Stratégie

La Ref25 : la prudence justifiée des employés français face à l'IA

La Ref25 : la prudence justifiée des employés français face à l'IA
Marie-Caroline Bénézet, directrice des opérations et de la transformation du groupe SMCP, Bruno Jeanbart, vice-président en charge des études Opinion et International chez OpinionWay, et Bruno Vaffier, DG de Cegid, à la Ref25. (photo : ED)

Face à leurs voisins allemands, espagnols et portugais, les employés français semblent plutôt réticents face à l'IA, selon une étude Opinionway réalisée pour Cegid et dévoilée à la Ref 2025 à Paris. Une prudence justifiée plutôt que de la crainte, selon le DG de Cegid et la directrice des opérations et de la transformation du groupe de mode SMCP.

PublicitéLes Français plus frileux que leurs voisins européens face à l'IA ? C'est ce que laisserait entendre une étude Opinionway sur leurs usages professionnels de la technologie, réalisée pour Cegid à l'occasion de La Ref25 du Medef, à Paris, et dévoilée le 28 août. Pour cette enquête, un peu plus de 2000 salariés européens répartis de façon quasi égale entre la France, l'Allemagne, l'Espagne et le Portugal ont répondu à un questionnaire en ligne entre le 2 et le 16 juillet derniers.

Avec 44% de répondants se disant curieux de l'IA, la France se place nettement derrière ses voisins tous au-dessus de la barre des 50% (54% en Allemagne). En écho, 31% des Français s'avouent inquiets, cette fois suivis de près par les Portugais, et devant l'Allemagne et l'Espagne. L'étude indique aussi un total de 33% de ressentis négatifs vis-à-vis de l'IA en France, contre environ un quart chez nos voisins. Avec une forte crainte chez 50% de nos compatriotes - contre 42% dans les trois autres pays sondés -, de voir l'IA rendre certains métiers obsolètes. La protection des données et l'environnement font également partie des sujets d'inquiétude.

Attentifs, pas attentistes

Est-ce à dire, comme l'a commenté Bruno Jeanbart, vice-président en charge des études Opinion et International chez Opinionway, que cette situation proviendrait d'une caractéristique « nationale », un comportement purement gaulois : « la défiance vis-à-vis d'énormément de sujets, comme les institutions, par exemple » ou les technologies. Au contraire, pour Bruno Vaffier, directeur général de Cegid, cela démontrerait une prudence tout à fait légitime. « Ce qui peut être lu comme de la peur, estime-t-il, je le vois plutôt comme de l'exigence. Plus qu'attentistes, je pense que les Français sont attentifs à ces sujets très importants de la sécurité, de la protection des données, de l'impact environnemental, de l'emploi, etc. Ce sont des questions légitimes ».

Un point de vue abondé par Marie-Caroline Bénézet, directrice des opérations et de la transformation du groupe SMCP (Sandro, Maje, Claudie Pierlot). « J'ai été très surprise par la différence entre l'approche française et celle des autres pays, avoue-t-elle. Mais je comprends tout à fait que l'on prenne du temps pour intégrer correctement la valeur ajoutée par l'IA dans les processus. Quand on veut courir longtemps et transformer l'entreprise de manière durable, il faut se préparer. Il faut produire des données de qualité, sélectionner intelligemment les cas d'usage les plus pertinents, embarquer les utilisateurs, les former, les aider à tirer le meilleur parti de la technologie. Et cela prend du temps, mais cela n'empêche pas d'avancer en parallèle ».

L'adoption viendra avec l'agentique

PublicitéLa crainte, le manque d'enthousiasme face à l'IA des Français seraient aussi liés à la nature des fonctions réalisées par la GenAI aujourd'hui. Une IA qui réalise plus vite et efficacement des tâches simples comme la rédaction de courriers, la synthèse de documents ou la traduction de textes. Elles sont les plus citées, par plus de la moitié des répondants de l'étude Opinionway. « Une GenAI saison 1 », comme la qualifie Bruno Vaffier de Cegid, qui estime que la saison 2 qui vient de débuter devrait tout changer. « Cette saison 2, c'est l'agentique, précise-t-il. Une IA capable d'interpréter un environnement pour définir des tâches et les exécuter. L'IA va rentrer dans les processus opérationnels des entreprises pour réaliser les tâches qui sont le coeur de métier des employés. Et ce que veut le salarié français, c'est justement utiliser la technologie quand elle sert vraiment à quelque chose ».

Présent dans une cinquantaine de pays dans le monde, SMCP a d'ailleurs déjà mis en place sans attendre plusieurs projets dont la traduction des descriptions de ses produits avec l'aide de la GenAI, ainsi que de nombreux outils d'accompagnement de ses équipes au quotidien comme la transcription de réunions, la rédaction, l'analyse et la synthèse de documents. Autant d'outils très appréciés des équipes, selon Marie-Caroline Bénézet. Mais le groupe va aussi appliquer l'IA à un sujet coeur pour son activité : la réduction au minimum du surstock de produits en fin de collection. « Nous devons être capables de prédire la juste quantité de pièces pour chacune des géographies et pour chacun des canaux que nous utilisons, précise la directrice des opérations et de la transformation. Nous travaillons donc sur une IA pour calculer en amont de nos collections l'espérance de vente de chacun des produits que nous venons de créer, mais aussi pour optimiser au quotidien les transports de pièces au plus juste vers les boutiques ». Marie-Caroline Bénézet explique vouloir explorer de nombreux autres champs de développement pour l'IA, comme la personnalisation et l'amélioration de l'expérience de ses clients. « Comment les aider, partout dans le monde, à trouver plus facilement et plus efficacement ce qu'ils cherchent, à trouver le bon produit au bon moment, etc. ».

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