigolaient et se prenaient en photo ». En 1963, ceux qui ont arrêté le train Glasgow-Londres avaient d'autres motivations... Ces vidéos sont pourtant visionnées par des dizaines de milliers d'internautes qui y trouvent une signification. L'infobésité fait du web collaboratif un espace « signifiant » pour les uns, et un dévidoir plein de vide pour d'autres qui recherchent des productions plus louables (Mooc, entre-aide, pédagogie inversée, partage d'idées inspirantes, réseaux professionnels et co-création de valeur responsable par région, ...). La législation évolue en matière de règles de protection des données personnelles mais l'harmonisation internationale sera longue et si l'asymétrie persiste dans ce domaine, il restera encore de la place pour toutes les dérives.

Le malaise ressenti par les entreprises, malgré les opportunités du numérique, se pose sur un fonds de mobilité croissant des salariés et de l'emploi. Cette grande transformation fait que les métiers de conception, production et de diffusion d'information sont impactés en profondeur. Prenons l'exemple de la presse. A en croire lefigaro.fr (8 02 2014), sur les difficultés du journal Libération : « dans une tribune, les actionnaires indiquent qu'ils souhaitent faire de Libération, en plus d'être un éditeur de presse papier, un «réseau social, créateur de contenus, monétisable sur une large palette de supports». Dans cette optique, le siège parisien du journal pourrait être transformé en «espace culturel», et la rédaction transférée dans d'autres locaux ».

Les logiques financières à court terme concernent toutes les entreprises numériques devenues mobiles et supplantent les stratégies à long terme. On nous dit « il faut s'adapter sinon on disparaît ». Les tensions tendent l'ambiance du travail au détriment de l'excellence et de la qualité.

Comme nous le constatons, dans ce monde en pleine transformation, il y a le meilleur et aussi le pire. Mais le meilleur peut parfois cacher le pire, c'est-à-dire masquer son intention de dominer les consciences et de maîtriser les cerveaux après avoir maîtrisé l'information. Chaque clic de milliards d'utilisateurs devenus techno-dépendants et soumis à ces mastodontes planétaires contribue à mieux se laisser cerner, en toute discrétion, et à accepter de manière implicite l'engourdissement de l'action (qui consulte encore aujourd'hui une carte routière papier alors que la « voiture 100% connectée » intègre le GPS ?).

Le système d'information de demain doit tenir compte de cette multitude de réalités dans un univers en accélération (la 4G est à peine mise en place que la 5G se profile déjà à l'horizon). Cet univers sera marqué par des ruptures à la fois brutales, rapides, et violentes. Des postes que nous croyons stables aujourd'hui valseront demain. Un manager devra-t-il devenir un leader ? Les mastodontes font en effet l'histoire en affirmant qu'ils veulent sauver le monde, et force est de constater que « l'entreprise numérique et sociale » n'est pas, pour l'instant, un sujet sur lequel les partenaires fournisseurs ont envie de prendre la parole.

Il est devenu urgent de (...)



Il est devenu urgent d'élaborer tous ensemble, en mode auto-organisé, entreprise par entreprise, un plan d'action clairvoyant éclairé par toutes ces innovations et leurs conséquences. En étant épris d'un but ultime qui reste à être précisé par ce collectif mobilisé, l'avenir pourrait nous appartenir et nous pourrions alors devenir des partenaires avisés de ces mastodontes qui ont l'énorme avantage d'avoir doté internet d'une puissance d'action jusqu'ici inégalée depuis 100.000 ans. Ces nouveaux rapports entre les mastodontes, l'entreprise et la foule posent la question de régulation de la circulation de l'information, son partage et sa maîtrise, et par voie de conséquence celle de la responsabilité des Métiers et de la DSI.

Ce plan d'action sera présenté la semaine prochaine.

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