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La crise de la mémoire

La crise de la mémoire

Une prise de recul réfléchie, par le patron de l'INA.

PublicitéA l'heure de la multiplication des données sur nos systèmes informatiques, notamment les sites web ouverts à tous vents sur Internet, l'essai d'Emmanuel Hoog (« Mémoire, année zéro ») constitue une réflexion salutaire. Nous augmentons notre mémoire brute accumulant les informations mais avec des effets pas toujours bien compris ou mesurés. Nous sommes déjà passés, depuis le magnétoscope, d'une mémoire de stock à une mémoire de flux, d'une vision historique et analysée à une succession d'instants capturés (voire volés) jusqu'au gavage. Président directeur général de l'Institut National de l'Audiovisuel, Emmanuel Hoog est un professionnel de la mémoire. Son travail n'hésite pas à remonter dans l'histoire pour nous montrer l'importance de la mémoire... et comment on la manipule, la truque ou l'instrumentalise. Bien sûr, cet ouvrage ne parle pas de gouvernance de systèmes informatiques ou de la meilleure manière de stocker et de traiter des données sur les clients. Ce n'est pas son objet. Mais une moitié de son volume est consacré à la société de l'information. Les supports informatiques sont ainsi comparés à Irénée Funes, le héros de Jorge Luis Borgès qui n'oublie rien, au point d'être paralysé par sa mémoire. L'auteur n'aime guère Internet, qui amène, selon lui, le règne de l'éphémère et du superficiel. Le dirigeant de l'INA ne peut que se désoler de l'impossibilité d'archiver Internet pour l'Eternité, l'Histoire, de le recouvrir de la poussière sacrée des musées. Le citoyen s'effraie devant la conservation anarchique de tout et n'importe quoi qui devient souvent accessible à trous vents, y compris les choses les plus privées ou les plus horribles. Le droit à l'oubli disparaît souvent. L'auteur a une réflexion d'historien, détachée des contingences du business, mais sa prise de recul est là pour faire réfléchir. On ne trouvera pas dans cet ouvrage quoique ce soit sur la maîtrise de l'image publique par la pratique. On n'y trouvera pas non plus de leçon pratique. Mais travailler sur outil qui transforme le monde, comme Internet et l'informatique, implique des responsabilités sociales voire historiques. Il est temps que les DSI s'en préoccupent. « La République des Poètes est pour demain » conclut l'auteur.

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