Stratégie

CPI-B2B : Une informatique bimodale, ce n'est pas deux informatiques

CPI-B2B : Une informatique bimodale, ce n'est pas deux informatiques
De gauche à droite : Jean-Marc Bonnet (Teradata), Michaël Rolland (Econocom), Gilles Potard (Dell-EMC), l’animateur, Matthieu de Fressenel (HP), Sébastien Vugier (Axway) et Régis Allègre (Accenture).

Une réunion du CPI-B2B (Club de la Presse Informatique B2B) du 23 novembre 2016 a permis de démystifier et de préciser le concept d'informatique bimodale. Le besoin de qualité et de stabilité est-il vraiment antinomique avec l'agilité et le digital ? Le débat existe mais la réalité est plus simple que ce qui est prétendu par les consultants.

PublicitéLes termes du débat sont bien connus depuis que le cabinet Gartner a imaginé le concept d'informatique bimodale. D'un côté, il y a le Legacy, lourd, ancien, peu agile mais à peu près fiable. De l'autre, il y a les applications digitales, agiles à l'extrême, développées en quick and dirty, en surcouche au Legacy. Objet d'un débat le 23 novembre 2016 au CPI-B2B (Club de la Presse Informatique B2B), la caricature conçue par le Gartner a été critiquée mais pas totalement écartée.
« L'existant doit perdurer alors que les besoins des utilisateurs changent vite, amenant à une opposition entre robuste et agile » a concédé Sébastien Vugier, senior vice president & general manager, ecosystem engagement & vertical solutions chez Axway. Pour Gilles Potard, primary storage business director, global alliances chez Dell-EMC, il y a « une réalité du besoin d'agilité et de rapidité ». Mais cela ne signifie pas qu'il y ait deux informatiques distinctes, moins encore qu'il y a « une gentille et une méchante » selon les termes de Sébastien Vugier.

Le Legacy se rebiffe

Régis Allègre, directeur de l'activité DevOps chez Accenture France, s'est ainsi offusqué : « je ne suis pas d'accord avec l'opinion selon laquelle le Legacy serait condamné aux vieux modes de travail. » Cependant, il a bien dû admettre que le développement continu devient vite coûteux sur les anciens systèmes car les exigences de fiabilité, la nécessité de changer l'approche méthodologique et l'équipement en outils logiciels de supervision a un coût important. Une solution est de n'appliquer cette méthodologie moderne qu'aux parties où c'est nécessaire.
Matthieu de Fressenel, Director of Division, Industry Standard Server chez HP France, a mis les pieds dans le plat : « il est incontestable qu'il y a deux approches différentes mais le débat continue d'exister sur le fait qu'il doive y avoir deux informatiques. » Ce débat a vite été clôturé par Michaël Rolland, directeur marketing Services & Strategic Accounts chez Econocom : « il n'y a pas deux informatiques mais bien deux approches avec le besoin d'adopter une autre manière de faire, un autre état d'esprit. » Le DSI étant par définition, en tant que fonction support, au service des métiers, il lui faut accepter les demandes des métiers d'aller plus vite.

La qualité demeure une exigence

Le DSI doit cependant rester le garant de la qualité d'un SI qui constitue, avec ses données, un actif. « Le DSI peut garantir la qualité des données, même Big Data, et les métiers utiliser ces données en mode agile, avec un risque de se tromper mais sans remettre en cause la qualité des références » a ainsi expliqué Jean-Marc Bonnet, directeur de l'architecture et des solutions analytiques chez Teradata. La certification des données de base et des processus aboutissant à leur création est essentielle. Mais cela n'empêche nullement du quick and dirty en surcouche.
Cependant, il ne faut pas écouter tous les chantres des méthodes à la mode telle que DevOps. « Ce n'est qu'un moyen, une condition de l'agilité » a averti Jean-Marc Bonnet avec une approbation générale. Surtout, les chantres du DevOps ont souvent un discours qui passe sous silence la nécessité de qualité et de sécurité. Régis Allègre, directeur de l'activité DevOps chez Accenture France, a soupiré : « ceux qui ne font pas de tests en DevOps n'en n'auraient pas plus fait sur un cycle en V de six mois. »

PublicitéUn impact business évident

Même les entreprises les plus « digitales » font parfois l'erreur et cela peut leur coûter très cher. « Quand Netflix est bloqué une demi-journée, c'est un échec dont l'impact business est certain, pire qu'un plantage de Legacy car au contact direct du client mécontent » a ainsi rappelé Gilles Potard. Cet avis a été confirmé par Michaël Rolland : « on n'a pas plus le droit de se planter en mode agile qu'en mode traditionnel ». Surtout que le Legacy ne peut pas ne pas bouger. « Un Legacy immobile est un mythe » a martelé Sébastien Vugier, senior vice president & general manager, ecosystem engagement & vertical solutions chez Axway.
« La pression pour délivrer émanait jadis de l'interne, aujourd'hui des clients » a pour sa part constaté Gilles Potard. Et cette pression du client pour avoir un service complet, reposant nécessairement in fine sur le Legacy, interdit de fait de courir le risque de l'approche bimodale : un nouveau silotage entre le Legacy et la surcouche digitale.

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