Cloud : quand le Patriot Act américain met en danger les entreprises européennes
 
						Les membres du Parlement européen veulent savoir quelle attitude les législateurs comptent adopter dans le conflit qui oppose la directive européenne sur la protection des données (Directive 95/46/EC) au Patriot Act américain.
PublicitéCette question a été soulevée suite à un aveu fait la semaine  dernière par Microsoft : l'entreprise pourrait déplacer les données de  clients européens vers un nouveau service cloud sous autorité  américaine. La firme de Redmond pourrait également être contrainte par  le Patriot Act de garder le secret sur tout transfert de ce type. Cette  mesure est en totale contradiction avec la directive européenne, qui  stipule que les entreprises doivent informer les utilisateurs dans le  cas où ils divulguent des renseignements les concernant. « Est-ce que la  Commission considère que le Patriot Act américain a effectivement force  de loi sur la directive européenne concernant la protection des  données ? Que va faire la Commission pour remédier à cette situation et  s'assurer que les règles décidées par les Européens pour la protection  des données soient effectivement appliquées ? Que va-t-elle faire pour  que la législation de pays tiers ne prévale pas sur la législation  européenne ? » a demandé Sophia In't Veld, membre de la commission pour  les libertés civiles au Parlement.
 
Dans le passé, la commissaire Viviane Reding, en charge du dossier  pour la protection des données, s'était dite favorable à un projet de  loi sur la protection des données privées proposé par les sénateurs John  Kerry (Démocrate, Massachusetts), et John McCain (Républicain,  Arizona), estimant que c'était une solution possible. « Je me réjouis  qu'un projet de loi allant dans ce sens, à l'initiative des Démocrates  et des Républicains, soit présenté devant le Congrès américain. La  Commission partage également l'objectif principal du projet de loi :  renforcer la confiance des individus dans les nouvelles technologies  grâce à des normes adaptées, » avait- t-elle déclaré.
 Des données de clients déjà transférées aux Etats-Unis 
 
Microsoft aurait déjà pu transférer les données européennes aux  États-Unis en vertu de l'accord Safe Harbor. Mais les experts juridiques  estiment que cet accord « vaut à peine le papier sur lequel il est  écrit. » Celui-ci comporte le respect de sept principes, dont la  protection raisonnable des données, et une application clairement  définie et effective. Cependant tout cela perd toute valeur si le  Patriot Act est invoqué. « Je crains que l'accord Safe Harbor n'ait  désormais très peu de valeur, dans la mesure où il apparait que les  entreprises américaines qui proposent de conserver les données dans un  cloud européen soient encore obligées d'autoriser l'accès à ces données  au gouvernement américain sur la base du Patriot Act », a déclaré Theo  Bosboom, un avocat expert dans les questions technologiques au sein du  cabinet Dirkzager Lawyers. «  Les Européens feraient mieux de (...)
 
 
«  Les Européens feraient mieux de conserver  leurs données en Europe. Si un partenaire européen propose une solution  cloud en Europe et offre la garantie que les données resteront au sein  de l'Union européenne, alors c'est sans aucun doute, sur le plan  juridique, le meilleur choix. »
Publicité
Ce conseil risque très certainement d'être mal perçu par les nombreux  acteurs du cloud computing enregistrés aux États-Unis, parmi lesquels  on trouve Amazon, Google, IBM ou Microsoft. Le nouveau service cloud de  Microsoft, dont le lancement est prévu la semaine prochaine, sera  découpé en régions géographiques indiquant où les données des clients  sont physiquement stockées. Mais le géant de l'informatique ne peut  garantir que les informations concernant les utilisateurs européens ne  soient pas divulguées : « Dans un nombre de circonstances limitées,  Microsoft peut avoir besoin de livrer des données sans votre  consentement préalable, en particulier pour répondre à des exigences  légales, ou pour protéger les droits ou la propriété de Microsoft. »
 Un accord nécessaire entre l'UE et les Etats-Unis 
 
De son côté, Sophia In't Veld espère que la commissaire Reding va  réagir rapidement à cette question essentielle : « Ce qui est en jeu,  c'est de savoir si l'Europe a ou non la capacité d'appliquer ses propres  lois sur son propre territoire, ou si les lois d'un pays tiers  prévalent. » Elle espère également que la commissaire Reding fera en  sorte que les États-Unis et d'autres pays respecteront les lois de l'UE  sur le territoire de l'UE : « Je ne pense pas que les États-Unis  apprécieraient beaucoup que les Européens (ou d'autres autorités non  américaines) puissent avoir accès à des bases de données sous  juridiction américaine, » a-t-elle déclaré.
 
Article rédigé par
Jean Elyan avec IDG News Service
 
                         
                         
                         
                         
                         
                         
                         
                         
                         
                        
Commentaire
INFORMATION
Vous devez être connecté à votre compte CIO pour poster un commentaire.
Cliquez ici pour vous connecter
Pas encore inscrit ? s'inscrire