Stratégie

Convention USF : la guerre mondiale de la maintenance de SAP aura-t-elle lieu ?

Convention USF : la guerre mondiale de la maintenance de SAP aura-t-elle lieu ?

Le club des utilisateurs de SAP francophone (USF) a réuni sa convention annuelle au Palais des Congrès les 15 et 16 octobre 2008. La présence de dirigeants de SAP, notamment Léo Apotheker (Co-CEO de SAP) et Pascal Rialland (DG de SAP France), ainsi que de 900 utilisateurs du PGI ont permis d'aborder les sujets qui inquiètent (intégration de BO...) ou qui fâchent (la maintenance...)...

PublicitéLa convention annuelle de l'USF (Utilisateurs de SAP francophones) s'est tenue les 15 et 16 octobre 2008 à Tours. Les 900 clients du PGI présents ont eu l'occasion d'échanger au cours d'ateliers thématiques, de parcourir un forum d'exposants partenaires... et de participer à des réunions plénières avec intervention de dirigeants de l'éditeur, Léo Apotheker (Co-CEO de SAP, créateur de SAP France et ayant vécu la création de l'USF) et Pascal Rialland (DG de SAP France). La riche actualité de l'éditeur a permis des échanges « virils » bien que courtois, avec, essentiellement, deux sujets majeurs : l'intégration de BO et l'évolution des contrats de maintenance de SAP. Côté USF, l'année a été également intéressante, avec notamment le déménagement de ses bureaux, l'intégration de permanents pour améliorer son efficacité, le lancement d'un magazine trimestriel, la sortie de livres blancs (sur la migration vers ECC 6, sur la business intelligence...), la création d'un groupe d'utilisateurs de la solution SaaS de SAP (SAP Business by Design, destiné au mid-market)... Comme chaque année, la convention a été l'occasion d'ouvrir l'USF au monde extérieur. La première table ronde a ainsi accueilli notamment le président du club utilisateurs de Business Object, Olivier Le Moing, et Sylvie Gauthier, responsable de la section québécoise de l'ASUG (American SAP Users Group). Suite au rachat de BO par SAP, le club des utilisateurs de BO (15 ans d'âge, 200 adhérents) est évidemment destiné à se rapprocher progressivement de l'USF en fonction de la roadmap de l'éditeur. Par contre, l'USF continue de ne pas accueillir de clients de l'offre pour PME Business One, faute d'une demande de la part de ses utilisateurs. Faute d'avoir une visibilité sur les installations de SAP chez de nouveaux clients, l'USF ne couvre de toutes façons pas la majorité des utilisateurs du PGI (selon l'éditeur qui refuse cependant de communiquer le nombre de ses clients en France). Leo Apotheker a, quant à lui, affirmé que, au niveau mondial, SAP détenait deux fois plus de parts de marché que son concurrent direct, avec 34%, et avait 75000 clients à travers le monde, dont 50000 PME. Suite à la nervosité des clients de SAP au sujet de l'évolution des contrats de maintenance, une initiative a été lancée au niveau mondial par le Sugen (SAP user group executive network). Le Sugen réunit la plupart des groupes d'utilisateurs de SAP à travers le monde : des grands (Amériques, Allemagne), des moyens (Brésil, Pays Bas...) et des petits (France, Grande Bretagne, Australie...). Tous les adhérents de ces clubs -soit environ 7000 entreprises- ont été interrogés au cours d'une enquête sur leur usage et leur perception de la maintenance SAP et de sa récente évolution. Les résultats, en cours de consolidation, seront analysés par la réunion semestrielle normale du Sugen du 27 au 29 octobre 2008 à Palo Alto (Etats-Unis) avant une communication par chaque club national début novembre. Mais, lors de son intervention du matin, Pascal Rialland a préféré longuement détailler le rachat de BO, peu conflictuel, et ne consacrer que quelques minutes au sujet plus délicat de la maintenance. La fusion juridique enre BO et SAP a eu lieu en février 2008. SAP a rapidement voulu rassurer ses clients sur l'avenir de son propre module décisionnel BW et sur le futur de son offre en matière de décisionnel. La business intelligence sera clairement développée désormais uniquement sur BO, qui gardera sa transversalité et sa capacité à se connecter à des produits non-SAP, mais BW sera maintenu au moins quinze ans, permettant ainsi une migration en douceur au fil des besoins métier réels. Par contre, la disparition le premier janvier prochain de l'offre de maintenance dite « standard » à 17% du coût initial des licences et son remplacement d'office par une offre à 22% dite « enterprise support » passe plus difficilement même si Pascal Rialland a voulu démontrer à quel point la mariée était belle : des conseillers accessibles en permanence 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, une prise en charge sous une heure avec un premier correctif sous quatre heures en cas de besoin, engagement de niveau de service pour la solution SAP installée... Mais, sans préjuger des futurs résultats de l'étude du Sugen, il reste que beaucoup de clients n'utilisent déjà pas leur offre « standard » et estiment que l'augmentation de services est inutile pour eux tout en provoquant des surcoût importants. Devant la presse, le DG de SAP France a voulu se justifier davantage en mentionnant que certains clients, visiblement inconscients, ne voulaient pas couvrir convenablement par une maintenance de bon niveau leur instance SAP alors même que celle-ci était critique pour leur activité, obligeant (moralement ?) SAP à délivrer un service non-payé en cas de crash. Leo Apotheker a rajouté à la corbeille une couverture globale de la « plate-forme » SAP, y compris les applicatifs non réalisés par SAP (notamment les personnalisations). « L'ancienne maintenance, celle de l'époque de R/3, ne correspondait plus à notre monde où la flexibilité et la complexité sont la règle » a-t-il indiqué. Et la nouvelle maintenance comprendra un outil qui tracera les impacts des patchs afin de ne pas obliger à des tests de non-régression complets à chaque évolution ou correction mineures. Mais cette approche « un seul service pour tout le monde » fait beaucoup grincer des dents parmi les utilisateurs et les dirigeants de l'USF ne se cachent pas de leur souhait d'un retour de l'éditeur à une variété dans son offre de maintenance, pour s'adapter aux besoins de chaque client. Pour Pascal Rialland, la stabilité des 17% depuis dix ans rendait la situation économiquement peu tenable pour l'éditeur. Mais les 17% ou les 22% se calculent par rapport aux licences achetées, dont le coût peut varier au fil du temps, par une extension d'une instance, accroissement des fonctionnalités ou migration vers une version plus moderne de SAP. Selon l'éditeur, les instances sous ECC 6 ne représentent que 20% du total et, donc, 80% devront migrer dans les années à venir, réservant automatiquement de belles marges de progression à SAP... Les niveaux de support de BO étaient à peu près similaires à ceux désormais pratiqués par SAP pour des coûts proches. Les utilisateurs de de BO ne sont donc pas les plus virulents dans cette bataille qui s'annonce entre les 7000 entreprises rattachées au Sugen et l'éditeur... Leo Apotheker a su avoir recours à la magie d'un verbe séducteur en fin de première journée pour apaiser les tensions sans vraiment apporter d'information nouvelle. Il a beaucoup insisté sur l'absence d'impact pour les clients de SAP des mesures d'économies décidées au sein de l'éditeur (dont des mesures sur l'emploi) et sur la solidité de l'entreprise. Rendant également un hommage appuyé à « l'écosystème SAP », il a défini le réseau de partenaires de l'éditeur comme une des raisons de son succès. Après tout, il est vrai que, dans un écosystème, il y en a qui mangent et d'autres qui sont mangés, surtout si leur activité de maintenance est assurée par un éditeur en mal de prestations complémentaires pour justifier ses augmentations de tarif. Parmi les nouveautés attendues chez SAP dans l'année à venir, l'éditeur a annoncé la création de fonctions de modélisations de processus au sein de Netweaver mais qui n'iront pas jusqu'à modéliser des éléments extérieurs à SAP, ce qui justifie la reconduction du partenariat avec IDS Sheer pour compléter l'offre de SAP à ce sujet. Un autre partenariat a également été renforcé récemment : avec Crossgate (EDI en mode SaaS), pour faciliter les transferts d'informations entre sociétés aux SI différents. Jean Leroux, président de l'USF, a profité de l'occasion pour inviter les présents au vingtième anniversaire du club, l'an prochain au CNIT (Paris La Défense) avec soirées festives sur Paris, du 12 au 15 octobre 2009.

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