Jaguar Land Rover : le coût de la cyberattaque dépassera bien les 2 Md€
Les récents résultats de Tata Motors, maison mère de Jaguar Land Rover, confirment l'ampleur des pertes financières consécutives à un arrêt de production de 5 semaines chez le constructeur automobile après une cyberattaque. Sur un seul trimestre fiscal, les conséquences atteignent déjà les deux milliards d'euros.
PublicitéLes estimations les plus pessimistes des experts n'étaient pas exagérées. Même si les périmètres évalués sont sensiblement différents, les résultats de Tata Motors, le groupe indien à la tête Jaguar Land Rover, confirment l'ampleur des pertes provoquées par la cyberattaque dont a été victime le constructeur automobile d'origine britannique. Le groupe indien évalue les conséquences de cet événement à 2,35 Md$ (soit 2 Md€) pour son seul trimestre fiscal clos le 30 septembre. Cette perte se décompose en coûts directs (pour 222 M€) et en une sévère décrue des ventes (qui plongent de 7,3 à 5,5 Md€ sur un an). Et ces résultats auraient encore été pires sans la croissance des ventes du groupe en Inde.
A l'annonce de ces résultats, l'action de Tata Motors a dévissé de plus de 7% à la bourse indienne, lundi 17 novembre. Trois jours plus tôt, le groupe avait également revu à la baisse ses objectifs de marge pour son année fiscale en cours, en raison de la cyberattaque qui a mis à l'arrêt la production de Jaguar Land Rover durant 5 semaines et a touché par ricochet 5 000 autres sociétés. « Pour la première fois depuis 12 trimestres, nous publions une perte et non un bénéfice », constate le directeur financier de Jaguar Land Rover, Richard Molyneux, sur LinkedIn. Dans le détail, sur le trimestre clos fin septembre, les ventes en gros s'effondrent de 24%, tandis que celles au détail reculent de 17%, aboutissant à une perte de 550 M€ (contre un bénéfice de 451 M€ un an plus tôt).
Encore des pertes à comptabiliser
Dans ce même post LinkedIn, le responsable financier reconnaît que le redémarrage de l'activité est encore en cours, celui-ci ayant été officialisé le 7 octobre. Un timing qui donne à penser que l'entreprise n'a pas encore comptabilisé l'ensemble des pertes occasionnées par la cyberattaque lors du trimestre fiscal clos le 30 septembre. Selon les experts, la production mettra plusieurs semaines avant de retrouver son niveau d'avant la crise et les ventes de la marque continueront à être affectées par ce redémarrage progressif. De son côté, le constructeur assure que celui-ci se déroule conformément à ses attentes, avec l'ensemble des usines « atteignant ou approchant » leur niveau de production nominal. Rappelons que Jaguar Land Rover avait fermé toutes ses usines en Grande-Bretagne (soit trois sites majeurs, employant quelque 30 000 personnes) et ailleurs (notamment l'usine de Nitra, en Slovaquie, et les sites au Brésil et en Inde) suite à la découverte de l'intrusion, fin août.
Les estimations données par Tata pour son dernier trimestre fiscal apparaissent cohérentes, voire supérieures, avec le haut de la fourchette des évaluations menées par des analystes indépendants de l'entreprise. En octobre, le Cyber Monitoring Center (CMC), un centre britannique évaluant l'impact des incidents cyber, estimait le coût de la cyberattaque à entre 1,8 et 2,4 Md€. Les chercheurs du CMC disaient s'attendre à des impacts s'étalant jusqu'en janvier prochain.
PublicitéUn effet sur l'économie britannique
Pour son évaluation, le centre britannique a additionné les pertes opérationnelles : interruptions de production et limitation de celle-ci lors de la phase de reprise progressive, coût de la réponse à incident et de la reconstruction des systèmes, impacts dans la supply chain du constructeur, réduction des ventes dans le réseau de distribution, pertes essuyées par d'autres prestataires du groupe (service, transport, exportation...) ainsi qu'effets négatifs sur l'économie locale. Son étude intègre donc les effets indirects, sur les sous-traitants et partenaires de l'industriel et sur l'économie locale autour des sites mis à l'arrêt par la cyberattaque. Début novembre, la Banque d'Angleterre a indiqué que l'arrêt dont a été victime le constructeur automobile avait pesé sur l'économie du Royaume-Uni. C'est, selon l'établissement, un des facteurs qui explique le niveau décevant de la croissance de l'économie britannique au troisième trimestre (à +0,2%, soit 0,1 point en dessous des prévisions).
Article rédigé par
Reynald Fléchaux, Rédacteur en chef CIO
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