IA pour les développeurs : les entreprises font fausse route, dit Bain

Trop focalisées sur la seule complétion de code, les entreprises sont en train de passer à côté des réels bénéfices de la GenAI dans le développement, assure Bain & Company. Qui préconise une refonte complète de cette activité.
PublicitéLe développement logiciel a été parmi les premiers à s'engouffrer dans les promesses de l'IA générative. Mais la révolution promise n'a jusqu'à présent apporté que des gains de productivité modestes, selon une étude de Bain & Company. Pour la société de conseil, seule une refonte complète du cycle de vie des logiciels permettrait de changer la donne.
Selon le rapport de Bain (appelé Tech Report 2025), l'IA générative dans le développement logiciel n'est pas encore à la hauteur de l'engouement suscité. Deux tiers des éditeurs de logiciels ont ainsi déployé des outils de GenAI, mais leur adoption par les développeurs reste faible. Les équipes utilisant des assistants IA signalent certes une augmentation de productivité de l'ordre de 10 à 15%, « mais souvent le temps gagné n'est pas réemployé à des tâches à plus forte valeur ajoutée », signale Bain.
Changer les méthodes de travail : un réel obstacle
Pour le cabinet de conseil, cette déception découle d'un malentendu : la focalisation des entreprises sur la seule génération de code. « L'écriture de code et les tests ne représentent qu'environ 25 à 35% du temps passé entre l'idée initiale et le lancement du produit », soulignent les auteurs du rapport, qui plaident pour l'utilisation de la GenAI sur l'ensemble du cycle de développement. Et de citer le cas de Goldman Sachs qui a intégré la GenAI dans sa plateforme de développement maison en l'optimisant sur sa base de code et sa documentation de projets. « Ce qui donne aux ingénieurs des solutions de développement contextualisées et temps réel bien au-delà de la simple auto-complétion », insiste Bain.
Cette approche limitative est loin d'être le seul obstacle à l'introduction de l'IA dans le monde du développement, selon le rapport. Comme dans d'autres métiers, l'adoption par les utilisateurs est un facteur clef. « Trois entreprises sur quatre affirment que le plus difficile est d'amener leurs employés à changer leurs méthodes de travail », souligne Bain. Sans oublier les effets de bord. Une autre étude, émanant du groupe de recherche à but non lucratif Model Evaluation & Threat Research (METR), suggère que les outils de codage IA ralentissent en réalité les développeurs, contrairement aux attentes, en raison du temps qu'ils consacrent à vérifier et corriger les erreurs commises par l'IA.
Pour Bain & Company, aucun des obstacles qu'il répertorie n'est toutefois insurmontable. « Souvent, les barrières les plus significatives sont d'ordre humain. Les surmonter nécessite donc un investissement important en formation, communication et changement e la culture interne », écrivent les auteurs. Pour le cabinet, la clef de la réussite étant de considérer l'introduction de la GenAI dans les activités de développement comme une transformation fondamentale de l'activité, et non comme un projet ponctuel. Une perspective évidemment alléchante pour les cabinets de conseil, qui se rejoignent sur cette antienne que l'on parle de développement ou, plus largement, de l'intégration de l'IA dans les processus d'entreprise.
Article rédigé par

Reynald Fléchaux, Rédacteur en chef CIO
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