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Pharma, automobile... Les clouds verticaux tracent leur sillon

Pharma, automobile... Les clouds verticaux tracent leur sillon
Le centre de recherche d'Idorsia. La société pharmaceutique suisse a opté pour le cloud vertical de Veeva, afin d'accélérer la maturation scientifique de ses découvertes et maîtriser les aspects réglementaires liés au lancement de médicaments. (D.R.)

Nés de partenariats et centrés sur un écosystème industriel par nature, les clouds dédiés à des secteurs verticaux spécifiques prennent racine, formant un marché complexe et en évolution rapide. Une évolution que les DSI doivent prendre en compte dans leur stratégie IT.

PublicitéAccélérer la transformation de l'entreprise via le recours à un cloud pensé pour son secteur d'activité. Une piste notamment privilégiée par l'entreprise biopharmaceutique suisse Idorsia, qui a opté pour un partenariat avec le fournisseur de cloud vertical Veeva pour survivre. En juin 2017, Idorsia avait du pain sur la planche, à savoir une nouvelle société à créer, avec 650 scientifiques et employés ainsi qu'un solide pipeline de découvertes, tant des avancées cliniques à un stade précoce que des projets de lancement de nouveaux produits dans les cinq ans.

Plus difficile encore, sa séparation d'avec Actelion à la suite de son acquisition par Johnson & Johnson signifiait que la société n'avait plus de systèmes d'information ou de plateformes technologiques. Idorsia avait alors besoin d'un partenaire pour l'aider à franchir les étapes ardues du processus de maturation scientifique de ses découvertes et maîtriser les processus réglementaires multinationaux qui accompagnent le lancement de médicaments.

Une voie rapide pour la conformité réglementaire

« Nous sommes partis d'une page blanche. À l'époque, je n'avais pas d'autre choix que d'opter pour le cloud », explique Joseph Bejjani, CIO d'Idorsia, qui a choisi Veeva, un cloud vertical dédié aux sciences de la vie. « Veeva couvre une grande partie de notre environnement, du développement clinique au réglementaire, au sein d'une interface utilisateur unifiée ». Ce n'est là qu'un des avantages d'un cloud vertical, selon le DSI. L'offre de Veeva, par exemple, gère non seulement les processus commerciaux, réglementaires ou de développement durable d'Idorsia, mais fournit également un formatage prédéfini pour la FDA, l'autorité autorisant la commercialisation des médicaments aux Etats-Unis.

Plus important encore peut-être, Idorsia puise dans la base de connaissances de Veeva, qui comprend des données provenant d'autres industriels du secteur tels que les géants pharmaceutiques Merck, Bayer et Kronos, explique le DSI. Bénéficier du savoir-faire et de l'expérience de l'ensemble de la base de clients de Veeva constitue un avantage majeur pour une startup comme Idorsia. « La conformité est essentielle pour nous, mais la connaissance du secteur est également extrêmement importante pour une entreprise relativement petite. Nous bénéficions de la connaissance collective de notre secteur », explique Joseph Bejjani, notant qu'Idorsia s'appuie également sur Veeva pour s'orienter dans les questions réglementaires qui varient d'un pays à l'autre. « La solution cloud de Veeva nous fournit les meilleures pratiques du secteur ».

Foisonnement de clouds verticaux

Des centaines de clouds adaptés à des secteurs verticaux spécifiques ont été développés par toute une série de fournisseurs, qu'il s'agisse d'autorités sectorielles qui sponsorisent des solutions verticales ou de sociétés de conseil qui ont créé des clouds personnalisés pour certains de leurs clients. Ces solutions se caractérisent souvent par le partenariat qui a présidé à leur naissance ou par la plate-forme sous-jacente sur laquelle elle fonctionne. Veeva, par exemple, tourne sur Salesforce CRM.

PublicitéJoseph Bejjani, d'Idorsia, explique que le cloud Veeva comporte deux composantes majeurs : l'une pour la R&D et l'autre pour les besoins commerciaux. Idorsia a choisi Veeva alors que la société se trouvait dans la dernière phase d'une étude clinique portant sur son premier médicament commercialisé, un remède contre l'insomnie. La société ne disposait que de neuf mois pour achever le processus avant de soumettre sa demande d'homologation à la FDA.
La solution de Veeva capture tous les points de contrôle en matière de gestion et de technologie - la structure, les résultats et la terminologie, explique le DSI, qui ajoute qu'elle « s'intègre ensuite à un autre outil fondamental dans les opérations cliniques d'Idorsia. Ce fichier contient toutes les données que nous utilisons pour soumettre notre procédure. Il est prédéfini avec des chapitres standard. Lorsque vous soumettez un dossier à la FDA, vous devez en effet avoir des chapitres clairement définis ». Idorsia aurait pu créer sa propre solution basée sur Salesforce, mais, par rapport à cette option, la valeur ajoutée de Veeva est énorme, selon le DSI : « Il est préférable d'opter pour un cloud verticalisé, car vous héritez des travaux de recherche de son fournisseur ». Deux produits d'Idorsia sont actuellement commercialisés. Le remède contre l'insomnie a été lancé aux États-Unis, en Italie et en Allemagne. L'année dernière, la société a lancé un autre produit au Japon et compte actuellement 10 produits en développement clinique, dont environ la moitié sont en phase avancée.


Joseph Bejjani, le DSI d'Idorsia.

« La configuration dont nous disposons aujourd'hui a été extrêmement bénéfique parce que je bénéficie de l'attention du fournisseur. Je dispose d'un large éventail de fonctionnalités et de systèmes », explique Joseph Bejjani, qui précise que ses besoins en matière de stratégie, de rapidité, de simplicité et de durabilité l'ont amené à choisir une solution basée sur une plateforme cloud, proposée par un fournisseur ayant une connaissance et une présence solides dans le secteur.

Comprendre un marché complexe

Compte tenu de la diversité des approches et des solutions, le marché des clouds verticaux est devenu vaste et complexe. Des sociétés de conseil, telles que KPMG et Accenture, reconnaissent qu'il n'existe pas de définition claire de ce qu'est un cloud vertical, et que ses composants, ses services et ses fondations technologiques continuent d'évoluer. « C'est un terme qui est encore en train de se former, mais nous sommes tous d'accord pour dire qu'il s'agit d'utiliser la technologie du cloud pour résoudre des problèmes spécifiques à un secteur industriel, déclare Marcus Murph, qui dirige l'activité cloud de KPMG aux Etats-Unis.

Marcus Murph souligne, par exemple, que Microsoft dispose d'un cloud pour la finance, tout comme IBM, tandis que d'autres sociétés du secteur ont développé une solution en collaboration avec le Nasdaq, solution qui comprend des modèles d'analyse et d'apprentissage automatique.

Jusqu'à présent, les clouds verticalisés se sont surtout concentrés sur les aspects fondamentaux de toute activité sur ces environnements, tels que la migration des applications, le débat entre Lift & Shift, replatforming ou redéveloppement en technologie cloud-native. Mais, comme le montre l'utilisation de Veeva par Idorsia, certains offrent également des outils dédiés à une industrie en particulier, tels que « des solutions qui répondent aux défis réglementaires et aux audits, ainsi que des modèles de données spécifiques à certains secteurs », explique Marcus Murph. En raison de leur nature, les clouds verticaux resteront probablement des initiatives collaboratives. « On parle avant tout d'un écosystème qui réunit différentes technologies et résout différents problèmes, explique le dirigeant de KPMG. Je ne pense pas qu'une entreprise puisse seule dominer un cloud dédié à une industrie ».

« Stimuler la croissance et accroître la différenciation »

Pour Ashley Skyrme, responsable de la stratégie et du conseil en matière de cloud chez Accenture au niveau mondial, sélectionner une solution de cloud industriel existante ou de créer un cloud verticalisé personnalisé avec un partenaire impose aux DSI une réflexion stratégique. Cela implique de « recâbler leur chaîne de valeur » de produits, de solutions et de services, c'est-à-dire de repenser leur plateforme technologique de manière plus stratégique, d'orchestrer de multiples sources de données et d'en débloquer d'autres. Et de citer le cas de Volkswagen comme un excellent exemple d'entreprise qui a construit un cloud dédié à son métier, en s'ouvrant et en collaborant avec différents acteurs de son secteur afin de rassembler toute sa chaîne d'approvisionnement sur une plateforme unique.

« Il ne s'agit pas d'un kit prêt à l'emploi », dit Ashley Skyrme à propos de la définition du cloud industriel. « Nous pensons qu'il s'agit d'un concept beaucoup plus exhaustif sur l'ensemble du continuum du cloud. Il s'agit d'un écosystème évolutif de ressources numériques normalisées, réutilisables et interopérables. C'est le Saint Graal de l'informatique en cloud, capable de stimuler à la fois la différenciation et la croissance... de nouveaux produits, de nouvelles plateformes et de nouvelles expériences ».

Quant à Idorsia, l'adoption d'un cloud industriel bien établi dans le domaine des sciences de la vie a sans aucun doute permis à la startup de transformer sa R&D en une activité rentable - ce qui peut s'avérer plus difficile que le développement scientifique lui-même. Et Joseph Bejjani se félicite de ne pas avoir essayé de s'attaquer seul à ce défi. « Nous pourrions le faire, mais cela prendrait beaucoup de temps et coûterait cher, dit-il. Veeva a déjà créé la solution verticale pour l'industrie pharmaceutique et les processus et terminologies de notre secteur sont préconfigurés et embarqués dans leur produit ». Pour les entreprises comme Idorsia chez qui la technologie ne constitue pas le principal facteur de différenciation, la proposition de valeur du cloud industriel semble avoir quelques atouts à faire valoir.

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