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Le marché de l'emploi des DSI est-il gonflé artificiellement ?

Le marché de l'emploi des DSI est-il gonflé artificiellement ?

L'APEC publie des statistiques sur l'emploi des DSI qui semblent montrer un grand dynamisme. Mais Marc Llagonne, DSI en recherche d'emploi, conteste ces statistiques. Pour lui, le marché est glacial.

PublicitéEntre juin 2011 et mai 2012, le volume des offres d'emploi à destination des DSI a progressé de 58%, soit le plus haut score de l'ensemble de la fonction informatique, indiquait
l'Apec dans son dernier baromètre. En juin dernier, 5 210 annonces ont ainsi été diffusées sur le site de l'Association Ces données ont fait réagir Marc Llagonne, en recherche active d'emploi pour un poste de directeur des systèmes d'information. Cet informaticien de 48 ans, qui vit dans les Bouches du Rhône, consulte les offres liés à son métier sur toute la France et dans les Dom-Tom depuis plus de 6 mois. Ne voyant pas de profusion d'offres de DSI, il se demande qui peuvent bien être les annonceurs comptabilisés par l'Apec.

Le Monde Informatique : Combien d'offres de DSI avez-vous vues depuis que vous êtes sur le marché de l'emploi IT ? Quels sont les canaux que vous privilégiez ?

Marc Llagonne : Je n'ai vu que 87 propositions de DSI depuis fin août 2011, ce qui est très loin des 500 propositions mensuelles et des 5 210 demandes d'emploi annuelles évoquées par l'Apec Je suis pourtant abonné à une trentaine de sites de recherche d'emploi, dont une dizaine sont des acteurs majeurs du marché, comme l'Apec, Cadre emploi, Cadre online, Carriere info, ou encore Monster. Pour optimiser mes requêtes, je m'appuie également sur le moteur de recherche Indeed. Je suis également inscrit sur les sites de différents cabinets de recrutements, dont Michael Page. A ce jour, seuls deux d'entre eux m'ont contacté.

Le Monde Informatique : Dans quels types d'entreprises avez-vous postulé ?

Marc Llagonne : Je cible plutôt les PME de tous secteurs. Ayant un profil de directeur technique, je privilégie plutôt les petites structures. Intégrer un grand compte ne m'intéresse pas car je ne souhaite pas exercer une activité de conseil.

Le Monde Informatique : Avez-vous obtenu des réponses ?

Marc Llagonne : Avril, mai et juin ont été des mois très actifs. Sur cette période, j'ai obtenu 9 réponses. Mais lors des entretiens, il s'est avéré que les annonces ne correspondaient plus au poste proposé. J'ai du refuser 3 missions qui étaient trop administratives et orientées gestion de projet On m'a également proposé non pas d'être DSI mais responsable ERP en faisant baisser mes prétentions salariales annuelles de 20 000 euros ! Une entreprise m'a convoqué pour un entretien puis m'a finalement fait savoir qu'elle optait pour une externalisation de sa DSI. J'ai également appris que Bull recrutait 500 informaticiens en 2012, mais je n'ai pas vu l'once d'une offre d'emploi. J'étais d'ailleurs en contact avec l'un des responsables du recrutement du groupe sur Viadeo, mais je n'ai eu aucun retour.

PublicitéLe Monde Informatique : Quel est votre parcours professionnel ?

Marc Llagonne : J'ai un parcours très atypique. Tout d'abord, je suis autodidacte. L'informatique est une passion et j'ai eu la chance dans mon carrière d'avoir pu toucher à pas mal de technique et de technologies et de pouvoir me former tout au long de ma vie professionnelle. J'ai d'abord fait un service militaire de 24 mois ou j'ai été formé à la programmation et aux transmissions numériques. Suite à cela, j'ai pu obtenir, grâce un concours, un stage de 1 an en automatisme industriel ou j'ai effectué de la programmation d'automate industriel. Ce stage m'a permis d'entrer chez CGEE - Alsthom ( Cegelec ) comme dessinateur industriel. On m'a d'abord confié la responsabilité d'un petit chantier, puis celle du réseau câblé de la ville de Marseille.
En 1990, j'ai décidé de créer mon entreprise, une SSI de 18 salariés spécialisée dans la mise en place d'infrastructure et de systèmes de gestion. L'aventure a duré13 ans, mais elle a malheureusement pris fin en 2002. Nous étions sur une période de forte croissance, mais la trésorerie nous a fait défaut et j'ai été contraint de déposer le bilan, les banques ne voulant pas me suivre. En 2004, j'ai intégré Tagsys, un fabricant de systèmes RFID, comme consultant en SI pendant un an puis comme salarié en tant que DSI. Suite à un licenciement économique, j'ai du quitter l'entreprise mi-aout 2011.

Le Monde Informatique : Comment décririez-vous votre profil ? Quels sont vos atouts professionnels?

Marc Llagonne : Je possède des compétences très techniques avec une expertise dans les SI, la virtualisation et la délocalisation de SI dans un environnement international. Mon profil est également axé sur la gestion et la stratégie d'entreprise ainsi que sur la gestion de projet ce qui m'a permis, durant mon parcours, d'intervenir sur des projets de mise en place et d'amélioration de système de gestion (ERP, CRM). Force de propositions, mise en adéquation aux besoins de l'entreprise et rationalisation du SI par des solutions techniques innovantes et fonctionnelles ont toujours été mes leitmotivs. Je me suis toujours efforcé de conjuguer le coût et la qualité pour rendre l'entreprise plus performante. J'ai dirigé des équipes spécialisées et multiculturelles et supervisé l'ensemble des domaines de l'activité : matériels et réseaux, infrastructure haute disponibilité, virtualisation, datacenters, télécoms, web, déploiement d'ERP et d'outils de CRM pour ne citer que les principales.

Le Monde Informatique : Quelle est votre analyse du marché de l'emploi ?

Marc Llagonne : La situation est plutôt difficile surtout dans les PME où les cycles de vente sont de plus en plus longs. Les entreprises sont en stand by et n'investissent quasiment pas. En région PACA, il ne se passe pas grand chose. D'ailleurs, je n'ai vu qu'une dizaine d'offres de DSI depuis le mois de janvier. Ce qui est contradictoire, c'est qu'on parle d'une pénurie d'informaticiens, alors que le taux de chômage est important dans la profession. Les personnes de Pôle Emploi sont catastrophées par le contexte actuel et les cabinets de recrutements se disent également dépassés par ce climat. Mon sentiment est que les entreprises diffusent des offres non pas pour recruter mais pour véhiculer une bonne image. Pour moi, cette profusion d'annonces n'est que pur marketing.

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