Alexandre Garcin (Ville de Roubaix) : « l'open-data n'était pas une question, restaient le quand et le comment »

Alexandre Garcin, adjoint au maire de Roubaix en charge du Développement Durable et de la Ville Intelligente (Numérique et modernisation de l'administration), a initié une politique d'opendata autant pour moderniser l'administration municipale que pour dynamiser le tissu économique. Ouvrant officiellement d'ici mi-septembre 2016, le portail utilise la technologie d'OpenDataSoft.
PublicitéCIO : Quand et dans quel contexte avez-vous engagé une démarche d'open-data ?
Alexandre Garcin : Nous avions deux séries d'objectifs, l'une interne et l'autre externe. Notre vision interne concernait la modernisation de l'administration. En rendant les données accessibles à tous, nous les rendons accessibles entre services, donc nous faisons tomber les murs.
Notre vision externe visait elle à dynamiser le tissu économique ainsi qu'à favoriser la transparence. Il faut savoir que Roubaix possède de nombreuses pépites du numérique, au premier rang desquelles la licorne OVH. Mais il y a aussi, notamment, la pépinière de start-up orientées e-commerce du Pôle Blanchemaille, un établissement géré par le pôle Euratec, située dans d'anciens locaux de La Redoute. Certaines de ces start-up travaillent bien entendu sur la valorisation des données.
Donc la question n'était pas de savoir si nous devions « faire de l'open-data » mais bien plutôt quand et comment.
CIO : Quelles données vont être disponibles ? Sous quelles conditions ?
Alexandre Garcin : Le portail ouvert publiquement d'ici mi-septembre 2016. Il ne reste que quelques validations à opérer. Tous les jeux de données proposés le seront gratuitement.
Pour commencer, il y aura une vingtaine de jeux de données. Par exemple, il y aura une liste de points remarquables tels que parkings, jardins familiaux, commerces, etc. Cette liste est destinée à s'enrichir dans l'avenir avec, par exemple, les associations. Il y aura aussi des données financières de la ville, notamment la liste des ventes immobilières opérées avec les prix et les acheteurs. Nous visons ainsi à lutter contre les suspicions en jouant la totale transparence. D'autres données devraient arriver sous peu comme l'évolution du taux de numérisation des ménages logeant dans le parc HLM.
CIO : Comment les données sont-elles générées et vont-elles être mises à jour ?
Alexandre Garcin : Certaines données sont fixes ou à peu près fixes. Par exemple, c'est le cas de la liste des monuments ou des parkings. A l'inverse, d'autres données sont par nature changeantes et seront mises à jour régulièrement. Notre objectif, à terme, est que ces données là soient directement extraites en temps réel de la source. Certaines données fixes -par exemple la liste des parkings- pourraient même être enrichies de données variables -comme les places disponibles-.
Mais les premières mises en ligne ont bien sûr été opérées simplement par des exportations manuelles. La réalisation des alimentations du portail en données est sous la responsabilité de la DSI.
CIO : Pourquoi avoir utilisé un portail sous OpenDataSoft ?
PublicitéAlexandre Garcin : Le premier avantage était de récupérer facilement les données opendata d'autres entités (INSEE, Communauté Urbaine de Lille...) concernant Roubaix pour les republier sur notre portail. Le deuxième était de permettre des exports à la volée dans un grand nombre de formats, avec filtrage personnalisé, à partir des données brutes importées dans l'outil. Bien entendu, l'expérience de l'éditeur a été un point important. Enfin, et ce n'était pas neutre, l'outil était disponible via l'UGAP, ce qui nous a facilité le processus d'achat qui devait bien sûr suivre le Code des Marchés Publics.
L'outil est disponible en mode SaaS et nous coûte 10 000 euros par an.
CIO : Quels bénéfices attendez-vous de ce portail ?
Alexandre Garcin : Nous sommes incapables de quantifier aujourd'hui ces bénéfices. Dans les autres collectivités ayant adopté une telle démarche, les données les plus consultées n'étaient pas celles prévues au départ. L'open data libère les énergies et les initiatives.
« L'open data libère les énergies et les initiatives »
(Alexandre Garcin)
Il existe ainsi une application qui croise les fréquentations de restaurants avec le calendrier passé des animations publié en open-data. De ce fait, les restaurations peuvent prévoir leur fréquentation en fonction des futurs événements. Il est également possible de croiser les déplacements ou le taux d'équipement des ménages en voitures avec les parkings publics autour de programmes immobiliers afin de dimensionner correctement les places de parking à prévoir.
Bref, nous ne savons pas exactement où nous allons mais nous savons que nous sommes à l'aube de générer quelque chose d'extraordinaire. Nous sommes au début d'une belle aventure sans possibilité de savoir où elle va nous emmener.
Article rédigé par

Bertrand Lemaire, Rédacteur en chef de CIO
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