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Convaincre les sceptiques de la valeur de l'IT : le rôle clef de tout DSI

Convaincre les sceptiques de la valeur de l'IT : le rôle clef de tout DSI
Dans une analogie avec les années 40, qui notait que les plus grands yachts appartenaient aux conseillers financiers et non à leurs clients, Thornton May souligne le poids de la valeur captée par les fournisseurs IT. (G. Tischler/Unsplash)

Aider les principales parties prenantes à comprendre le processus de création de valeur avec l'IT est essentiel pour éviter de rester cantonné aux analyses post-mortem des projets qui ont dérapé.

PublicitéPour réussir, les DSI doivent être perçus comme des créateurs de valeur. La capacité à décortiquer les différents composants technologiques, processus de gestion et modèles nécessaires à l'optimisation de la valeur métier est aujourd'hui au coeur de toute organisation informatique performante.

La realpolitik d'une carrière au sein de la DSI nous apprend que, au plus profond de l'esprit du conseil d'administration, des dirigeants et des employés, se pose une question subliminale et incessante : chaque dollar investi en informatique génère-t-il bien un rendement positif, voire mieux ?

Pourtant, si la quasi-totalité des acteurs de l'économie numérique sont sceptiques quant à la valeur de l'IT, se demandant constamment si elles offrent suffisamment d'avantages, rares sont ceux qui comprennent réellement la complexité de la recette permettant de donner aux investissements IT leur pleine valeur.

Plus de cinquante ans après les débuts de l'économie numérique, la création de valeur dans ce secteur reste un mystère pour la plupart des acteurs clés. Et avant que vous ne pensiez que la métaphore est exagérée, des DSI reconnus, forts de plus de vingt ans d'expérience et dont la carrière offre de belles perspectives, m'ont confié que la création de valeur dans l'IT ressemble trop souvent à la recette d'une recette complexe de patisserie. Parmi eux, Brian Shield, ancien DSI de l'équipe de baseball des Red Sox de Boston, aujourd'hui chez Safe-Guard Products International ; Mike Coleman, DSI de Phantom Fireworks (distribution de feux d'artifice) ; Kevin Burns, DSI de la ville de Melbourne ; Dennis Reiman, ancien DSI de la Southern Connecticut State University ; ou encore Cheryl Smith, ancienne DSI de McKesson (santé).

Selon ces experts du leadership informatique, il faut souvent accepter de mettre quelque chose au four, puis jeter un coup d'oeil à l'intérieur pour voir à quoi ressemble le gâteau. Sortir du four un gâteau informatique apportant toute la valeur escomptée n'est jamais garanti.

Discuter création de valeur avec les métiers

Les organisations qui tiennent systématiquement leurs promesses en matière d'informatique ont pris des mesures pour lever une grande partie du mystère associé à ce processus de création de valeur. Elles adoptent une gestion de la technologie « sans traduction », au sein de laquelle les dépenses technologiques sont appréhendées en fonction de leur impact sur la qualité du travail, le quotidien des employés et les résultats financiers.

La première étape consiste à dialoguer avec les principales parties prenantes au sein de l'organisation afin de les aider à comprendre l'ensemble du processus de création de valeur informatique. À quand remonte la dernière fois que vous avez assisté à une discussion approfondie et ouverte sur l'origine de la valeur des solutions IT ? Vous avez sans doute été davantage impliqué dans des analyses post-mortem, associées à des émotions négatives, que vous ne l'auriez souhaité concernant des projets informatiques ayant échoué. Il serait fascinant de demander aux différents outils d'IA d'effectuer une analyse sémantique de l'ensemble des conversations informatiques au sein d'une organisation donnée. On y trouverait probablement un pourcentage important de conversations associées à des accusations, à la fuite des responsabilités et à des tournures de phrases de type « aurait pu/aurait dû ». Quel pourcentage des conversations au sein de votre organisation détaillent explicitement les ingrédients de la création de valeur IT et les processus permettant de les combiner ?

PublicitéL'équation brouillée par les fournisseurs

La deuxième étape pour convaincre les sceptiques de la valeur informatique implique ce que j'appelle « l'agence IT », c'est-à-dire la capacité d'un individu à agir de manière indépendante et à faire ses propres choix. On considère qu'un individu possède cette faculté lorsqu'il a le sentiment d'être aux commandes, plutôt que d'être contrôlé par des forces ou circonstances extérieures.

Dans un monde idéal, une agence IT est composée d'un acteur économique - un PDG, un directeur des opérations ou un directeur marketing - qui définit un objectif ou un résultat mesurable. Idéalement, l'organisation informatique élabore ensuite un ensemble de stratégies, de programmes et de budgets détaillant la meilleure façon d'atteindre cet objectif ou ce résultat en utilisant le portefeuille technologique disponible. Mais je ne suis pas certain que quiconque, du côté de la demande - donc des entreprises utilisatrices de technologies -, ait le sentiment d'avoir le contrôle dans cet exercice de valorisation de l'IT. Je crains particulièrement que nous ayons cédé trop de pouvoir aux fournisseurs.

En juillet 2025, neuf entreprises affichaient une capitalisation boursière de 1 000 milliards de dollars. Huit d'entre elles sont des entreprises technologiques. Conclusion : les fournisseurs de technologies, en particulier ceux de l'IA, sont en plein essor. La question que les sceptiques de la valeur informatique devraient se poser est : quelle part de valeur est captée par la demande dans l'économie technologique ?

Des yachts, mais pas pour les clients

Cela me rappelle ce classique de l'investissement de Fred Schwed Jr. Intitulé Where Are the Customers' Yachts (1940). Un visiteur à New York, observant tous les yachts appartenant à des courtiers en bourse et à des conseillers en investissement, se demandé naïvement : « Où sont les yachts des clients ?» L'idée de ce livre est qu'il est bien plus rentable de fournir des conseils financiers que d'en recevoir. L'analogie avec les technologies de l'information est évidente : la fourniture de technologies ne génère-t-il bien plus d'argent/de valeur que son application ?

Vos fournisseurs sont-ils universellement perçus comme ajoutant de la valeur à l'entreprise ou plutôt comme l'inverse ? Chaque contrat de fournisseur informatique ne mériterait-il pas une comptabilisation des bénéfices apportés à l'entreprise avant le dernier paiement de la facture ?

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