Cloud : Dassault Aviation voit l'horizon SecNumCloud en Bleu
Après EDF, c'est Dassault Aviation qui signe un contrat avec Bleu, pourtant pas encore labellisé SecNumCloud. L'avionneur explique que, pour une entreprise de défense, le cloud de confiance constitue la seule option permettant de continuer à exploiter le collaboratif de Microsoft.
PublicitéAprès EDF, Bleu s'offre une seconde référence, avant même d'être labellisé SecNumCloud par l'Anssi. Cette fois, c'est Dassault Aviation qui annonca avoir retenu le cloud dit de confiance de la société, co-fondée par Orange et Capgemini pour distribuer les technologies Microsoft. Le spécialiste de l'aéronautique indique, dans un communiqué, que cet accord lui permet « d'accéder aux technologies avancées de Microsoft Azure et Office 365 dans un environnement sécurisé et protégé par les lois européennes exclusivement ». Le contrat avec Bleu entre en vigueur le 1er janvier 2026 pour des premiers services appelés à voir le jour à l'été 2026.
Interrogé sur le périmètre du contrat, un porte-parole de l'avionneur précise que l'accord porte sur l'ensemble des collaborateurs équipés de solutions Microsoft. Sur le choix de Bleu, il observe que le fournisseur « était la seule solution pour utiliser Office 365 au sein d'une entreprise de défense ». Confrontée à la fin de vie de Skype, l'avionneur a préféré « la continuité à une énorme transformation d'entreprise » qu'aurait impliqué le déploiement d'une autre solution. Pour son appel d'offres, Dassault Aviation explique avoir également étudié Google mais précise que ce dernier n'avait « pas de solution qualifiée SecNumCloud pour la webconference ». Outscale, filiale de Dassault Systèmes, a été écarté pour les mêmes raisons, en ne proposant pas de suite collaborative. Zoom, également en lice, ne dispose pas de certification SecNumCloud.
La labellisation qui ne fait que débuter
Dans son communiqué, Dassault Aviation « envisage d'obtenir l'homologation Diffusion Restreinte pour certaines fonctionnalités clés déployées dans le cloud de Bleu », sans donner plus de précision. En juin 2023, la société - avec l'appui de Dassault Systèmes - a créé un cloud dédié aux projets militaires. Bernard Charlès, directeur général de l'éditeur, indiquait à l'époque : « il existe trois types de cloud, l'international avec des acteurs étrangers, de confiance pour certaines données et le cloud dédié ».
Bleu est en cours de qualification auprès de l'Anssi afin d'obtenir le label SecNumCloud 3.2. En novembre dernier, la société a annoncé avoir validé l'étape J1 (le premier jalon, correspondant à la mise en place d'une stratégie d'évaluation) confirmant sa stratégie de labellisation de ses services IaaS, PaaS et CaaS. Avant de commercialiser des offres dûment qualifiées, Bleu doit encore franchir deux jalons essentiels dans le processus de labellisation : une phase intensive d'audit validant la conformité de ses services aux 276 exigences du référentiel (le jalon 2 ou J2) et la décision de qualification par l'Anssi (J3).
PublicitéUne immunité aux lois américaines discutée
SecNumCloud, conçu à l'origine comme une certification de sécurité pour les offres cloud, s'est enrichi, avec sa version 3.2 datant de 2022, d'obligations en matière d'immunité aux lois extraterritoriales. Mais la réalité de cette immunité, en particulier à la législation américaine, reste contestée, des questions demeurant en suspens concernant la continuité de services comme l'avaient montré des auditions par une commission d'enquête du Sénat, au printemps dernier.
Tant et si bien que Microsoft a proposé à deux de ses partenaires majeurs en Europe - la filiale de SAP Delos en Allemagne et Bleu en France - un protocole d'accord leur conférant les « capacités techniques et légales » de maintenir les services cloud Azure d'une entreprise ou d'une administration européenne, même si un gouvernement étranger en restreint l'usage. En clair, la garantie d'une forme de continuité de service en cas de sanctions de l'administration Trump. Mi-novembre, SAP a annoncé avoir signé ce protocole avec l'éditeur de Redmond, les deux sociétés se donnant six mois pour concrétiser l'offre de repli sur Delos. De son côté, Bleu indiquait alors dans nos colonnes étudier la proposition du premier éditeur mondial.
Article rédigé par
Jacques Cheminat (avec Reynald Fléchaux)
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