Juridique

Utiliser le mot juste pour désigner le bon concept

Utiliser le mot juste pour désigner le bon concept

La Commission générale de terminologie et de néologie se penche régulièrement sur le secteur informatique. Ses recommandations permettent de cerner de quoi on parle, notamment dans les contrats.

PublicitéUtiliser le mot juste n'est pas un luxe ou un snobisme mais bien une nécessité. Cette rigueur seule permet d'être compris sans ambigüité, notamment dans une documentation, des instructions ou, pire, un contrat. En France, de plus, l'usage du Français est impératif dans tous les lieux de travail et dans tous les contrats selon un cadre juridique mis en place dans les années 1994-1996. Une instruction rédigée en anglais est non-opposable en cas de litige.

La Commission générale de terminologie et de néologie rend donc régulièrement des avis et des recommandations publiées au Journal Officiel pour, justement, désigner chaque concept avec un mot juste. L'un des secteurs qui lui donne du fil à retordre est l'informatique où des néologismes anglo-saxons flous, incompréhensibles, inutiles (un terme français existant déjà) ou inadéquats se multiplient. Informatique et télécommunications sont les sujets de deux commissions spécialisées de terminologie et de néologie. Leur rôle est de trouver les termes lexicaux adéquats pour enrichir la langue selon les besoins et seulement selon les besoins.

La création d'un néologisme peut servir à un fournisseur à rhabiller de nouveauté un concept ancien ou à présenter sous un jour avantageux une offre qui ne l'est guère. Faire l'effort de traduire en utilisant le terme juste est une nécessité pour le client avisé, comme pour le journaliste d'ailleurs.

« Nous ne sommes pas de vieux schnocks »

« Nous ne sommes pas de vieux schnocks de la langue » a bien sûr martelé Patrick Samuel, haut fonctionnaire de terminologie et contrôleur général, lors d'une rencontre-débat avec la presse informatique le 15 juin 2010. Pour lui, « remplacer un mot anglais [ou américain, NDLR] par un mot français est un effet induit. Il faut d'abord cerner les concepts. Le travail de terminologie est d'abord une recherche de la définition juste. » Il a fustigé les sarcasmes visant les quelques termes proposés et qui concernent généralement moins de 5% de l'ensemble, destiné au grand public, l'immense majorité des travaux s'adressant à un public de spécialistes voire d'experts.

L'un des problèmes rencontrés de manière récurrente est l'entrée dans le langage courant de marques commerciales relevant de la propriété intellectuelle d'une entreprise mais destinées, de ce fait, à désigner plus qu'un produit. Il y a de ce fait confusion entre le produit d'origine et sa catégorie où des produits concurrents peuvent prendre place. Il s'agit alors de remplacer la marque par un terme générique sur le modèle Walkman (marque de Sony) / baladeur ou, plus récemment, iPad / tablette (ou tablette tactile). La confusion marque/catégorie peut servir la marque quand elle semble unique sur son marché (cas de la suite bureautique Office de Microsoft) ou au contraire la faire disparaitre (célèbre cas de Frigidaire).

Publicité« il n'y a aucun mot étranger...



« il n'y a aucun mot étranger dans la langue, par définition, mais des mots d'origine étrangère : dès lors qu'ils entrent dans la syntaxe, l'orthographe, la prononciation et la grammaire française, ils sont en quelque sorte naturalisés » a indiqué Xavier North, délégué général à la langue française et aux langues de France.

La Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF) travaille en étroite collaboration avec son homologue du Québec mais les approches sont différentes. En France, la DGLFLF considère qu'il faut choisir un terme précis (ou au plus deux) pour qu'il ait une chance de s'imposer. A l'inverse, les Québécois préfèrent faire de multiples suggestions et retenir ceux que l'usage de la rue consacre. Le terme « courriel » québécois a eu plus de succès que le « mél » franco-français, aujourd'hui abandonné.

Il y a parfois des curiosités. Le terme « buzz » posait un soucis car, dans certains contextes, il désignait un grésillement. Son usage pour désigner la propagation plus ou moins contrôlée d'une rumeur sur Internet n'était pas satisfaisant. Suite à une consultation parmi des lycéens, le terme « ramdam », qui désignait déjà quelque chose de proche dans le monde réel, a été choisi pour le remplacer. Xavier North relève : « nous avons ainsi remplacé un terme d'origine anglaise par un terme d'origine arabe ».

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