Stratégie

L'industrie musicale prête à négocier l'entrainement de LLM avec ses contenus sous copyright

L'industrie musicale prête à négocier l'entrainement de LLM avec ses contenus sous copyright
Face aux outils de génération de musique par GenAI alimentée par des morceaux sous copyright, les majors cherchent des accords de licences. (Capture : site Udio)

Les trois géants de l'industrie musicale, Universal Music Group, Warner Music Group et Sony Music Entertainment négocieraient un accord de licences avec deux startups de génération de musique par GenAI, Udio et Suno AI. Une suite logique après des actions en justice contre les jeunes pousses en juin 2024, réclamant des dommages et intérêts.

PublicitéDans l'industrie musicale, la logique face à l'IA est à peu près la même que dans les grands groupes de presse. Tout commence en général avec de grands LLM ou des startups de GenAI qui entraînent sans complexe, ni autorisation, leurs modèles avec des contenus originaux, protégés par le copyright ou le droit d'auteur. En réaction, les grands médias ou les grands groupes musicaux les attaquent en justice pour atteinte au copyright ou droit d'auteur (le copyright américain protège l'oeuvre, alors que le droit d'auteur français protège l'auteur). Enfin, quelques mois plus tard en général, les deux parties arrivent à un accord financier pour, a minima ,donner le droit d'exploitation des contenus dans les résultats de prompts et, a maxima, entraîner les modèles.

C'est ce qui semble se profiler en ce moment, selon Bloomberg, entre les trois plus grandes majors de la musique dans le monde, Universal Music Group (UMG), Warner Music Group (WMG) et Sony Music Entertainment (SME), et les deux start-ups américaines les plus en vue dans la génération de contenu musical, Udio et Suno AI. WMG, UMG et SME détiennent la grande majorité des droits musicaux dans le monde, avec près de 70% de parts de marché en 2024, selon Music & Copyright (même si les labels indépendants montrent une forte croissance).

Licences d'utilisations des oeuvres pour entraîner les LLM

Selon Bloomberg, les trois majors négocieraient actuellement un accord de licence d'utilisation de leurs oeuvres sous copyright avec les deux jeunes pousses, afin que celles-ci puissent s'en servir pour entraîner leurs LLM. Le montant perçu serait a priori - mais sans confirmation pour l'instant - également répercuté par les géants de la musique vers leurs artistes. Une des difficultés de la négociation viendrait de la définition de l'étendue de l'exploitation des oeuvres, les majors réclamant plus de contrôle sur cet aspect, selon le site britannique Cryptopolitan, quand Udio et Suno AI préféreraient disposer de suffisamment de souplesse pour expérimenter.

Udio et Suno AI proposent, en effet à tout un chacun de générer gratuitement un morceau de musique (voix et instruments) à partir d'un simple prompt textuel décrivant le type de morceau souhaité. Des fonctions avancées, comme la regénération d'une partie de chanson, par exemple, sont disponibles en version payante. Pour créer les morceaux de musique, les deux start-ups ont développé des LLM qu'elles entraînent avec de la musique existante, y compris sous copyright. Ce qui leur a valu les foudres et des attaques en justice depuis juin 2024 des géants de l'industrie, pour 'copyright infringement' au travers de la RIAA (Recording industry association of america), syndicat professionnel de l'industrie musicale américaine poussé par les trois majors. Le trio réclamait des dommages et intérêts d'un montant pouvant atteindre 150 000 $ (environ 130 000 €) par oeuvre exploitée sans autorisation.

PublicitéInvocation du "fair use"

Comme le font souvent les acteurs de la GenAI, Usio et Suno AI ont d'abord invoqué une utilisation en "fair use" des oeuvres sous copyright, autrement dit dans un volume limité comme autorisé par la régulation américaine, se disant ainsi surpris que les propriétaires et auteurs des oeuvres réclament une compensation financière. La notion de fair use dans le cadre de l'entraînement d'un LLM semble cependant pour le moins contestable, au vu du volume de données nécessaires.

Créée fin 2023 par des anciens de Google Deep Mind, Udio a sorti une première version bêta de son IA il y a à peine plus d'un an. Fondée a la même époque, Suno AI a, quant à elle, publié une première version de son modèle et d'un prompt text-to-speech dès avril 2023 sur Github. Certaines jeunes pousses adoptent cependant d'emblée une posture plus amicale vis-à-vis de l'industrie. C'est le cas de Mashapp, qui a lancé en février 2025 une app pour générer par GenAI des mash-ups de morceaux existants, sous copyright. Mais, contrairement à Udio et Suno AI, Mashapp a pris les devants et a signé, avant même la publication de sa solution, des accords de licences avec les sociétés de l'industrie musicale, afin d'utiliser leur contenu sous licence.

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