Technologies

Près de la moitié des clients SAP ECC pourraient conserver leur vieil ERP au-delà de 2027

Près de la moitié des clients SAP ECC pourraient conserver leur vieil ERP au-delà de 2027
Selon Gartner, à la fin de l'année 2024, seuls 39 % des 35 000 clients SAP ECC avaient migré vers S/4 Hana. Au rythme actuel, le cabinet prévoit qu'il y aura 17 000 retardataires, soit près de la moitié de la base clients ECC, en 2027. (Photo : D.R.)

À l'approche de la fin de la maintenance d'ECC, de nombreux clients continuent de repousser leur migration vers S/4 Hana, en raison du coût et de la complexité de ce projet.

PublicitéLes participants à la conférence Sapphire, organisée par SAP en Floride à la mi-mai, ont beaucoup entendu parler de l'offre ombrelle Business Suite du fournisseur et de ses agents Joule AI, mais le géant allemand du logiciel a été peu dissert sur l'adoption par ses clients de son ERP phare, S/4 Hana.

Les dirigeants de SAP sont restés muets sur les progrès réalisés dans la migration de la base clients ERP ECC vers S/4 Hana, et ce alors que se profile la fin de la maintenance standard d'ECC (prévue pour la fin de 2027).

Pour Fabio Di Capua, vice-président au sein de l'équipe chargée des fournisseurs de technologies et de services chez Gartner, voir les dirigeants de SAP éviter de parler des chiffres de la migration n'est guère surprenant. « Je suis un analyste sceptique, donc quand je vois que les fournisseurs ne communiquent pas les chiffres immédiatement, c'est qu'ils ne sont pas bons, explique-t-il. Car s'ils l'étaient bons, ils seraient les premiers s'en vanter. »

L'adoption de S/4 Hana en chiffres

Selon Gartner, à la fin de l'année 2024, seuls 39 %, soit environ 14 000 des 35 000 clients SAP ECC, avaient migré vers S/4 Hana. Au rythme actuel, Gartner prévoit qu'il y aura encore 17 000 retardataires, soit près de la moitié de la base clients ECC, en 2027. Et, selon le cabinet d'études, plus d'un tiers de celle-ci, soit 13 000 entreprises environ, resteront fidèles à leur ancien ERP en 2030, soit la date prévue pour la fin de la maintenance étendue d'ECC.

Mickey North Rizza, vice-présidente au sein de l'équipe chargée des logiciels d'entreprise chez IDC, est un peu plus optimiste quant aux chiffres de la migration, mais à peine. Elle s'attend à ce que 40 à 45% des utilisateurs d'ECC conservent l'ancien ERP jusqu'en 2027.

SAP a publié la première version de S/4 Hana fin 2015, mais même avec le programme de transformation accompagnée RISE de SAP, lancé en janvier 2021, la migration a été régulière mais lente, note Fabio Di Capua. SAP a également lancé un programme de transition appelé GROW pour les entreprises de taille moyenne en mars 2023.

« Lorsque SAP a essayé d'inciter les gens à passer à RISE, nous leur avons dit : 'Vous avez convaincu moins de la moitié de vos clients de migrer en 15 ans'. Comment pouvez-vous penser que vous allez faire migrer les 50 % restants en cinq ans ? », s'étonne l'analyste de Gartner

La complexité des installations ECC, souvent fortement personnalisées, et le coût de la migration sont les deux principaux obstacles, selon Fabio Di Capua. Si la migration peut coûter à peine 2 M$ dans les cas les plus favorables, elle peut atteindre le milliard de dollars pour les grandes entreprises dotées d'installations complexes.

Gartner a travaillé avec des clients SAP prévoyant des projets de migration sur trois à sept ans. Dans de nombreux cas, ces entreprises envisagent une refonte complète de leurs processus, un effort de gestion du changement et, dans certains cas, l'installation d'une solution supplémentaire pour la gestion du capital humain ou les approvisionnements.

PublicitéLe recours à la tierce maintenance ?

De nombreux clients SAP envisagent le support d'ECC par un tiers ou comptent sur le fait que SAP prolonge ses propres délais, alors que ceux-ci ont déjà été dépassés à plusieurs reprises. En février, SAP a ainsi annoncé une nouvelle option de migration (SAP ERP, private edition, transition option), qui permettra à certains gros clients de continuer à utiliser ECC jusqu'en 2033. Certains clients SAP se tournent également vers des fournisseurs tiers pour certaines fonctionnalités ERP, notamment la gestion du capital humain, les achats et la supply chaint, explique Fabio Di Capua.

Mickey North Rizza, d'IDC, reconnaît à SAP le mérite d'avoir étendu sa timeline de support et d'avoir lancé de nouveaux outils de migration, après avoir constaté les difficultés rencontrées par ses clients lors de leur transition. « Ils ont commencé à reconnaître les problèmes rencontrés par les entreprises, l'un d'entre eux concernant le fait qu'elles ne pouvaient pas faire passer l'ensemble de leur organisation de l'ancienne gamme à la nouvelle, explique-t-elle. Ce que l'éditeur essaie de faire, c'est d'aider les clients à comprendre qu'il existe une voie pour ce faire. »

SAP se veut rassurant

SAP, pour sa part, affirme rencontrer une forte demande pour ses produits et pour ses services cloud, y compris la version cloud de S/4 Hana. Au premier trimestre 2025, le chiffre d'affaires de l'entreprise pour les services cloud a augmenté d'environ 26 % par rapport à l'année précédente, souligne Jan Gilg, Chief Revenue Officer et président de SAP Americas et de la Global Business Suite.

La bonne nouvelle pour l'éditeur, c'est que les deux tiers de ses nouveaux clients cloud sont des nouveaux clients pour SAP, note Mark Moerdler, directeur général et analyste principal chez Bernstein Research.

Jan Gilg conteste également l'observation de Fabio Di Capua selon laquelle les clients de SAP se tournent vers des applications tierces complémentaires. « Au contraire, les applications autonomes de gestion deviennent de plus en plus obsolètes à l'ère de l'IA générative », dit-il, dans un courriel transmis par les RP de SAP. « Nous constatons que les clients demandent une suite intégrée de solutions cloud, car le cloud a changé la donne en matière d'accès aux données. »

Migrer mais chez son hyperscaler

Plusieurs entreprises, dont IBM, font également état d'avantages considérables liés à la migration vers S/4 Hana. Le géant technologique américain a constaté une réduction de 30 % de ses coûts opérationnels liés à l'infrastructure depuis l'achèvement de sa migration vers la plateforme ERP en cloud de SAP en juillet 2024.

Pourtant, SAP semble mener une bataille difficile en essayant de convaincre les utilisateurs ECC restants de migrer vers son ERP le plus récent, selon les analystes. Alors que l'éditeur tente de faire passer ses clients sur ses services cloud, certains utilisateurs ECC ont fait marche arrière en raison de contrats préexistants avec des hyperscalers, explique Akshara Naik Lopez, analyste principal dans l'équipe applications et services d'entreprise du cabinet Forrester. « Ils ont ces contrats massifs [avec les hyperscalers, NDLR], veulent y héberger S/4 Hana pour bénéficier de ces contrats », souligne-t-elle.

Les frustrations des clients ont conduit SAP à proposer de fortes remises à partir du deuxième trimestre 2024, indique Akshara Naik Lopez. Elle prévoit que plus de 40 % des clients ECC utiliseront encore l'ancien système ERP après 2027, en ligne avec les estimations de ses confrères de Gartner ou IDC.

De nombreux utilisateurs ECC, en particulier ceux qui ont suivi les mises à jour de versions et autres correctifs, semblent ne pas ressentir de pression particulière pour migrer, ajoute l'analyste de Forrester. « Si vous interrogez ces entreprises, elles vous diront que leur environnement ECC est très robuste et stable, explique Akshara Naik Lopez. Le support de SAP va prendre fin pour le produit, mais cela ne signifie pas que l'environnement ECC va soudainement cesser de fonctionner ou qu'il va rencontrer de nouveaux problèmes auxquels les clients n'ont jamais été confrontés. L'environnement se comportera exactement de la même manière qu'auparavant. »

Partager cet article

Commentaire

Avatar
Envoyer
Ecrire un commentaire...

INFORMATION

Vous devez être connecté à votre compte CIO pour poster un commentaire.

Cliquez ici pour vous connecter
Pas encore inscrit ? s'inscrire

    Publicité

    Abonnez-vous à la newsletter CIO

    Recevez notre newsletter tous les lundis et jeudis