Le futur du RPA passe par les agents d'IA

La robotisation des processus évoluera à mesure que les organisations marieront l'IA agentique à l'ancienne technologie pour remodeler leurs processus.
PublicitéLa RPA (Robotic Process Automation ou automatisation robotisée des processus) est à la croisée des chemins, les responsables informatiques et les experts débattant de plus en plus de l'avenir de cette technologie. Certains d'entre eux pensent que des agents d'IA, plus puissants et plus autonomes, finiront par remplacer la technologie vieille de deux décennies, tandis que d'autres prédisent que les agents d'IA et la RPA travailleront main dans la main pour atteindre de nouveaux niveaux d'automatisation.
La RPA, qui est encore largement utilisée dans plusieurs secteurs, notamment le manufacturing, la santé et la finance, sera probablement reconsidérée dans les années à venir, à mesure que les organisations commenceront à déployer des agents et d'autres outils d'IA de nouvelle génération. Mais les jours de cette technologie ne sont pas comptés pour autant, si les fournisseurs et les DSI parviennent à créer de nouveaux moyens d'automatiser les processus métier en associant RPA et agents d'IA.
En outre, certains responsables informatiques considèrent que la RPA est toujours d'actualité, du fait de la place qu'elle occupe dans les entreprises. « La RPA est toujours pertinente pour automatiser les tâches répétitives et redondantes basées sur des règles, en particulier dans les secteurs où les risques d'erreur sont importants, comme la banque, l'assurance et la santé », dit ainsi Arjun Bali, data scientist chez Rocket Mortgage, établissement de crédits américain dont le siège est situé à Detroit (Michigan). « Elle n'est pas encore remplacée, mais augmentée par l'IA, ce qui permet de prendre des décisions plus intelligentes à l'intérieur des workflows », souligne-t-il.
Privilégier l'adaptabilité ou les économies ?
Si les agents d'IA offrent une approche puissante, adaptable et autonome de l'automatisation, la bonne vieille RPA, avec ses résultats prévisibles, a toujours sa place, abonde Shae Khan, chercheur en IA au MIT AI Lab d'IBM. Les outils d'IA pourraient éventuellement remplacer certains déploiements de RPA, mais la RPA peut s'avérer moins chère et plus rapide à déployer, tout en étant moins sujette aux erreurs que la plupart des outils d'IA, ajoute le chercheur.
Néanmoins, de nombreuses organisations utiliseront bientôt l'IA pour compléter et, dans certains cas, remplacer la RPA traditionnelle, note-t-il. Les agents d'IA seront utilisés pour gérer des tâches complexes et dynamiques qui nécessitent des capacités de prise de décision, tandis que la RPA continuera de prendre en charge des processus répétitifs et basés sur des règles. « Contrairement aux robots de RPA, qui suivent des règles prédéfinies, les agents d'IA apprennent à partir des données, prennent des décisions et s'adaptent à l'évolution de la logique de l'entreprise, souligne Shae Khan. Les agents d'IA sont utilisés pour des tâches plus flexibles telles que les interactions avec les clients, la détection des fraudes et l'analyse prédictive. »
PublicitéLe chercheur estime que le rôle de la RPA évoluera au cours des trois à cinq prochaines années, à mesure que les agents d'IA deviendront plus répandus. De nombreuses organisations adopteront 'l'hyperautomatisation', qui combine plusieurs technologies, dont la RPA et l'IA, pour automatiser les processus métier. « Les cas d'utilisation de la RPA seront très probablement intégrés dans des workflows plus larges dopés à l'IA, au lieu de fonctionner comme des solutions autonomes », explique-t-il.
La croissance de la RPA se poursuit
Les fournisseurs de RPA, tels qu'UiPath, qui ont intégré des agents d'IA à leur portefeuille, voient toujours un avenir pour la robotisation des processus, même s'ils vantent les avantages de la nouvelle technologie. Dans un rapport publié en janvier, UiPath affirme que les agents se connecteront aux processus de RPA en raison de l'efficacité et de la fiabilité de l'ancienne technologie. IDC prévoit que les dépenses liées à la RPA vont plus que doubler entre 2024 et 2028 pour atteindre 8,2 Md$, selon ce même rapport.
La plupart des clients d'UiPath dépendent encore fortement de la RPA, déclare Chris Radich, directeur technique pour le secteur public chez le fournisseur de solutions d'automatisation. Selon lui, l'hypothèse d'un remplacement de la RPA par l'IA fait fi des différences fondamentales entre les deux technologies. « La RPA n'est pas en train de mourir, elle évolue, affirme-t-il. Nous avons testé diverses solutions d'IA pour l'automatisation des processus, mais lorsque vous avez besoin que quelque chose fonctionne de la même manière à chaque fois - sans exceptions, sans interprétations -, la RPA demeure inégalée. »
Chris Radich et d'autres experts en automatisation considèrent que les agents d'IA finiront par contrôler les robots de RPA, les premiers piochant dans une boîte à outils renfermant divers processus robotisés en fonction des besoins. « Aujourd'hui, nous créons des workflows de RPA distincts pour différents scénarios, détaille Chris Radich. Demain, grâce à nos capacités agentiques, un agent évaluera une demande entrante et déterminera si elle nécessite une RPA pour le traitement des données, des appels API pour l'intégration des systèmes ou un transfert vers un humain pour une prise de décision complexe. »
Agent orchestrateur
Les entreprises auront besoin d'une forme d'orchestration pour résoudre le problème créé par la prolifération des automatisations, ajoute-t-il. « Nous avons des dizaines de bots RPA, diverses intégrations API et des processus manuels qui gèrent les exceptions, explique-t-il. Un agent d'IA orchestrateur pourrait gérer cette complexité en comprenant le paysage complet des capacités disponibles et en acheminant le travail de manière appropriée. »
Pour l'instant, les principaux cas d'utilisation de la RPA concernent les processus structurés de back-office, tels que le traitement des factures, le rapprochement de données et la production de rapports, explique Lei Gao, directeur technique du fournisseur de plateformes d'IA conversationnelle SleekFlow. « Ces [processus] ne disparaîtront pas du jour au lendemain, en particulier dans les secteurs traditionnels, ajoute-t-il. Mais nous assisterons à une baisse constante des nouvelles mises en oeuvre de RPA pour ces tâches, car de plus en plus d'entreprises adoptent des workflows axés sur l'IA. »
Selon Lei Gao, au cours des trois à cinq prochaines années, « la RPA deviendra probablement la couche de base - toujours utile, mais de plus en plus invisible -, intégrée dans les systèmes d'orchestration alimentés par l'IA ».
Une question stratégique pour les DSI
Les DSI et autres responsables IT doivent prêter attention à ces évolutions, car la relation croissante entre l'IA et la RPA affectera la maintenance, l'adaptabilité et le contrôle de l'infrastructure d'automatisation, affirme Lei Gao. « La capacité d'adaptation crée certes de nouvelles possibilités, mais débouche aussi sur des compromis. Les agents d'IA ajoutent de nouveaux niveaux d'abstraction, ce qui peut rendre le comportement du système plus difficile à suivre ou à déboguer, en particulier dans les domaines réglementés où la capacité à expliquer les décisions prises est importante », dit-il.
Une évolution vers un environnement d'automatisation davantage alimenté par l'IA exigera des DSI une connaissance approfondie du domaine et un jugement stratégique solide, estime Lei Gao. « La question de haut niveau est la suivante : Quel degré d'autonomie et d'adaptation souhaitons nous dans notre couche d'automatisation et quelle transparence sommes-nous prêts à perdre pour gagner en rapidité et en capacité de passage à l'échelle ? Il ne s'agit pas simplement de passer d'un ensemble d'outils à un autre. Il s'agit de repenser la philosophie de l'automatisation à l'ère de l'IA ».
Article rédigé par
Grant Gross, CIO US (adapté par Reynald Fléchaux)
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