Jean-Luc Santerre (Club PeopleSoft) : « Les utilisateurs de SIRH sont demandeurs d'aide pour choisir leur stratégie »

Jean-Luc Santerre est président du club des utilisateurs francophones de PeopleSoft, produit acquis par Oracle il y a dix ans. Le club fête cette année ses 15 ans. Jean-Luc Santerre est désormais également administrateur de l'Association des utilisateurs francophones d'Oracle et pilote le groupe HCM Users Workplace.
PublicitéCIO : Quelles sont les activités du club français des utilisateurs de PeopleSoft ?
Jean-Luc Santerre : Notre modèle est globalement le même que celui de l'AUFO (Association des utilisateurs francophones d'Oracle) : nous organisons 15 à 20 réunions physiques par an sous la forme de commissions (Finance, RH, Technique...) en plus des événements inter-clubs. Nous partageons en effet la délégation générale et nous mutualisons les moyens logistiques avec l'AUFO et le club des utilisateurs JDEdwards.
Malgré le rachat de nouvelles enseignes par Oracle il y a dix ans, au même titre que l'éditeur maintient des marques et des roadmaps distinctes, nos clubs utilisateurs restent séparés pour représenter les utilisateurs de chaque produit et valoriser leur intérêt spécifique. Conformément à ses engagements de l'époque, nous pouvons nous réjouir qu'Oracle ait tenu ses promesses faites lors des rachats, de pérenniser l'offre Peoplesoft en continuant ses investissements dans son programme de support « unlimited ».
Nos membres sont des entreprises ou des organisations hors secteur marchand, utilisatrices de PeopleSoft. Les SSII ne peuvent adhérer qu'en tant qu'utilisateurs pour leur propre compte. Mais nous ne nous interdisons pas d'inviter des prestataires à certaines réunions lorsque les membres y ont intérêt. Les membres sont fidèles et les adhésions stables.
CIO : PeopleSoft était surtout connu pour ses fonctionnalités RH même si c'est un PGI complet au même titre qu'e-Business Suite. Vos adhérents sont-ils plutôt utilisateurs du PGI ou juste du module RH ?
Jean-Luc Santerre : En nombre d'entreprises, la répartition est d'environ deux tiers en pur RH et un tiers RH et finance ou finance uniquement. Les sociétés adhérentes en France représentent environ trois millions de salariés couverts par les solutions PeopleSoft.
CIO : Malgré tout, vous avez monté de manière commune aux trois clubs le HCM Users Workplace. Pourquoi cette initiative ?
Jean-Luc Santerre : Il est clair que l'avenir n'est pas seulement du côté des PGI type PeopleSoft hébergés sur site.
Les offres d'Oracle appliquées au domaine des Ressources Humaines s'enrichissent et s'étendent. C'est notamment le cas avec les solutions en mode SaaS comme « Taleo », rachetée par Oracle, et aussi «Oracle's Fusion Human Capital Management ».
Or les utilisateurs des solutions de GRH des trois PGI Oracle, PeopleSoft et JDEdwards comme ceux de Taleo sont intéressés par le sujet HCM.
Ils sont à cet égard un peu perdus et de ce fait demandeurs d'aide pour confronter et fixer leur stratégie SIRH. Naturellement, ils se retournent vers les clubs utilisateurs.
PublicitéCIO : Quelles sont les questions que ces utilisateurs se posent ?
CIO : Quelles sont les questions que ces utilisateurs se posent ?
Jean-Luc Santerre : Les entreprises doivent définir leur stratégie d'achat d'outils et leur évolution. En particulier, elles doivent choisir entre des solutions installées chez elles ou dans le cloud. Elles doivent aussi prendre la bonne décision au bon moment entre une montée de version et un éventuel changement de solution. Bien entendu, le choix de la solution intégrée s'oppose à celui d'adopter des modules d'éditeurs différents selon une logique de best of breed. Et n'oublions pas que lorsque des sociétés fusionnent, elles se retrouvent avec des héritages divers avec lesquels il faut composer ou entre lesquels il faut arbitrer.
CIO : La tendance est-elle plutôt en faveur du cloud ou de l'installation locale ?
Jean-Luc Santerre : Même si le modèle SaaS a le vent en poupe, certaines entreprises confirment résolument leur stratégie PGI, ne serait-ce qu'en raison de leur volonté de personnaliser leurs solutions. Comme pour d'autres fonctions, la MOA RH est intéressée par l'autonomie qui lui est promise par le Cloud. Mais les DSI semblent dubitatifs et rappellent les exigences liées à la sécurité et à l'intégration. La question ne se tranche donc pas de manière globale.
Le HCM Users Workplace est précisément un lieu de discussion pour ceux qui ont à définir leur stratégie en la matière. Les utilisateurs peuvent très bien avoir PeopleSoft ou un autre PGI en installation locale et Taleo en SaaS. La question alors posée est, par exemple, de savoir s'il faut garder Taleo en SaaS, migrer le PGI vers une solution Oracle en SaaS, adopter un concurrent en SaaS ou en local, etc. L'une des difficultés avec le Saas, une force de ce modèle aussi, est que l'on passe d'une montée de version tous les deux ou trois ans à deux ou trois montées de versions chaque année.
Les utilisateurs viennent dans un club pour savoir comment font les autres et aussi ce qu'il faut éviter de faire.
CIO : Quelles difficultés un passage en SaaS pose-t-il ?
Jean-Luc Santerre : L'évolution beaucoup plus fréquente du produit est une chose. Le mode de configuration de l'outil en est une autre. Le mode Saas modifie la relation MOA/MOE, la manière de travailler avec des intégrateurs, avec l'éditeur aussi. Se pose entre autres avec lui la question de la contractualisation liée à l'achat de service et non plus de logiciel, de même se pose la question de la contractualisation des niveaux de service (SLA) qui doivent être définis de manière plus étendue qu'auparavant.
Quand il s'agit d'influer sur la feuille de route de l'éditeur ou au quotidien dans les relations avec le fournisseur, le SaaS change la donne. Jadis, 10 000 salariés, cela comptait pour une branche locale d'un éditeur. Ce n'est plus le cas avec le SaaS qui est partagé par un grand nombre d'entreprises dans le monde.
Même minoritaires, les utilisateurs veulent être entendus quand il parlent. Mais là aussi, l'union fait la force et le passage au SaaS appelle d'autant plus à se regrouper au sein de clubs pour pouvoir parler d'une voix forte.
Dans le contexte français, il est également préférable de ne pas sous-estimer l'enjeu des relations sociales. Même si pour l'heure je n'ai pas entendu parler d'un souci lié à ce point, en SaaS ou pas, les devoirs d'information, voire de consultation d'instances représentatives du personnel subsistent dès lors que l'évolution du SIRH modifie l'organisation du travail et peut, par exemple, avoir un impact sur l'emploi, la qualification, la rémunération, la formation ou les conditions de travail du personnel.
CIO : Et côté conformité réglementaire, notamment du point de vue données personnelles, le cloud n'est-il pas un problème pour des outils de GRH ?
CIO : Et côté conformité réglementaire, notamment du point de vue données personnelles, le cloud n'est-il pas un problème pour des outils de GRH ?
Jean-Luc Santerre : Ce n'est pas ce que dit le marché. En fait, les SaaS s'implantent en entreprises, partout dans le monde, d'abord avec la GRC puis largement avec la GRH. Pourtant, c'est vrai, il n'y a pas que la NSA qui fait peur et il faut croire que le recours au SaaS rend suffisamment de services pour contrer le problème que vous évoquez !
Plus sérieusement aujourd'hui, les garanties et les niveaux de services offerts par les leaders du marché permettent aux entreprises et organisations d'héberger leurs données sensibles dans le Cloud. Il n'en reste pas moins vrai que l'entreprise doit garantir le respect des clauses préconisées par la CNIL sur la protection des données. Elle doit veiller de près à l'usage de services qui collectent, stockent, gèrent ou traitent des données qui doivent se conformer à la législation européenne.
CIO : Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez en ce moment ?
Jean-Luc Santerre : La feuille de route de l'éditeur. Elle ne correspond pas toujours aux attentes prioritaires des utilisateurs qui ont des besoins propres de localisation. Se pose également la question de la surveillance du niveau de service (SLA monitoring) que l'éditeur est tenu de garantir avec une réactivité sans faille en cas d'incident. Les sujets à l'ordre du jour sont multiples.
La gestion des versions devient également un sujet d'intérêt prioritaire Le besoin de visibilité des entreprises est d'autant plus fort que le renouvellement s'accélère. Il faut s'organiser pour gérer ces changements et pas seulement sur le plan technique.
Et puis l'accroissement des ambitions numériques dans les entreprises joue aussi. L'accès ubiquitaire, l'intégration aux réseaux sociaux, etc. des solutions SaaS, génèrent de nouvelles opportunités et de nouveaux sujets d'échanges et de travail en commun pour les utilisateurs de ces solutions. Tout un programme...
Article rédigé par

Bertrand Lemaire, Rédacteur en chef de CIO
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