Stratégie

Pour les DSI, l'externalisation est désormais synonyme de réduction des coûts et de nearshore

Pour les DSI, l'externalisation est désormais synonyme de réduction des coûts et de nearshore
Le recours au nearshore est plébiscité par les DSI français. Mais ce choix se heurte aux limites de capacités des pays proches susceptibles d’offrir ce type de services. (Photo : Alex Kotliarskyi / Unsplash)

Comme en 2022, les DSI français sont plus de deux fois plus nombreux à vouloir accroître leur recours à l'externalisation que l'inverse. Mais l'option nearshore ou offshore prend le pas sur l'externalisation locale.

PublicitéQue pensent les DSI de leurs prestataires de service ? Le cabinet d'études Whitelane Research, appuyé par la société de conseil Timspirit, a interrogé plus de 200 responsables au sein de grandes entreprises françaises, pour évaluer les évolutions de leur politique de sourcing IT. Environ 600 contrats ont ainsi été passés au crible. « Cela représente environ 70% de la dépense en externalisation des organisations françaises », indique Jef Loos, le directeur de la recherche pour l'Europe du cabinet Whitelane. D'abord, et malgré les incertitudes économiques, l'attitude des entreprises vis-à-vis de l'externalisation reste globalement inchangée par rapport à 2022 : environ trois organisations sur dix envisagent d'outsourcer davantage, tandis que seulement 13% prévoient de réduire leur recours aux prestataires.

Mais les raisons qui poussent les entreprises à externaliser évoluent. 56% des organisations souhaitant accroître le recours à l'externalisation le font ainsi pour réduire les coûts. C'est plus de 10 points de plus que les autres motivations, comme la volonté de se focaliser sur son coeur d'activité ou l'amélioration de la qualité de service. « La réduction des coûts n'arrivait qu'en 4e position en 2022. À l'inverse, le recours à l'externalisation pour accélérer la transformation de l'activité recule de 20 points en un an », observe Jef Loos. Le signe d'une certaine prudence des entreprises face à un environnement économique et politique devenu incertain.

seulement 200 000 personnes mobilisables en nearshore 

Par ailleurs, la stabilité du recours à l'externalisation ne signifie pas que le modèle de celle-ci n'évolue pas. 40% des entreprises prévoient d'accroître leur recours au nearshore (contre 11% seulement qui anticipent sa limitation). L'offshore est également sur une pente favorable, 34% des personnes interrogées voulant y faire davantage appel (contre 14%). Le constat est inversé pour l'externalisation sur site ou en centres de services en France : les entreprises qui entendent diminuer cette forme d'outsourcing sont plus nombreuses de 7 points que celles qui envisagent sa croissance. Pour Jef Loos, cet attrait pour le nearshore (Europe de l'Est, Maroc, Espagne et Portugal principalement) se heurte toutefois aux limites intrinsèques de l'offre.

« Tout le monde veut y aller, mais les capacités sont limitées, ce qui fait croître les salaires et augmente l'attrition sur place », détaille le responsable de Whitelane. Et d'estimer que l'ensemble des sociétés de services sont capables de mobiliser environ 200 000 personnes en nearshore pour l'ensemble du marché européen, contre plus de 4 millions en offshore. « Si vous cherchez 50 personnes pour un projet, vous allez les trouver en nearshore, mais si ce projet nécessite de mobiliser 300 compétences, c'est peine perdue », reprend Jef Loos, qui indique que les grandes entreprises françaises ont déjà intégré cette contrainte et vont directement en offshore pour leurs contrats les plus importants.

PublicitéInvestir dans la gouvernance des contrats

Pour gérer les relations avec leurs prestataires, les responsables interrogés estiment avoir plusieurs points à améliorer, en particulier la gouvernance et l'intégration du cloud, la gestion des changements ainsi que la gestion des relations commerciales et la prévision de la demande. Sur ces terrains, seule une personne interrogée sur cinq environ se dit satisfaite du niveau atteint par son organisation. En revanche, les responsables IT s'estiment mieux armés dans le processus de sélection des fournisseurs et de contractualisation (seuls 6% d'entre eux pensent que ces éléments doivent être significativement améliorés).

Et, pour Jef Loos, cette vision est encore largement trop optimiste. « Notre étude montre qu'au fil des ans, les entreprises sont de plus en plus satisfaites de leurs fournisseurs, mais que ces derniers se plaignent de plus en plus du manque de compétences de leurs clients. Par exemple, sur la gestion des transitions et des changements, une DSI sur cinq estime qu'elle doit améliorer ses processus d'urgence. Or, si on pose la même question aux prestataires, un sur deux pense que leurs clients devraient progresser d'urgence sur ce terrain. » Pour l'analyste, ce décalage révèle un sous-investissement chronique des entreprises dans la gouvernance de leurs contrats d'externalisation. « Un phénomène répandu partout en Europe », dit l'analyste de Whitelane, cabinet qui mène la même étude dans 7 autres pays européens.


L'étude de Whitelane Research évalue 24 prestataires, sur la base de quelque 600 contrats. Comme en 2022, TCS vire en tête. (Crédit : Timspirit / Whitelane Research)

Niveaux de satisfaction : 24 prestataires évalués

L'étude permet aussi d'évaluer le niveau de satisfaction des entreprises vis-à-vis de grands prestataires IT. Comme en 2022, c'est TCS qui affiche le taux de satisfaction le plus élevé (84%), devançant DXC, Wipro et Fujitsu (tous trois affichant 77 ou 78% de taux de satisfaction). Parmi les 24 prestataires évalués, Spie, Thales, Kyndryl et IBM ferment la marche (avec des taux de satisfaction de 63 ou 64%). Notons le décrochage de ces deux derniers par rapport aux niveaux qu'ils affichaient en 2022 (respectivement -10 et -6 points). À l'inverse, Computacenter et Deloitte enregistrent une nette progression de l'avis de leurs clients quant à la qualité de leurs prestations (respectivement +14 et +9 points).

« Globalement, les fournisseurs d'origine française ont un peu de travail et des investissements à consentir pour éviter de perdre trop de parts de marché », assure Jef Loos. Ainsi, des poids lourds comme Atos/Eviden, Sopra Steria ou Inetum affichent un niveau de satisfaction en dessous de la moyenne du marché, tandis que Capgemini fait à peine mieux. Des lacunes dont ont profité les sociétés de services indiennes, qui ensemble représenteraient déjà 1,5 Md€ de chiffre d'affaires réalisé en France, selon Whitelane. Et qui visent désormais un doublement de ce total.

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