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Edito - Honorons la mémoire du chef-mécanicien du Titanic

Edito - Honorons la mémoire du chef-mécanicien du Titanic
Bertrand Lemaire est rédacteur en chef de CIO

Le 15 avril 1912 coulait le Titanic, bateau le plus luxueux de son époque, et bien parti pour remporter le Ruban Bleu. Certains DSI y embarquent.

PublicitéTrop souvent, on ne se souvient du Titanic que pour son naufrage, dans la nuit du 14 au 15 avril 1912. C'est pourtant passer un peu vite sur les innombrables records de ce navire. Techniquement, le Titanic était au sommet de son domaine. De la même façon, l'expérience utilisateurs (notamment en première classe) était vantée. Et, grâce à la puissance de ses machines, il était sur le point de remporter le fameux Ruban Bleu, le record de la traversée la plus rapide de l'Atlantique. Donc, oui, rendons justice et honorons la mémoire du chef-mécanicien du Titanic.
De la même façon, qui pourrait remettre en cause les mérites d'un système d'information puissant, stockant et traitant des quantités impressionnantes de données avec une fiabilité sans faiblesse ? Les coeurs de processeurs s'alignent comme autant de chaudières rutilantes. Les données s'y enfournent avec un bon rythme pour produire de l'information. Et, régnant sur ce lieu, un DSI peut légitimement être fier de son oeuvre. Rendons justice et honorons sa mémoire.

Iceberg droit devant

Titanic et système d'information bien huilé peuvent tous les deux rencontrer un iceberg. Et les hélices de dizaines de tonnes comme la passion et la compétence des personnels n'y peuvent rien : le Titanic va couler. La puissance n'est pas tout. Il faut de l'agilité, de l'adaptation. Il faut pouvoir éviter l'iceberg.
Oh, bien sûr, s'il est encore temps, on peut s'appuyer sur le secours de remorqueurs. De petites unités puissantes externalisés qui peuvent apporter la manoeuvrabilité manquante. Ces remorqueurs -placés dans le Cloud- ne sont pas sous l'autorité du chef mécanicien. Ce dernier sait que le navire a besoin d'eux, alors il les accepte. Mais les poussées doivent être combinées.

Bien coordonner les efforts

Si les remorqueurs poussent, il ne faut pas que les machines principales tirent ! La coordination est nécessaire. Elle passe souvent par la passerelle, pourvu que le commandant de bord se préoccupe de la question et qu'il ne se contente pas de ce qu'il peut voir de son poste. C'est aussi au chef mécanicien de lui rappeler la nécessité de prendre en considération ce qui se passe dans la soute.
Jean Giraudoux a écrit en 1935 La guerre de Troie n'aura pas lieu. Il aurait pu écrire Le Titanic ne coulera pas. La fin aurait été similaire. Le destin de Troie est de connaître la guerre comme celui du Titanic de couler.
Car la principale erreur est bien de croître qu'un système conçu pour foncer droit devant et impressionner par sa puissance, avec une lourdeur procédurale induite, pourrait jouer au slalom entre les icebergs peuplant les marchés. Le Titanic doit couler. Le Titanic va couler. Rien ne peut l'empêcher. Le chef mécanicien à qui on commande de bâtir et conduire les chaudières du Titanic ne peut pas l'ignorer. Honorons sa mémoire.

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