Georges Epinette, DSI des Mousquetaires : « Il faut penser aux intérêts de la boutique avant de penser à ceux de la DSI »


Garantir la performance quotidienne au service des métiers
Si le DSI se doit d'être un stratège de la transformation du numérique, un héraut de l'innovation et le messie des nouvelles tendances, la première raison du mécontentement des utilisateurs sera une panne de l'e-mail ou un réseau trop lent. Face aux usages numériques croissants, garantir le bon...
DécouvrirCoincé entre les bons, les beaufs et les barbares, le DSI doit prouver son efficacité au sein de l'entreprise. Invité à la matinée Transformer la DSI pour optimiser son efficacité de CIO, Georges Epinette, directeur général de la STIME, est venu détailler ses astuces pour y arriver.
Publicité« Il n'y a pas de recette miracle », lance Georges Epinette, directeur général de la STIME, la DSI filialisée du groupement des Mousquetaires, en montant sur la scène de la matinée CIO Transformer la DSI pour optimiser son efficacité du 18 novembre 2014. Selon lui, le première étape pour prouver la performance de la DSI c'est déjà de visualiser l'image que véhiculent cette dernière au sein de l'entreprise.
En outre, la DSI doit connaître, deviner et anticiper les attentes de la direction général et des métiers. « Si ce n'est pas amendable ou inconciliable, mieux vaut se barrer », ironise Georges Epinette. Plus sérieusement, il explique qu'il faut enchaîner une phase d'obéissance pour montrer que la DSI peut aller dans la même direction, et ensuite une phase d'éducation pour élever le débat entre les parties prenantes.
« Aujourd'hui, le directeur général n'est plus une personne qui prend toutes les décisions du haut d'un trône, c'est souvent un agrégateur. Or, la gouvernance tend de plus en plus vers une logique bottom-up et vient des directions métiers. La vision du directeur général est donc coalisée », explique le directeur général de la STIME. Cela implique la réalisation d'une carte des acteurs et des alliés au sein de l'entreprise. Georges Epinette présente ainsi sa règle des trois B : les bons, les beauf et les barbares. « Parmi les bons, se trouvent les alliés fidèles, les inconditionnels du systèmes d'information mais aussi les opportunistes qui profitent du SI quand ils en ont besoin. Enfin, il y a ceux qui ne s'assument pas mais croient en l'efficacité de la DSI », détaille le DSI.
Il s'attaque ensuite aux beaufs qu'il considèrent comme les hésitants : « ils sont ni pour ni contre bien au contraire, comme disait Coluche ». Il estime que se trouve en dessous de ces derniers les je-m'en-foutistes. « Ils sont indifférents à tout », fustige Georges Epinette. Enfin, arrivent les pires. D'abord, les opposants professionnels et ensuite les TPMG RPLA (Tout Pour Ma Gueule, Rien Pour Les Autres), qui ne jouent que personnel.
Savoir composer avec ses alliés... et les autres
« A travers cette carte d'alliance, il faut être en mesure d'identifier les gens qui ont l'oreille de la direction générale et qui peuvent vous aider à diffuser votre vision du système d'information dans l'entreprise », explique Georges Epinette. Pour lui, le plus important est d'instaurer un rapport d'équivalence en lieu et place d'un rapport de force ou de domination.
Il est également important d'adopter une démarche sur les valeurs. « Il faut aller bien au delà des exigences opérationnelles pour donner du sens à ce que doit être le système d'information de l'entreprise », expose Georges Epinette. L'enquête de satisfaction est aussi une bonne pratique mais le DSI du groupement des Mousquetaires lui préfère les enquêtes d'insatisfaction. Il indique : « Elles permettent de mettre en évidence les insatisfactions des métiers et de la direction générale. Il est ainsi possible d'analyser des rancunes qui peuvent remonter à plusieurs mois, voire plusieurs années ».
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En outre, les DSI ne doivent pas oublier que la performance est une notion comparative. Ils sont forcément performants par rapport à quelque-chose. « D'une certaine façon, elle n'a aucune limite puisqu'elle n'est pas régie de la même façon d'une entreprise à l'autre. Je préfère parler d'efficience », tranche Georges Epinette.
Cette dernière doit s'inscrire dans un cadre de gouvernance. Ainsi, la DSI identifie plusieurs objectifs pour être efficiente. En premier lieu, il faut bien évidemment assurer la marche du quotidien. « De toutes façons, 1 % de tort de la DSI, c'est 100 % de l'échec d'un projet. Il faut donc être irréprochable tout comme le fonctionnement du SI », clame Georges Epinette.
Le deuxième objectif est également évident puisqu'il s'agit d'être à l'écoute des attentes. Toutefois, le DSI du Groupement des Mousquetaires incite à aller plus loin : « Il faut non seulement être à l'écoute des demandes mais également être capable de les deviner pour essayer d'anticiper ».
Reste que tout cela doit s'inscrire dans un continuum d'action logique. « Nous ne pouvons pas faire n'importe quoi à la demande des métiers », argue Georges Epinette. Enfin, il estime que les DSI doivent oser être présents dans des domaines où il ne sont pas attendus.
Annoncer la couleur
Le DSI a également pour mission d'annoncer la couleur. « Nous sommes dans deux dimensions, horizontale et verticale, qui impliquent une flexibilité et une élasticité. Ce sont les deux enjeux sur lesquels nous sommes jugés », déclare Georges Epinette. Annoncer la couleur c'est la conséquence de la gouvernance d'entreprise. « A un moment donner, il faut que la DSI avance une raison d'exister. Pour les Mousquetaire, c'est juste ce qu'il faut, au moindre coût, pour chaque métier. Nous ne faisons pas de gadgets, juste le minimum pour apporter le plus de valeur », image Georges Epinette.
Tout ceci suppose donc des business cases, des valeurs et des indicateurs pour prouver l'efficacité de la DSI. Toutefois, faut-il encore trouver les bons outils. « Quand vous discutez avec les dirigeants, il ne faut pas les embrouiller avec des indicateurs techniques, ils s'en moquent complètement », constate Georges Epinette.
Selon lui, il est important d'agréger ces données pour les rendre digestes. Il est judicieux de mettre en avant le capital immatériel ou les coûts de fonctionnement des systèmes. La gestion du patrimoine applicatif est également un bon outil à mettre en avant pour justifier l'avancée et l'évolution des projets avec les métiers. Pour Georges Epinette, la question des tableau de création de valeur se pose également. Selon lui, il n'est pas nécessaire d'approfondir la recherche. Les indicateurs mis en avant doivent être le plus proche possible des indicateurs métiers.
En somme, la DSI doit donc être loyale et congruente envers sa direction générale. Autrement dit, elle doit aller dans le sens de l'entreprise. « Il faut penser aux intérêts de la boutique avant de penser à ceux de la DSI et ne pas oublier que rien n'est acquis. Ce que je dis maintenant ne le sera peut-être plus demain », conclut Georges Epinette.
Article rédigé par

Oscar Barthe, Journaliste
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