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Selsabil Gaied, IBM consulting, technophile depuis l'enfance et manager dans l'IA

Selsabil Gaied, IBM consulting, technophile depuis l'enfance et manager dans l'IA
« Les biais arrivent dès l'école, estime Selsabil Gaied, senior manager data et AI chez IBM consulting. Il faut donner envie aux petites filles, aux lycéennes et même aux ingénieures de s'orienter et de poursuivre des carrières dans la tech. »

Pour prolonger la journée internationale des droits des femmes, CIO vous propose une série de portraits de femmes de l'IT. A commencer par Selsabil Gaied, senior manager data et AI chez IBM consulting. Elle raconte des préjugés finalement plus forts quant à sa jeunesse. Et son plaisir d'organiser des hackathons pour des petites développeuses.

PublicitéDepuis 10 ans, Selsabil Gaied, ingénieure diplômée de Télécom Bretagne, travaille dans les domaines de l'IA, de la data science et du machine learning. Après des débuts dans le développement de bases de données, face à la trop grande lenteur des traitements, elle se tourne vers le big data. Depuis fin 2021, elle est senior manager data et AI, et architecte chez IBM consulting, et aujourd'hui à la tête d'une équipe de 35 personnes. Un travail de consultant qui consiste à accompagner les entreprises dans l'adoption et le passage à l'échelle de l'IA, y compris sur les questions d'IA responsable et éthique.

« Je dirige une équipe de data scientists, d'ingénieurs, de spécialistes de l'analytics composée de 34% de femmes, précise Selsabil Gaied avec fierté. Toutefois, je constate que la diversité de genre dans les équipes techniques est encore peu courante parmi d'autres entreprises et clients. Je suis même très souvent la seule femme dans des salles remplies d'hommes. » Pour elle, une des clés de la lutte contre les biais cognitifs engendrés par l'IA résiderait en particulier dans la diversité des équipes projets.

Aucune distinction en matière de compétences, de savoir-faire

La proportion de femmes dans l'IT, et dans l'IA en particulier, plafonne pourtant encore bien souvent sous les 30%. Et la consultante de rappeler ce qui pourrait sembler une évidence : « Il n'y a aucune distinction en compétences, en savoir-faire ou même en appétence pour la technologie entre femmes et hommes. Ces capacités sont universelles. La différence entre femmes et hommes réside plus souvent dans la posture. J'observe que, souvent, les femmes n'ont pas autant d'opportunités de développer leur leadership. Il est donc important de créer des environnements encourageant l'égalité des chances. »

Une passion pour la tech dès le plus jeune âge

Quand on lui demande si le fait d'être une femme a eu une incidence sur ses études, puis sa carrière, Selsabil Gaied explique les défis surmonntés, liés à des préjugés plus fréquemment en début de carrière, dans un domaine dominé par les hommes. Et elle tient aussi à évoquer spontanément ces personnes qui l'ont aidée et soutenue dans cette voie vers la high tech, à chaque étape de ses études et de sa carrière. Un mentor au lycée ou un manager dans sa première entreprise, par exemple. « J'ai toujours été passionnée par la technologie, se souvient-elle. Dès le collège. J'ai d'abord été inspirée par les astronautes ! Puis, j'ai suivi des sessions d'été dans un club d'initiation au développement et j'ai continué. Et même s'ils ne sont pas scientifiques, mes parents m'ont toujours poussé à faire des études scientifiques de haut niveau. »

PublicitéPour Selsabil Gaied, on ne peut cependant que constater les très faibles proportions de femmes dans le développement ou l'infrastructure, mais certains nouveaux outils pourraient attirer davantage les femmes. « L'IA et l'IA générative transforment les métiers en améliorant les processus et en touchant divers domaines comme la finance et les RH, insiste-t-elle. Une évolution qui ouvre des portes à tous les profils, indépendamment du genre, et illustre l'importance d'une approche inclusive dans la tech. » Un argument qui pourrait se retourner contre les femmes, car il induit qu'elles seraient plus attirées par des sujets moins techniques et plus 'métier'. Et n'auraient donc pas l'appétence, voire les capacités de travailler dans les domaines des technologies. « Les biais arrivent en réalité dès l'école, estime Selsabil Gaied en réponse à cette critique. On ne gomme pas assez les disparités. Il faut donner envie aux petites filles, aux lycéennes et même aux ingénieures de s'orienter et de poursuivre des carrières dans la tech. Et surtout montrer les perspectives d'évolution. »

L'objectif, c'est d'inspirer dès le plus jeune âge

Pour cela, depuis 4 ans, Selsabil Gaied agit activement en tant qu'ambassadrice du programme WiDS (Women in data science) de l'Université de Stanford (Californie), un programme de promotion des femmes dans les métiers et univers de la data science. « L'objectif est d'inspirer, d'accompagner, de donner envie aux femmes de rejoindre des filières tech, DSI, IA, etc. », précise-t-elle. Selsabil Gaied intervient ainsi dans des conférences, des keynotes, à destination de jeunes femmes qu'elle peut rencontrer, avec qui elle partage son expérience. Elle a également organisé des événements spécifiques en France. « Un hackathon avec des petites filles à l'école, par exemple, s'enthousiasme-t-elle. Une session d'une journée, avec un atelier de développement. Ça marche très bien et c'est passionnant ! »

Pour la senior manager data et AI, « il faut présenter des exemples de femmes qui travaillent dans la tech et qui réussissent, et qui incarnent la féminité, mais sans stéréotype. » Autrement dit, il faut d'une part faire toucher la technologie du doigt aux jeunes filles, pour leur montrer qu'elles peuvent s'y intéresser et être tout à fait compétentes. Et d'autre part, il faut leur faire rencontrer des femmes qui exercent ces métiers et qui réussissent. Comme Selsabil Gaieb.

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