Stratégie

DSI d'Accenture : « Il faut refuser d'automatiser un processus inutilement compliqué »

DSI d'Accenture : « Il faut refuser d'automatiser un processus inutilement compliqué »

Franck Modruson est CIO d'Accenture depuis 2002. De passage à Paris début décembre, il décrit l'évolution du rôle du DSI et la montée en puissance des terminaux grand public sur le réseau de son entreprise, iPad en tête.

PublicitéCIO : Quel est l'objectif principal de la DSI d'Accenture en 2011 ?

Franck Modruson : Nous devons suivre le rythme du business. Nous avons enclenché début décembre la mise à jour de notre plan prévisionnel pour les trois ans à venir. Nous allons interroger les patrons des Business Unit d'Accenture afin de savoir où ils veulent que l'IT se renforce. C'est ainsi qu'en 1999, nous avions décidé le basculement de notre informatique sur les solutions de Microsoft - et à l'époque c'était un sacré pari car leur système d'exploitation était Windows NT 4 - et que nous avions décidé d'adopter des serveurs x86 en remplacement de nos systèmes hétérogènes, dont le Mainframe et les AS400. Il fallait avoir la vision de ce que ces nouveaux composants allaient devenir. Aujourd'hui, nous sommes à 100% sur des architectures x86. Nous avons changé nos technologies.

CIO : Que trouve-t-on sur votre feuille de route ?

Franck Modruson : le collaboratif arrive en tête de liste. Nous avons mis en place des outils à base de solutions d'origine Microsoft. Nous avons ainsi créé, il y a deux ans, un réseau social baptisé Accenture People Pages utilisé par 100 000 de nos collaborateurs à la façon de FaceBook pour des informations de type professionnel, comme leurs responsabilités ou leur rattachement hiérarchique. La solution repose sur My Site de Microsoft, qui est un développement autour de SharePoint. Nous avons aussi créé un Youtube interne qui s'appelle Media Exchange. Cette plateforme est issue d'une demande d'un service et nous l'avons ensuite généralisée. Le Marketing s'en sert énormément. La plateforme est ouverte et le marketing était inquiet au début que l'on puisse y accéder ainsi, mais ils y voient désormais de la valeur.  De même, nous développons les communications vidéo.

CIO : Comment mettez-vous en place les communications vidéo ?

Franck Modruson : Le PC devient la fenêtre sur Accenture. Nous utilisons la solution de communication OCS (Office Communications Server) de Microsoft pour la téléphonie et la vidéo, de bout en bout. Nous généralisons les communications vidéo. Nous avons pris la décision de créer un réseau unifié voix-données-vidéo en 2006. Le déploiement a eu lieu entre 2007 et 2008. Nous utilisons les webcams qui sont présentes sur les PC pour les vidéo conférences. Nous avons environ 50 000 postes équipés. Nous abandonnons les téléphones IP traditionnels et nous passons progressivement sur des casques connectés au PC. Nous avons également mis en place 80 salles de Téléprésence avec des équipements de Cisco. Certes, cette solution est chère mais les déplacements coûtent également très chers. Nous réalisons environ 5000 heures de téléprésence par mois actuellement.

PublicitéCIO : Comment voyez-vous l'évolution du rôle du CIO ?

Franck Modruson : le rôle de l'IT et du CIO changent. Le rôle de l'IT change car le business se transforme. L'IT est la fondation de l'entreprise. La question qui se pose c'est juste le mode de sourcing, où va-t-on se fournir ? L'IT est devenu une commodité à la façon de l'électricité. Cela n'était pas possible tant que l'informatique n'était pas fiable à ses débuts. Quant au CIO, il doit être un manager qui comprend le business. L'idéal est qu'il vienne du coeur du business, car il doit comprendre comment fonctionne l'entreprise. Un financier me semblerait moins adapté.

CIO : Quel type de relation entretenez-vous avec les métiers ?

Franck Modruson : Aujourd'hui, la DSI est au service des métiers. Nous sommes à la fois dans une relation client-serveur et dans une relation de pair à pair. Nous challengeons les métiers s'ils n'utilisent pas assez la technologie. Et nous n'hésitons pas à leur dire que certains processus ne doivent pas être automatisés tels qu'ils sont car ils sont inutilement compliqués. Pour information, nous utilisons les méthodologies agiles pour nos développements. Ce n'est pas parce que l'on peut demander une information qu'il faut le faire. Ce qui est capital c'est le modèle de données. Par exemple, nous avions un système de notes de frais pour le remboursement des coûts de taxi. En Australie, ils demandaient quel était le kilométrage parcouru. Et quel était le kilométrage le plus souvent saisi par les utilisateurs ? 1 km, car ils ne pouvaient pas entrer 0. Ce n'est pas parce que l'information peut être demandée qu'elle est forcément utile ni que les utilisateurs en comprennent l'intérêt.

CIO : Quelle est la prochaine grande évolution à venir sur le système d'information ?

Franck Modruson : La grande évolution aujourd'hui concerne l'acceptation des technologies grand public sur notre réseau. Il s'agit de l'accès des iPad ou des iPhones, par exemple. Il y a actuellement 65 000 équipements personnels mobiles connectés à notre réseau, dont entre 3000 et 4000 iPad. Nous n'en avons payé aucun mais il faut les accepter à partir du moment où les gens les utilisent et respectent les procédures de sécurité. Nous utilisons ActiveSync pour cela, afin qu'il y ait la saisie d'un mot de passe. Une procédure efface le terminal au bout de 10 erreurs de connexion. Il ne faut pas interdire les terminaux des utilisateurs. Sinon, on va se retrouver comme lorsque les entreprises avaient voulu au départ interdire les PC dans leurs locaux. Les gens en achetaient quand même mais ils indiquaient qu'il s'agissait de « calculatrices » !

CIO : Allez-vous vers la création d'un Cloud privé ?

Franck Modruson : Essentiellement, oui. Nous déplaçons nos applications vers la virtualisation. Nous utilisons trois formes de virtualisation : la virtualisation de bases de données, la virtualisation du stockage et la virtualisation de serveurs. Nous virtualisons actuellement 65% de nos serveurs. Nous utilisons les solutions de VMware mais la solution de Microsoft progresse et nous la suivons régulièrement. Côté Data center, nous avons notre Data center principal pour les applications transactionnelles aux Etats Unis, et nous disposons de quatre autres Data center pour des applications transverses comme la messagerie en Inde, en Allemagne et aux Etats Unis.

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