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En Autriche, l'armée renonce à Microsoft Office

En Autriche, l'armée renonce à Microsoft Office
La Rossauer Kaserne, à Vienne, siège au ministère fédéral autrichien de la Défense. (Photo : Von C.Stadler/Bwag - Eigenes Werk, CC BY-SA 4.0)

Pour ses 16 000 postes de travail, la défense autrichienne migre sur LibreOffice. Un projet préparé depuis 5 ans et qui vise à garantir l'indépendance de ce service régalien.

PublicitéLes forces armées autrichiennes sont passées de Microsoft Office à la suite logicielle libre LibreOffice. Cette décision n'est pas motivée par les économies réalisées sur les frais de licence logicielle pour environ 16 000 postes de travail, assure l'administration. « Il est très important pour nous de montrer que nous faisons cela principalement (...) pour renforcer notre souveraineté numérique, afin de conserver notre indépendance en matière d'infrastructure IT et (...) de garantir que nos données ne sont traitées qu'en interne », souligne Michael Hillebrand, de la direction 6 TIC et cyber de l'armée fédérale autrichienne. Logiquement, le traitement des données dans des cloud externes n'est pas envisageable pour l'armée fédérale autrichienne, comme le responsable sur la station de radio Ö1 de l'ORF, le groupe public d'audiovisuel en Autriche.

« Pas pour économiser de l'argent »

Il y a cinq ans déjà, la migration de Microsoft Office vers le cloud se dessinait. Dès 2020, les armées autrichiennes ont donc entamé une réflexion sur la migration hors de la suite Microsoft, avec une décision arrêtée dès l'année suivante. En 2022, la planification et la formation des développeurs internes pour les évolutions et les nouvelles fonctionnalités des logiciels entourant la suite bureautique ont commencé. À leur demande, les employés pouvaient alors déjà passer à LibreOffice. En 2023, une entreprise allemande a été chargée du support et du développement, la formation en ligne interne à LibreOffice a été lancée et la suite Open Source est devenue la solution par défaut dans de premiers départements de l'armée fédérale. Cette année, enfin, Microsoft Office 2016 a été supprimé de tous les ordinateurs de l'armée fédérale.

Notons que le projet dépasse le seul remplacement de la suite Microsoft. Les adaptations et améliorations dont l'armée avait besoin ont été programmées et intégrées au projet LibreOffice. Plus de cinq années-homme ont ainsi déjà été dépensées à cette fin. « Nous ne faisons pas cette migration pour économiser de l'argent, a indiqué Michael Hillebrand à l'ORF, nous le faisons pour que l'armée fédérale, en tant qu'organisation qui est là pour fonctionner lorsque tout le reste est à terre, continue à disposer de produits qui fonctionnent dans notre sphère d'influence ». Début septembre, il a raconté le processus de transition avec son collègue Nikolaus Stocker lors de la LibreOffice Conference 2025.

MS Office pour les cas particuliers... après autorisation

Les armées autrichiennes fonctionnaient auparavant sous Microsoft Office 2016 Professional, couplé à de nombreuses solutions VBA et Access. Cependant, même à l'époque, l'armée fédérale n'utilisait pas les solutions de messagerie électronique ou de collaboration de Microsoft, mais des serveurs Linux hébergés en interne avec Samba. Néanmoins, Microsoft Office était profondément ancré dans les processus internes. Les utilisateurs qui estiment avoir encore besoin de la suite Microsoft pour leurs tâches peuvent demander une dérogation, permettant l'installation d'un ou plusieurs modules d'Office 2024 LTSC.

PublicitéPar sa durée et la persistance d'exception, le projet autrichien n'est pas sans rappeler celui de la ville de Lyon, chez qui 80% des utilisateurs doivent migrer de Microsoft Office vers une autre suite, OnlyOffice, d'ici mars prochain. « La problématique majeure pour se soustraire de Microsoft réside dans les dépendances associées : la plupart de nos applications métiers dialoguent avec les outils Microsoft », rappelait Jean-Marie Séguret, le DSI de la troisième ville de France dans nos colonnes récemment. Le projet lyonnais, « fruit de deux à trois ans de travail », ne vise pas à éliminer totalement Microsoft Office, certains utilisateurs étant dépendant d'Excel ou de solutions métiers intégrées à cette suite.

Malgré ces efforts, qui obèrent les économies qu'engendre la migration vers une alternative moins coûteuse en frais de licences, nombre d'organisations s'intéressent aujourd'hui à ce type de migration, au moins sur une partie de leur parc. Le virage de Microsoft vers le tout-cloud, couplé au contexte géopolitique, explique ce regain d'intérêt pour des projets moins en vue ces dernières années.

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