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Paul Martin, ancien DSI de Baxter International : « Les DSI ne partent pas à la retraite, ils rejoignent des conseils d'administration. »

Paul Martin, ancien DSI de Baxter International : « En 2016, j'ai eu l'opportunité de rejoindre mon premier conseil d'administration. »

Ancien DSI du groupe pharmaceutique Baxter International, aujourd'hui membre de quatre conseils d'administration de sociétés cotées, Paul Martin connaît de première main la valeur de l'expertise technologique pour les conseils d'administration. Dans cet entretien, il partage le point de vue d'un initié, depuis l'autre côté de la table de la salle de réunion.

PublicitéDeux années d'incertitude pandémique et d'escalade des risques métiers ont attiré l'attention des conseils d'administration sur la technologie, autrefois rejetée comme s'il s'agissait d'un simple terme IT à la mode. « Le travail de transformation numérique a été considérablement accéléré par la pandémie », déclare Paul Martin, qui a mis fin à une décennie en tant que CIO de Baxter International en octobre 2020 et siège désormais aux conseils d'administration de quatre sociétés cotées : Unisys, Ping Identity, Owens Corning et Steris. De nos jours, ajoute-t-il, « les DSI ne prennent pas leur retraite. Nous rejoignons des conseils d'administration ! »

C'est de plus en plus vrai aujourd'hui, avec 43 % des administrateurs des sociétés du S&P 500 qui font état d'expériences technologiques dans leur déclaration publique, selon la National Association of Corporate Directors (NACD). Et les investissements dans la transformation numérique « ont augmenté de plus de 10% » au cours des deux dernières années, selon Deloitte. Un rapport récent de Deloitte a analysé les conseils d'administration des 100 premières entreprises (par capitalisation boursière) et a constaté que les 31 entreprises dotées de conseils d'administration « férus de technologie » obtenaient dans l'ensemble de meilleurs résultats financiers.

« Il y a quelques années, on parlait de transformation numérique de manière isolée, c'était plutôt un mot à la mode pour les informaticiens. Tout a changé », déclare Paul Martin, qui a récemment été honoré comme l'un des administrateurs d'entreprise noirs les plus influents du Savoy Magazine en 2021. Dans ses missions actuelles, il perçoit nettement la valeur que son expertise dans l'IT, la digitalisation et la cybersécurité apporte aux conseils d'administration. Sur deux de ses conseils d'administration, il est le seul administrateur ayant une formation en technologie. « J'apporte l'expertise technologique et en cybersécurité à ces conseils, ainsi que la dimension digitale », ajoute Paul Martin, membre du CIO Hall of Fame depuis 2017. « Cela me demande davantage de travail. Mes collègues, les autres membres du conseil d'administration, se tournent vers moi pour m'assurer que nous faisons ce qu'il faut dans notre stratégie numérique. »

Maryfran Johnson, de CIO Etats-Unis, a rencontré Paul Martin récemment pour avoir le point de vue d'un initié de l'autre côté de la table de la salle de réunion.

Quel que soit le secteur, le travail de transformation numérique est désormais une priorité stratégique pour la direction et les membres du conseil d'administration. Quels changements avez-vous remarqués dans la façon dont vos collègues dirigeants perçoivent ces efforts ?

Nous avons tous vu des organisations basculer vers le travail à distance et introduire les outils numériques auprès de leurs salariés. Cela donne aux entreprises l'occasion de repenser la façon dont elles interagissent avec les clients, se connectent aux chaînes d'approvisionnement et améliorent l'efficacité opérationnelle interne. Avec toute l'attention portée aujourd'hui sur ce travail de transformation, les conseils d'administration doivent s'assurer qu'aucune organisation ne prend du retard sur les avantages métiers à tirer de l'exploitation des technologies de la science des données, de l'IA, de l'apprentissage automatique, de la blockchain, etc.

PublicitéCe qui est formidable dans ce que je vois aujourd'hui, c'est à quel point la transformation numérique est intégrée dans le tissu de la stratégie métier. Cela fait partie de tout ce dont vous entendez parler - l'utilisation des données, de l'automatisation et de la robotique - qui aide à piloter la stratégie opérationnelle et à trouver de nouvelles façons d'améliorer l'efficacité ou de réduire le gaspillage.

Comment faites-vous pour vous tenir informé des problèmes les plus critiques affectant les autres secteurs que vous couvrez maintenant en tant que membre du conseil d'administration ?

Rester au courant des opportunités, de la viabilité et de la faisabilité de la transformation numérique est tout aussi important que les autres responsabilités du conseil d'administration aujourd'hui. Une façon pour moi de le faire est de suivre les analystes du secteur. Je vais lire leurs notes de recherche et écouter les conférences sur les résultats des concurrents dès que je le peux. Il est vraiment essentiel de rester au courant de ce qui se passe et de comprendre ce que font les concurrents. Une tendance que je suis dans le secteur de la toiture, par exemple, est l'incroyable réflexion numérique autour de l'utilisation des drones et la façon dont ils sont utilisés pour faire des estimations de toiture sans mettre en danger quiconque grimpe là-haut.

Il est vraiment fascinant de voir comment les entreprises peuvent tirer parti de la transformation numérique de différentes manières dans le monde connecté d'aujourd'hui. Il est également important que les conseils fassent venir des invités et des experts externes.

En tant que leader technologique expérimenté siégeant au conseil d'administration, quelles questions posez-vous lors de l'évaluation d'une stratégie de transformation numérique ?

Je recherche les principaux moyens par lesquels l'entreprise intègre ce travail dans sa stratégie. En tant que membre du conseil d'administration, votre devoir est de l'examiner d'un point de vue fiduciaire. L'entreprise fait-elle ce qu'il y a de mieux pour ses parties prenantes ? Voici quelques questions que je pose souvent : Tirons-nous parti de ces technologies numériques pour connecter les clients, les chaînes d'approvisionnement et les employés ? Créons-nous une expérience améliorée ou gagnante pour les clients ? Allons-nous vers une nouvelle expérience client ? Trouvons-nous de nouvelles façons de travailler pour nos employés ? Connectons-nous nos chaînes d'approvisionnement plus efficacement ? Tirons-nous parti de la technologie pour faire ce que nous ne pouvions pas faire auparavant ? Quels autres domaines de ces transformations technologiques sont essentiels à creuser pour les conseils d'administration ?

Les données sont au coeur de toute transformation numérique. Nous effectuons ce travail en raison des avantages liés aux données : la possibilité d'appliquer l'IA ou l'apprentissage automatique de manière à générer de meilleures informations métiers. C'est très important de se servir de ce travail pour améliorer la prise de décision avec une meilleure visibilité sur les données.

Un autre domaine à examiner est la manière dont vous tirez parti de la robotique dans les services numériques pour piloter l'automatisation de vos opérations. Améliorez-vous l'efficacité de l'usine ? Celle de vos vos collaborateurs via la RPA (automatisation robotique des processus) ? Et, bien sûr, les aspects de cybersécurité sont toujours critiques dans ce travail de réflexion stratégique.

Vous avez rejoint votre premier conseil d'administration d'entreprise cotée en 2017, tout en travaillant à temps plein en tant que DSI chez Baxter International. Comment cette opportunité s'est-elle présentée ?

J'ai rejoint Baxter en tant que DSI en 2011 et en 2016, j'ai eu l'opportunité de rejoindre mon premier conseil d'administration d'entreprise cotée. Un recruteur de cadres dirigeants m'a recommandé au conseil d'administration d'Unisys et, avec l'approbation du PDG, du directeur financier et du responsable juridique de Baxter, j'ai pu le rejoindre. Ils ont dit que ce serait bon pour développer mon expertise de dirigeant et que j'en rapporterais un éclairage business à Baxter, ce que j'ai fait. Je dirais aux autres DSI qui souhaitent siéger à des conseils d'administration de commencer à chercher maintenant, dans leurs rôles actuels, s'ils en ont l'opportunité.