Tiphaine Lenoir (RAIIT, Canal+) : « les responsables infrastructures ont un vrai rôle à jouer avec le cloud public »


Même à l'heure du cloud, les infrastructures sont au coeur de l'IT
Certains DSI s'imaginent peut-être (sans doute) encore que recourir massivement au cloud public va les soulager de tous leurs soucis d'infrastructures. Rien n'est plus faux. Même à l'heure du cloud public à tous les niveaux, l'infrastructure demeure essentielle : il faut la gérer, la piloter, et...
DécouvrirGrâce aux solutions de Datadog pour analyser les logs, Canal+ a pu intégrer les différents utilisateurs dans la gouvernance des infrastructures cloud. Tiphaine Lenoir, Responsable architecture infrastructure IT, a témoigné à l'invitation de l'éditeur.
PublicitéLe groupe Canal+ est confronté au développement d'une concurrence féroce et de nouveaux usages de la part de ses clients. Pour s'adapter en gagnant en agilité, le groupe audiovisuel a massivement basculé dans le cloud. Mais il s'agissait également d'intégrer les différents services développant des applicatifs dans la gouvernance des infrastructures, ce qui a été fait grâce aux reportings créés avec les solutions Datadog. Tiphaine Lenoir, Responsable architecture infrastructure IT, a témoigné à l'invitation de l'éditeur.
L'arrivée successive de Netflix, Amazon Prime, Disney+, BeInSports... a en effet bouleversé le marché. La production de contenus est aussi entrée dans une logique de recherche de taille critique, par exemple avec le rachat de Fox par Disney. En effet, la réalisation de contenus coûteux (un épisode de « Game of thrones » coûte environ dix millions de dollars) est nécessaire pour pousser les consommateurs à souscrire des offres payantes. Enfin, au niveau des usages, le non-linéaire continue de croître massivement aux dépends de la diffusion classique de programmes télévisés : aujourd'hui, un spectateur veut regarder ses programmes quand il le veut sur le terminal de son choix (PC, tablette, smartphone...).
Un marché qui bouge
Face à cette situation, Canal+ a opté pour une logique de partenariats et d'agrégation. Pour Tiphaine Lenoir, il s'agit de « ne pas lutter contre le vent mais de tout proposer au même endroit, en l'occurrence MyCanal, avec les bonnes recommandations en fonction des visionnages antérieurs. » Canal+ a aussi mis en place des offres packagées 100 % numériques avec MyCanal, globales ou thématiques. Bien entendu, Canal+ continue de développer ses propres contenus, à savoir au moins huit ou neuf créations originales par an. Pour accroître sa réactivité, un travail était à faire sur les infrastructures et le groupe a choisi progressivement d'adopter le cloud public.
Il y a plus de cinq ans, Canal+ était encore aux balbutiements de son usage du cloud, dans une logique « le cloud uniquement en cas de besoin de scalabilité », à débuter les développements agiles et les infrastructures demeuraient éparpillées entre les services en charge des différents types d'applicatifs. En 2016, la DSI a mis en place dans le râteau de son organisation, outre les différentes divisions applicatives, une division transverse en charge des infrastructures avec une logique « l'infrastructure est un métier business ». Les services managés dans le cloud sont restés prohibés. Ces deux dernières années, l'approche privilégiant le cloud a progressivement été officialisée, le « cloud first » l'étant en septembre 2020. Et là est venue la crainte de la dépendance à un fournisseur puis celle de l'explosion des coûts. Mais les services managés ont été dès lors privilégiés. Simultanément, les offres aux clients finaux ont aussi évolué, par exemple en intégrant le Canal Play dans MyCanal, évolution rendue possible grâce à l'agilité nouvelle des infrastructures.
PublicitéEt la crise sanitaire fut...
A partir de mars 2020, le confinement lié à la crise sanitaire a eu deux effets sur les infrastructures. Tout d'abord, d'un côté, la consommation des accès MyCanal s'est brutalement accrue de 40 % de façon imprévue. Mais, devenue largement cloud, l'infrastructure s'est évidemment adaptée rapidement. D'un autre côté, 4000 collaborateurs ont brutalement basculé en télétravail simultané tandis que des pans entiers de l'activité se désactivaient (par exemple les épreuves sportives et leur suivi). Malgré cela, l'intégration de l'offre Disney+ au bouquet MyCanal a été maintenue.
Une fois le premier confinement passé, il s'agissait de tirer un bilan. Une série d'ateliers a donc été organisée entre les divisions en charge des différents types d'applicatifs et les infrastructures. L'objectif était bien de mettre en oeuvre une nouvelle gouvernance liée à la nouvelle orientation « cloud first ». Parmi les préoccupations, il y avait bien entendu l'éventuelle dépendance à un fournisseur et, surtout, un coût potentiellement plus élevé qu'avec le on premise. La réponse a été l'adoption de la démarche FinOps mais pas seulement. Tiphaine Lenoir insiste : « les responsables infrastructures ont un vrai rôle à jouer avec le cloud public. Notre rôle est bien la gestion de l'écosystème technique ».
Une nécessaire appropriation
En effet, dans le cas d'un « lift and shift », c'est à dire d'une translation à l'identique de l'infrastructure on premise dans le cloud, le diagnostic posé est clair : « c'est plus cher ». Mais si, au contraire, on mise sur les forces des services managés et qu'on optimise les applications, c'est économiquement intéressant. Pour superviser l'infrastructure, les logs restent incontournables. Ceux-ci sont également nécessaires pour garantir la sécurité. Mais encore faut-il les faire « parler ». Initialement, la division des infrastructures utilisait des solutions comme celles d'Elastic Search ou Graylog. Mais, comme le relève Tiphaine Lenoir, « nous étions obligés de filtrer pour restreindre à 10 To/jour qui étaient stockés sur de coûteuses plates-formes gérées en interne. »
Désormais, avec le recours aux solutions de Datadog, les logs sont retenus en totalité en ligne sur quatorze jours. « Et il est possible de réinjecter des logs anciens 'à la demande' pour comparer deux périodes, notamment avant/après une modification » se réjouit Tiphaine Lenoir. Grâce à des visualisations très interactives et modifiables aisément, les divisions applicatives peuvent tout de suite comprendre les effets de leurs besoins ou de leurs demandes. Au delà, le marketing peut aussi tout de suite voir ce qui marche ou pas auprès de quels types de publics en fonction de la consommation des ressources affectées. Tiphaine Lenoir martèle : « les responsables infrastructures doivent donner des accès à des ressources aux utilisateurs tout en restant les garants de la cohérence générale. Nous ne devons pas être les dernières roues du carrosse mais accompagner les projets dès le début. [Avec ces visualisations,] l'infrastructure redevient sexy, nous ne sommes plus un bureau dans la cave... même s'il y a un gros travail à faire au départ pour bien intégrer tout le monde dans la gouvernance. »
Article rédigé par

Bertrand Lemaire, Rédacteur en chef de CIO
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