Stratégie

Gartner pointe le chaos qui règne dans la tarification de l'IA

Gartner pointe le chaos qui règne dans la tarification de l'IA
Responsabilités floues, modèles de tarification opaques, monitoring de la consommation peu efficace : les DSI sont confrontés aux premiers problèmes de licensing associés à l’IA. (Photo : Nathan Dumlao / Unsplash)

Le cabinet d'analystes souligne le manque de clarté des conditions de licensing des services d'IA. Sans oublier quelques pièges tarifaires auxquels les DSI devront se montrer attentifs.

PublicitéS'exprimant lors d'une conférence en Australie, auquel ont assisté nos confrères de The Register, une analyste du Gartner, Jo Liversidge, souligne le chaos qui domine dans le licensing de l'IA. Et le retard pris par certains fournisseurs sur ce terrain. Ainsi, selon elle, certains grands fournisseurs n'ont pas encore inclus l'IA dans leurs contrats - comme AWS qui ne traite le sujet que dans la clause 50 de ses conditions générales supplémentaires -, ni prévu de clauses spécifiques à l'IA dans les documents associés. Les acheteurs devront donc examiner de nombreuses politiques et documents juridiques pour comprendre précisément ce dans quoi leur organisation investit.

Un manque d'harmonisation aux conséquences potentiellement importantes, car les fournisseurs divergent sur des points qui exposent les acheteurs à des risques, comme la responsabilité des parties en cas de mauvais conseils donnés par l'IA aboutissant à des dommages pour les entreprises. Jo Liversidge explique que les contrats qu'elle a étudiés « manquent de clarté sur ce point ».

Violation de droits d'auteur : qui est responsable ?

Elle pointe encore le jargon juridique utilisé par Adobe en matière d'IA, qui imposait initialement à ses clients d'assumer la responsabilité en cas de violations de droits d'auteur par ses logiciels et services. Face à la colère des acheteurs, l'éditeur est toutefois revenu sur ce point. Pour l'analyste du Gartner, cet épisode souligne que les acheteurs devront se battre contre les fournisseurs avant de les voir agir dans leur intérêt. « L'histoire a montré que cette règle s'impose », a-t-elle expliqué lors de la conférence.

Pour instaurer un rapport de force, l'analyste conseille aux acheteurs d'enfourcher deux chevaux de bataille : l'inclusion des principes de l'IA responsable dans les contrats - seul 1% des fournisseurs le font aujourd'hui, selon l'analyste - et le respect de la norme ISO 42001 relative aux systèmes de gestion de l'IA.

Incohérence des prix

Jo Liversidge leur conseille aussi de surveiller les incohérences de prix pour les services d'IA, même quand ils émanent du même fournisseur ! Exemple : Salesforce qui a lancé sa plateforme Agentforce avec un système de tarification, puis en y a greffé un autre modèle. L'éditeur permet désormais à ses clients de choisir entre ces deux options.

Certains fournisseurs d'IA utilisent une tarification basée sur des crédits, qui oblige les utilisateurs à payer à l'avance pour un certain nombre de droits d'utilisation et appliquent des coefficients multiplicateurs qui déterminent le nombre de crédits que les utilisateurs doivent débourser à chaque usage. Mais il arrive que les fournisseurs révisent ces coefficients et augmentent le nombre de crédits requis pour utiliser un service donné. Sans oublier les subtilités relatives aux services que les crédits peuvent acheter et aux utilisateurs qui peuvent en bénéficier. Jo Liversidge explique que certains systèmes associent des crédits à des utilisateurs individuels ou à des produits spécifiques, tandis que d'autres s'appliquent à l'ensemble du portefeuille d'un fournisseur.

PublicitéD'autres fournisseurs exigent que leurs clients paient d'avance des « tokens », ou jetons, sans préciser que le coût d'un jeton en entrée (la saisie d'un prompt) est bien inférieur à celui des jetons créés par leurs services en réponse à ces prompts.

Inflation déguisée en nouvelle fonctionnalité

Autre lacune soulignée par Gartner : l'absence de calculateurs et d'outils de monitoring adaptés. Et les acheteurs qui s'attendent à ce que leurs applications de monitoring logiciel les protègent des hausses de prix vont au-devant de mauvaises surprises, car ces outils « ne supportent pas les structures tarifaires de la GenAI », prévient Jo Liversidge.

Sans oublier, évidemment, les fournisseurs qui profitent de l'arrivée de l'IA pour relever drastiquement leurs tarifs. L'analyste cite notamment le cas de Slack, qui, selon elle, abandonne un produit et le remplace par une version intégrant l'IA, ce qui entraînera une hausse de 40% du coût par poste. Selon l'analyste, ces premiers problèmes de licensing touchant l'IA ne sont qu'un prélude à ce que les DSI vont connaître avec la gestion des coûts d'exploitation des agents d'IA. Sur ce terrain, l'analyste dit avoir déjà identifié quatre modèles de tarification différents.

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