Stratégie

Convention USF : pas de drame, mais des inquiétudes sur le cloud et la maintenance

Convention USF : pas de drame, mais des inquiétudes sur le cloud et la maintenance
« S'il vous plaît, SAP, keep it simple ! » : à l'occasion de la convention USF 2025, Gianmaria Perancin, président de l'USF, a demandé à SAP de réduire la complexité du passage dans le cloud. (Photo : ED)

L'USF, association des utilisateurs SAP francophones, a fêté ses 35 ans à l'occasion de sa convention annuelle à Lyon, les 8 et 9 octobre. La fin de la maintenance ECC en 2030 et le pricing, toujours au coeur des discussions, sont cependant apparus comme des sujets moins conflictuels. L'USF exige néanmoins de SAP de la simplicité, de la transparence en particulier pour le passage au cloud.

PublicitéL'association des utilisateurs SAP francophones (USF), qui a fêté ses 35 ans lors de sa convention annuelle les 8 et 9 octobre à Lyon, a battu son record d'affluence avec 2 123 visiteurs. « Nous ne sommes plus un club utilisateur, s'est félicité le président, Gianmaria Perancin. Nous sommes devenus un collectif qui pèse, qui dialogue avec l'éditeur, qui éclaire le choix des décideurs... » Une confiance qui se traduit cette année par un peu moins de drame, mais une pression qui reste ferme sur l'éditeur allemand.

Pour le président de l'USF, il faut désormais que la promesse « faire de la transition vers un monde tout cloud une transformation plus simple, plus efficace et moins coûteuse » exprimée par le PDG de SAP, Christian Klein, à l'occasion de l'événement Sapphire à Madrid, en mai 2025, soit tenue. Pour Gianmaria Perancin, cela se traduit par trois défis à relever. A commencer par, effectivement, rendre le cloud plus simple et moins cher. « La complexité des offres, des modèles tarifaires, des intégrations ne cesse d'augmenter. Cette transformation [cloud] doit s'accompagner de clarté, de lisibilité, de stabilité. [...] Nous perdons beaucoup de temps sur des sujets "price lists", et c'est du temps que nous ne passons pas sur les projets, sur l'innovation. S'il vous plaît, SAP, keep it simple », a soupiré le président de l'USF lors de sa conférence plénière. Deuxième défi, accompagner non seulement la migration technique vers le cloud, mais aussi les transformations organisationnelles, financières, des processus, etc., qu'elle engage. Enfin, dernier défi : s'attaquer à la nécessaire transformation des compétences.

Reporter la fin de la maintenance ECC de 4 à 7 ans

Mais les questions qui fâchent, comme la fin de la maintenance d'ECC (ERP Central Component) en 2030, le pricing et les licences, ou encore le cloud souverain n'ont pas été éludées. Loin de là. Le président de l'USF n'a ainsi pas manqué d'évoquer, non sans malice, l'enquête de la Commission européenne à laquelle SAP est soumis, pour pratiques anticoncurrentielles sur la maintenance de ses produits. L'occasion pour Gianmaria Perancin de rappeler surtout que nombre d'utilisateurs d'ECC ne seraient pas prêts, loin de là, en 2030, date prévue de fin de maintenance de l'ancienne version de l'ERP. Entre quatre et sept ans supplémentaires seraient nécessaires, selon lui. Une requête d'autant plus justifiée, d'après lui, que l'option intermédiaire proposée par l'éditeur allemand, soit un passage d'ECC dans le cloud, ne lui semble absolument pas envisageable. Il précise avoir lui-même réalisé, après avoir participé à des réunions sur le sujet avec SAP et le Cigref cet été, que les contraintes étaient bien trop importantes.

Autre sujet de tension, le cloud souverain. Et ce, même si, l'USF le reconnait, la faute n'en revient pas seulement à SAP, mais aux fournisseurs de cloud et au processus de qualification de l'Anssi. « Quand les offres [Secnumcloud 3.2] seront publiques, nous serons là pour les décortiquer, les expliquer, etc., car nous avons environ 15% de nos adhérents qui les attendent avec impatience », insiste Gianmaria Perancin. L'association compte une cinquantaine d'administrations publiques parmi ses adhérents, et certains autres qui devraient être considérés comme opérateur d'importance vitale, ce qui représenterait environ 15% des 3 800 membres. Autre inquiétude pour le président de l'USF : « on ne parle ici de Secnumcloud 3.2 que pour Rise with SAP, mais qu'en sera-t-il de BTP [Business technology platform] ? Est-ce qu'il arrivera en même temps ? » Sans oublier les tarifs de ces offres cloud : « j'ai discuté avec une personne du Cigref qui estimait qu'une hausse du prix de 10% par exemple, pour une version cloud souverain, serait acceptable, mais lorsque j'entends évoquer 20, voire 25%, je trouve l'addition beaucoup trop importante ».

PublicitéDoute sur les développements spécifiques

Quelques frictions plus subtiles se sont également faites sentir sur le sujet des développements spécifiques. Le 7 octobre, veille de la convention USF, SAP a en effet annoncé que Joule, jusqu'ici simple assistant GenAI classique, servirait désormais également d'orchestrateur d'agents IA au sein de SAP Business Suite. « Ces innovations marquent la fin de l'ère du "best-of-breed" au profit d'un modèle intégré où IA, données et applications s'enrichissent mutuellement », précise le communiqué de l'éditeur. Par fin du "best-of-breed", entendez fin, ou tout du moins limitation, des développements spécifiques. Une démarche qui sonnerait presque comme un retour au bon vieil ERP à l'ancienne, voire à une forme de "vendor lockin", et interpelle pour le moins les représentants de ses utilisateurs.

L'éditeur allemand s'en défend. Le DG de SAP France, Olivier Nollent, a bien confirmé, à l'occasion de la rituelle conférence de presse de la convention, que l'éditeur compte pousser « sa stratégie clean core » et donc, au maximum, le déploiement de la version standard. Soit, une réduction drastique des développements spécifiques. « Nous voyons des bénéfices à proposer à nos clients cette approche de suite, a-t-il justifié. Nous constatons également que l'IA rebat complètement les cartes dans les SI d'entreprise. On peut évoquer le coût du spécifique, c'est-à-dire le coût d'associer une technologie A, avec une technologie B, avec une technologie C. C'est un coût énorme. Et quand on est CIO d'une grande entreprise aujourd'hui, ça n'est pas l'enjeu. [...] Mais si nous ne sommes pas bons sur une partie, nous pouvons être débranchés. Notre solution reste modulaire. Nous ne sommes pas en train de recréer l'ERP d'il y a 50 ans. » De son côté Bernard Cottineau, chargé de mission à l'USF et président de la commission organisation et gouvernance de l'USF a relativisé : « Le spécifique n'est pas une tare, mais c'est un peu comme le cholestérol, il y a le bon et le mauvais ».

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