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Le Cigref évalue la dépendance européenne aux clouds américains

Le Cigref évalue la dépendance européenne aux clouds américains
Pour le Cigref, l'Europe et la France sont encore très dépendantes aux clouds américains. (photo : Pixabay/Prawny/G.Altmann)

Une étude menée par le cabinet Asteres pour le compte du Cigref indique que les entreprises européennes achèteraient par an près de 260 Md€ en services cloud américains. Réorienter 15 % des montants de ces achats permettrait de créer plus de 450 000 emplois sur le Vieux Continent.

PublicitéFriande de services cloud américains depuis près de deux décennies, l'Europe peut-elle dégager des gains économiques et sur le terrain de l'emploi - et si oui dans quelle mesure - en réorientant ses achats ? Vaste question à laquelle le cabinet Asteres a tenté de répondre, à la demande du Cigref. « Le poids des États-Unis dans les services de cloud génère une empreinte économique significative dans le pays, qui pourrait également bénéficier à l'Union européenne si elle parvenait à accroître sa part de marché dans ce domaine », peut-on lire dans un rapport mis en ligne par le club informatique des grandes entreprises françaises. Selon Asteres, les achats annuels en services cloud et logiciels des entreprises de l'Union européenne bénéficiant à l'économie américaine s'élèvent ainsi à 264 Md€. « Si l'Union européenne parvenait, en 2035, à produire 15 % des services de cloud qu'elle achète actuellement aux États-Unis, il en résulterait 463 000 emplois supplémentaires dans l'Union européenne. La hausse rapide des prix des services de cloud pourrait conduire dans 10 ans à une amélioration du solde de la balance courante des États-Unis de 421 milliards d'euros », indique Asteres. Selon ce dernier, les entreprises américaines représentent environ 83 % du marché du cloud européen, soit 330 Md€ pour l'Union européenne et 54 Md€ pour la France.

L'étude fait par ailleurs ressortir qu'en 2022, l'Union européenne a exporté pour 413 Md$ de services IT contre 47 Md$ pour les États-Unis, avec un excédent commercial de 225 Md$ versus 4 Md$. Des chiffres a priori flatteurs qui cachent cependant une tout autre réalité : « pour des raisons fiscales, une grande partie des activités de services informatiques sont comptablement localisées en Irlande, ce qui fausse complètement les chiffres. Par exemple, sur les 225 Md$ d'excédent commercial européen dans les services informatiques en 2022, 194 Md$ sont à imputer à l'Irlande (soit environ 35 % du PIB du pays), souligne Asteres. Il n'est pas possible de savoir précisément combien la France (ou tout autre pays) importe de services informatiques américains à partir des seules données de commerce de services informatiques. Sur les 25,7 Md€ de services informatiques importés par la France, seuls 2,4 Md€ étaient directement importés des États-Unis. Ce chiffre est cependant trompeur au vu des importations de services informatiques provenant d'Irlande (7,4 Md€, soit trois fois plus que les importations depuis les États-Unis) ou des Pays-Bas (2 Md€) qui contiennent probablement une large part de production américaine », admet Asteres.

Publicité Une limite méthodologique à considérer

Si l'analyse du cabinet est intéressante, la méthodologie utilisée interroge quelque peu. Étant donné la difficulté à connaître suffisamment bien les données relatives aux achats de services cloud (manque de décomposition sectorielle assez fine des données du BEA, chiffres manquants ou incomplets de l'OCDE, d'Eurostat ou encore du FMI et de la Banque Mondiale...), Asteres a en effet basé une partie de son étude sur une extrapolation des dépenses cloud et logiciel en France. Cette dernière ayant été effectuée à partir de résultats issus d'entretiens avec - seulement - 6 DSI de grandes entreprises françaises (heureusement) présentes dans l'ensemble des secteurs de l'économie.

« D'après les entretiens réalisés avec des CIO de groupes français, les dépenses de cloud et logiciel représentent environ 2,2 % du chiffre d'affaires des grandes entreprises, soit une estimation de 66 Md€ par an en France et 400 Md€ pour l'Union européenne. Ce résultat semble globalement cohérent (les différences de périmètre entre les différentes sources rendent toute comparaison exacte impossible), tant avec la taille du marché européen qu'avec la part européenne du marché mondial », avance Asteres.

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