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Pour leurs administrations, la France et l'Allemagne rapprochent SAP de Mistral

Pour leurs administrations, la France et l'Allemagne rapprochent SAP de Mistral
En France, sous la houlette de Bercy, l’administration centrale exploite SAP pour la gestion de ses dépenses, au travers du progiciel Chorus (25 000 utilisateurs). (Photo Loukian/Unsplash)

Le sommet franco-allemand accouche d'un rapprochement entre SAP et Mistral. Objectif : bâtir un ERP dopé à l'IA pensé pour les besoins du secteur public des deux côtés du Rhin.

PublicitéDans le cadre du sommet franco-allemand sur la souveraineté numérique, qui s'est tenu le 18 novembre à Berlin, les gouvernements des deux pays ont dévoilé leur intention de mettre sur pied un partenariat public-privé pour bâtir un ERP souverain, dopé à l'IA. Cette solution, qui associe l'Allemand SAP et le Français Mistral, doit être hébergée au sein d'un Consortium franco-allemand pour l'infrastructure numérique européenne, un EDIC (European Digital Infrastructure Consortium), soit une structure juridique proposée aux Etats membres par la Commission dans le cadre de son programme numérique à l'horizon 2030.

Ce consortium, qui doit coordonner la contribution des deux éditeurs et veiller au respect de principes d'interopérabilité et d'ouverture, vise à mettre en place un ERP conjoint, qualifié de souverain, répondant aux exigences des administrations des deux côtés du Rhin. Sur ce socle viendra se greffer des formes d'intelligence : automatisation des workflows financiers (comme le classement des factures et les contrôles d'audit) et mise en place d'agents d'IA dédiés (pensés pour les fonctionnaires, mais aussi pour les citoyens). Dans leur communiqué commun, les gouvernements allemands et français mentionnent également la création de laboratoires communs, notamment sur les usages de l'IA dans les ERP et sur les questions relatives à l'explicabilité, à l'auditabilité et à la traçabilité des systèmes.

Le successeur de Chorus ?

Par contre, le communiqué des deux gouvernements ne mentionne pas quelles seront les administrations qui seront ciblées en priorité par ce développement. En France, SAP joue un rôle clef dans la gestion des dépenses de l'Etat avec Chorus, progiciel généralisé depuis le début des années 2010. Le système compte aujourd'hui quelque 25 000 utilisateurs. Ni le communiqué, ni le service de presse du ministère de l'Intelligence artificielle et du numérique, ni l'agence qui pilote les évolutions du progiciel comptable de l'Etat (AIFE, Agence pour l'informatique financière de l'Etat) ne précise si la solution qui doit naître de l'EDIC est appelée à succéder à Chorus. En 2024, le progiciel a basculé vers la version S/4 Hana de SAP sur des datacenters internes à l'Etat.

Outre-Rhin, l'alliance franco-allemande soulève d'autres questions et incertitudes. En effet, localement, SAP propose déjà une offre de cloud spécifique à l'administration sur l'équivalent d'un cloud de confiance (Delos Cloud, une filiale à 100% de SAP qui repose sur les technologies Microsoft Azure). Delos héberge, par exemple, les systèmes de l'agence fédérale pour l'emploi (Bundesagentur fûr Arbeit). Or, en septembre dernier, SAP a annoncé l'intégration des modèles d'OpenAI sur Delos, afin de bâtir une offre appelée OpenAI for Germany visant à équiper les fonctionnaires allemands des modèles de l'éditeur américain au sein des applications SAP hébergées sur ce cloud.

PublicitéDes déploiements dès 2026-2030

Dans leur lettre d'intention portant sur la création de ce nouvel EDIC intégrant SAP et Mistral, les deux pays s'engagent à officialiser leur engagement par la signature d'un accord-cadre contraignant d'ici mi-2026. Ce document devra définir la gouvernance, le champ d'application de cette coopération et les mécanismes de financement. Le communiqué des deux gouvernements promet aussi des cas d'usage « à fort impact » déployés dans les administrations sur la période 2026-2030. Chez nos confrères des Echos, Arthur Mensch, fondateur de Mistral, assure que le partenariat franco-allemand devrait générer « plusieurs centaines de millions d'euros » de revenus pour les deux éditeurs, qui prévoient de leur côté d'investir plusieurs dizaines de millions d'euros dans le projet.

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