Vincent Brillot (Club JDE) : « La localisation des versions est notre principale difficulté »

Vincent Brillot est président du club des utilisateurs francophones de JDEdwards, produit acquis par Oracle il y a dix ans. Tout comme l'AUFO, ce club fête ses vingt ans cette année.
PublicitéCIO : Comment peut-on présenter le club français des utilisateurs de JDEdwards ?
Vincent Brillot : Nous regroupons à ce jour environ 70 entreprises dont un quart ayant un chiffre d'affaires compris entre 250 millions et 1 milliard d'euros de chiffre d'affaires et un autre quart au dessus d'un milliard d'euros.
Chaque entreprise adhérente peut envoyer autant de personnes physiques qu'elle souhaite. Même si les utilisateurs finaux sont bien sûr plutôt métier, les personnes qui viennent aux réunions sont plutôt côté informatique.
JDEdwards est orienté entreprises moyennes et connu pour être beaucoup employé par des entreprises industrielles. Nos adhérents sont donc souvent situés en province. De ce fait, nous préférons organiser trois journées entières chaque année à Paris, où vont se succéder les ateliers associant IT et business, par exemple sur la localisation ou la logistique/distribution. Nous organisons aussi un webinar par mois pour présenter aux membres un apport de solution. Par exemple, une SSII peut présenter l'intégration des fichiers comptables.
CIO : Vos membres sont-ils équipés de JDEdwards pour l'ensemble des fonctions classiques d'un PGI ou bien préfèrent-ils une approche Best of Breed ?
Vincent Brillot : C'est très variable d'une entreprise à l'autre. En général, JDEdwards n'est que l'un des constituants du système d'information. Pour notre dernière Assemblée générale, nous avions interrogé nos membres. Gestion financière et gestion des achats sont installées par la quasi-totalité des entreprises. La gestion commerciale et la tarification le sont respectivement à 71,43% et 67,86%. D'autres modules sont beaucoup moins courants.
Certaines fonctions sont très majoritairement interfacées avec JDEdwards, par exemple la gestion de trésorerie (71,43%, plutôt Sage ou Kiriba) ou le décisionnel (75%, plutôt BO ou Cognos).
CIO : Y-a-t-il beaucoup d'installations dans le cloud ?
CIO : Y-a-t-il beaucoup d'installations dans le cloud ?
Vincent Brillot : Chaque entreprise peut choisir son mode d'hébergement avec une grande liberté : JDEdwards possède en effet aujourd'hui une interface full web. Ainsi, Il existe une offre d'hébergement de JDEdwards sur cloud public d'Amazon aux Etats-Unis.
Mais la plupart de nos membres sont très attachés à la possession de leurs salles serveurs. Les deux tiers possèdent en effet leur propre salle serveur et un quart ont une salle serveur externalisée mais privée.
CIO : Rencontrez-vous les mêmes problèmes que d'autres clients de PGI ou de bases de données autour des licences de JDEdwards sur des serveurs virtuels ?
PublicitéVincent Brillot : Non, nous n'avons aucun problème de ce genre avec JDEdwards en lui-même. En effet, son mode actuel de licences est au nombre d'utilisateurs. Il reste cependant quelques anciens contrats basés sur un tarif lié au chiffre d'affaires de l'entreprise utilisatrice. De toutes les façons, le nombre de processeurs, le fait que la machine soit virtuelle ou non, etc. n'a donc aucune importance sur le tarif des licences.
CIO : Etes-vous déjà concernés par la nouvelle plate-forme d'Oracle, Fusion ?
Vincent Brillot : Il y a deux niveaux dans Fusion. Le premier concerne le middleware Oracle où la migration est en cours. JDEdwards est évidemment impacté au même titre que tous les progiciels s'appuyant sur le middleware d'Oracle. Cela dit, pour des raisons historiques, il reste quelques implémentations de JDEdwards s'appuyant sur le middleware d'IBM.
Le second niveau est celui de l'applicatif. Or, là, on est encore largement dans le concept marketing autour d'une solution qui n'existe pas encore. Seuls les modules HCM (gestion des ressources humaines) et de gestion de la relation clients commencent à être déployés. Mais JDEdwards ne disposait pas d'offre solide dans ces domaines. Il existe aussi un module Fusion Finances aux Etats-Unis mais qui n'est pas encore localisé. Du point de vue applicatif, il faudra donc encore de nombreuses années avant que les utilisateurs de JDEdwards (en dehors des Etats-Unis) ne soient concernés.
CIO : Ne craignez-vous pas, à terme, malgré tout, que JDEdwards disparaisse ?
Vincent Brillot : Je suis réellement persuadé que JDEdwards ne disparaîtra pas. Le progiciel bénéficie d'une équipe de développement séparée, très indépendante. Et c'est d'autant plus pérenne que le nombre d'utilisateurs des solutions JDEdwards s'accroît.
CIO : Avez-vous de bonnes relations avec Oracle ?
CIO : Avez-vous de bonnes relations avec Oracle ?
Vincent Brillot : Nous avons des relations constructives, de bons échanges. Nous bénéficions d'une vraie écoute et d'un accompagnement certain. Nous disposons même de liens directs avec les équipes de développement de JDEdwards. Quand nous les sollicitons, nous avons souvent des réponses positives. Par contre, nous ne pouvons pas influencer directement la roadmap qui repose plutôt sur les travaux d'un panel de grands utilisateurs mondiaux réuni par l'éditeur lui-même.
CIO : Quelles sont vos principales difficultés ?
Vincent Brillot : Le principal point d'achoppement concerne les localisations des solutions. Oracle n'adapte pas ses solutions JDEdwards à un nombre suffisant de pays et les « petits » pays sont souvent négligés (En Europe : Roumanie, Grèce, Bulgarie... où certaines entreprises membres peuvent avoir des implantations). En plus, il y a une latence importante entre la sortie de la version américaine et la sortie des versions localisées. Pour prendre un exemple concernant directement la France, le fichier des écritures comptable (FEC) n'a pas été livré sans bug au 1er janvier 2014 alors que c'était une obligation légale à cette date.
D'une manière générale, nous sommes souvent ennuyés par la lenteur de déploiement des mises à jour en cas de modification réglementaire. Et puis Oracle travaille prioritairement sur les mises à jour des dernières versions. Or seuls 9% des utilisateurs sont sur la dernière mise à jour.
Article rédigé par

Bertrand Lemaire, Rédacteur en chef de CIO
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