Alternatives Open Source à Microsoft : le Danemark face aux réalités du terrain
L'analyse des mails échangés par les premiers utilisateurs d'une alternative à la suite collaborative de Microsoft souligne les difficultés d'un tel projet, en test au sein d'un ministère danois.
PublicitéPlaidant pour une plus grande indépendance technologique des administrations et entreprises danoises, le ministère du Numérique local s'est lancé dans un projet de remplacement des outils collaboratifs de Microsoft par une solution Open Source, en l'occurrence Collabora. « En tant que ministre, j'ai évoqué la nécessité de renforcer notre indépendance numérique, expliquait en juin dernier la ministre danoise du Numérique, Caroline Stage Olsen. Au sein du ministère des Affaires numériques, nous franchissons aujourd'hui une première étape avec ce nouveau projet pilote. » Si l'initiative est d'une portée modeste (seuls 38 employés sont concernés), il a valeur de test pour un pays confronté aux visées expansionnistes de l'administration Trump sur le Groenland. Or, selon le magazine danois Ingeniøren, le remplacement de Microsoft chez ces quelques dizaines d'utilisateurs soulève déjà quelques difficultés.
Nos confrères, qui se basent sur des documents et e-mails internes obtenus en vertu de la loi danoise, soulignent que si le ministère envisageait une généralisation de Collabora lors du lancement du projet, les échanges avec l'éditeur de la solution, cBrain, montrent que ce dernier a plusieurs problèmes à résoudre avant qu'une telle extension puisse réellement être envisagée. L'usage de la solution a, en effet, soulevé de nombreux problèmes auprès des premiers utilisateurs, notamment liés au formatage de leurs documents auparavant édités dans Word. Y compris certains bugs critiques, comme ces fichiers envoyés par d'autres administrations, dont le ministère des Finances danois, et apparaissant... vides une fois ouverts dans Collabora.
Généraliser ou pas ?
Le 10 octobre dernier, le ministère du Numérique danois devait décider de la suite à donner à son expérimentation : généraliser l'usage de Collabora, décider d'en rester là, continuer sur une cohabitation entre l'outil Open Source et Microsoft ou explorer d'autres alternatives. Ingeniøren, qui précise que cette réunion devait aussi étudier l'extension de la recherche d'alternatives Open Source, indique que le ministère a refusé de lui indiquer quelles directions il privilégie à ce stade.
Les difficultés rencontrées par les premiers utilisateurs de l'alternative à Microsoft Office ne constituent pas réellement une surprise. Plusieurs DSI, dont celui de Lyon dans nos colonnes, ont déjà témoigné de la complexité de ce type de migration, du fait des habitudes prises par les utilisateurs et de l'intégration des formats Microsoft au coeur de processus métier ou de solutions tierces. A tel point qu'il est souvent impossible de remplacer la suite du premier éditeur mondial pour 100% des utilisateurs. Lyon envisage ainsi une migration de 80% de ses utilisateurs vers Only Office d'ici mars 2026, le solde étant voué à demeurer sur la suite du premier éditeur mondial.
Article rédigé par
Reynald Fléchaux, Rédacteur en chef CIO
Suivez l'auteur sur Twitter
Commentaire
INFORMATION
Vous devez être connecté à votre compte CIO pour poster un commentaire.
Cliquez ici pour vous connecter
Pas encore inscrit ? s'inscrire