Stratégie

Jean-Jacques Camps (AUFO) : « nos relations ne sont pas conflictuelles avec Oracle mais... »

Jean-Jacques Camps (AUFO) : « nos relations ne sont pas conflictuelles avec Oracle mais... »

L'Association des Utilisateurs Francophones d'Oracle fête cette année ses vingt ans (AUFO). Son président, Jean-Jacques Camps, détaille les activités du club et revient sur l'actualité d'Oracle vue par ses utilisateurs ainsi que sur les sujets sensibles comme les audits de licences.

PublicitéCIO : Quelles sont les activités de l'AUFO et quels sont ses adhérents ?

Jean-Jacques Camps : Nos adhérents sont des entreprises et organismes, pour la moitié avec plus de 1000 salariés et pour les deux-tiers franciliennes, qui peuvent déléguer autant de collaborateurs qu'elles le souhaitent à nos réunions. Notre financement provient exclusivement des cotisations de nos membres. Mon objectif est que nous ayons en réserve environ un an de budget de fonctionnement. Cette année, nous devrions être à 75% de cet objectif.
Nos activités privilégient les contacts physiques entre membres. Animer une communauté en ligne est beaucoup trop chronophage pour une équipe de bénévoles. De ce fait, nos membres sont « de proximité » : France métropolitaine, Belgique, Luxembourg, Maghreb... mais pas le Québec par exemple.
Ce qui attire nos adhérents et justifie leurs cotisations, c'est avant tout ces échanges autour de la vraie vie, sur ce qui marche ou pas, sur ce qui poser problème ou sur ce qu'il faut faire ou non. Et puis la cotisation peut permettre d'économiser de nombreuses journées de consultants grâce aux échanges de bonnes pratiques et d'astuces. Elle est donc très rentable.

CIO : Justement, quelles sont les types de rencontres et d'échanges ?

Jean-Jacques Camps : Nous avons tout d'abord la Journée Annuelle qui est ouverte aux non-adhérents. Nous organisons des commissions sur des sujets ponctuels. Celles-ci durent chacune une demi-journée. Les groupes de travail, à l'inverse, réunissent des personnes similaires sur une certaine durée autour d'un thème (la gestion d'actifs, le secteur public, etc.). Nous commençons à organiser des webconférences d'une heure (par exemple : le passage à la dématérialisation, le contrôle fiscal informatisé).
Enfin, nous avons un système d'appel à contact, les « questions aux membres ». Un membre en difficulté envoie sa question à la Délégation Générale qui la répercute aux adhérents afin d'avoir une mise en relation entre le membre en difficulté et quelqu'un ayant une réponse à apporter. A l'inverse, les forums où il faut venir chercher l'information ne marchent pas.
Nous relayons nos actualités via la lettre d'information trimestrielle. Et nos Trophées annuels permettent de valoriser les meilleures réussites.

CIO : Contrairement à l'USF (Utilisateurs de SAP Francophones) qui a absorbé au fur et à mesure tous les clubs d'utilisateurs de solutions rachetées par SAP, il existe toujours un club PeopleSoft et un club JDEdwards. L'arrivée de Oracle Fusion va-t-elle amorcer une fusion des trois clubs ?

Jean-Jacques Camps : A notre connaissance, il y a peu d'utilisateurs de Fusion. D'ailleurs Oracle présente aujourd'hui ses offres en parlant de cloud, de SaaS. Le module le plus abouti à ce jour est HCM, une GRH en SaaS, mais nous n'avons pas encore de cas de mise en production en France.
Historiquement, chacune des trois associations était plutôt tournée vers les PGI. Mais l'AUFO prend en charge tout ce qui intègre l'offre Oracle. Nous allons ainsi créer un groupe Primavera et notre groupe Siebel a été très actif ces derniers mois.
Nous avons un groupe de travail middleware mais, par contre, la base de données est vue au travers des applicatifs. Les responsables bases de données se déplacent en effet peu par rapport aux DSI et aux chefs de projets. Ils préfèrent recourir aux forums.

PublicitéCIO : Oracle a-t-il réussi à avoir un système de licences simple et clair dans le cas des serveurs virtuels et du cloud ?

CIO : Oracle a-t-il réussi à avoir un système de licences simple et clair dans le cas des serveurs virtuels et du cloud ?

Jean-Jacques Camps : Les contrats de licence sont clairs mais la politique tarifaire comporte des pièges. Ainsi, les licences de bases de données sont attribuées au nombre de processeurs physiques de la machine et pas au nombre de processeurs affectés à telle machine virtuelle. Surtout, les licences de bases de données ne sont offertes avec les PGI que si le schéma des tables reste inchangé, autrement dit si l'entreprise utilise du 100% standard. Et l'analyse des contrats Oracle est une épreuve d'archéologie car il faut remonter sur les différents contrats successifs !
Des gens qui croient être conformes, de bonne foi, se retrouvent ainsi parfois en tort. Nous avons bien sûr la volonté d'expliquer à Oracle qu'il faudrait faire autrement mais nous ne sommes pas naïfs sur notre capacité à influencer ce groupe. Il y a quelques années, lorsque nous avions voulu mettre en place un groupe de discussion avec Oracle et le Cigref, la filiale française était d'accord mais le siège aux Etats-Unis a refusé.
Nos membres sont très différents les uns des autres tant par les produits utilisés (Siebel, e-Business Suite, etc.) que par les profils (PME, CAC 40...). Contrairement à l'USF qui a essentiellement de grandes entreprises, nous avons donc du mal à afficher une ligne unique face à l'éditeur. Il est par conséquent moins pertinent de lancer une action de groupe à la manière de la Guerre de Maintenance menée par l'USF.
Pour éviter les mauvaises surprises, nous allons rédiger, au sein du Groupe de Travail Gestion d'Actifs un « livre de recettes » pour se préparer aux audits de licences. L'AUFO, cependant, s'est déjà émue officiellement de certaines dérives commerciales sur le terrain et ces plaintes ont été entendues.

CIO : Quel est le taux de maintenance appliqué par Oracle ?

Jean-Jacques Camps : Le taux varie selon les dates de contrats et les négociations mais, contrairement à l'USF, nous n'avons pas de soucis de modification unilatérale de contrat. Oracle est plus subtil que SAP. Il veille à ce que les relations avec les clubs soient bonnes. Même si nos intérêts peuvent parfois diverger.

CIO : Avez-vous une influence sur la roadmap ?

CIO : Avez-vous une influence sur la roadmap ?

Jean-Jacques Camps : Cela dépend des moments et des sujets. Il n'est pas impossible d'influer. Oracle sait écouter et écoute. Par exemple, le vertical dédié au secteur public a largement évolué selon les demandes opérées en France.
Evidemment, le poids des utilisateurs français est bien moindre que celui des utilisateurs américains. Question de nombre.

CIO : Oracle va lancer une base en mémoire. Pensez-vous que cela soit dû à l'intérêt manifesté par les utilisateurs pour SAP Hana ?

Jean-Jacques Camps : Nous n'avons jamais posé la question à nos adhérents. Mais Oracle a jusqu'à présent beaucoup poussé ses appliances physiques avec une base de données optimisée, les performances pouvant être multipliées par dix par rapport à un serveur ordinaire. Ces appliances constituaient jusqu'à présent son alternative à l'In-Memory. Mais nous n'avons pas de groupe de travail sur ces produits car le nombre d'utilisateurs est très limité, ce qui est normal avec un ticket d'entrée à un million d'euros.

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