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Colonel Marc Dumas (SDIS 13) : « Nous devons anticiper la quantité de population sur un lieu d'intervention »

Colonel Marc Dumas (SDIS 13) : « Nous devons anticiper la quantité de population sur un lieu d'intervention »
Le colonel Marc Dumas, Chef du Pôle de l'Action et de l'Anticipation du SDIS13, devait trouver une solution pour détecter les afflux de population.
Retrouvez cet article dans le CIO FOCUS n°186 !
Digitalisation des process : des bonnes idées aux erreurs à éviter

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En s'appuyant sur le SIG en place et Flux Vision d'Orange, le SDIS 13 est en mesure d'anticiper le nombre de personnes concernées dans un incident.

PublicitéSi un incendie de forêt se rapproche d'un camping ou si un incident a lieu durant un concert public, devoir évacuer ou gérer dix, cent, mille, dix mille ou cent mille personnes, ce n'est pas la même chose. Pour le SDIS (Service Départemental d'Incendie et de Secours des Bouches-du-Rhône), le sujet est particulièrement délicat car la région est sujette à de très fortes variations liées notamment au tourisme. Et le doigt mouillé a ses limites... surtout dans les situations d'urgence. « Traditionnellement, nous nous basions sur le nombre d'habitants fourni par l'INSEE, 800 000 personnes dans le département, et nous avons découvert avec ce projet que la population pouvait atteindre deux millions » relève le colonel Marc Dumas, Chef du Pôle de l'Action et de l'Anticipation du SDIS13.

Tous les cinq ans, le SDIS a l'obligation réglementaire de rédiger un Schéma Départemental d'Analyse et de Couverture des Risques (SDACR). Ce document vise à analyser les risques que les pompiers peuvent avoir à traiter sur le département (par exemple un incendie de forêt, une explosion chimique dans une raffinerie, etc.), avec une vision prospective à cinq ans, c'est à dire jusqu'au plan suivant. Les fortes variations de population étaient bien sûr connues par le SDIS mais avec une connaissance très parcellaire et peu chiffrée.

Une information quantitative et anonymisée

Le colonel Marc Dumas se souvient : « nous avons découvert l'offre Flux Vision d'Orange par hasard, dans un office de tourisme qui l'utilisait pour mesurer la fréquentation des événements qu'il organisait, donc de manière très ponctuelle. » Le principe est de définir la quantité de population présente à un instant t dans une zone donnée. Pour cela, Orange utilise les bornages des téléphones mobiles et un travail algorithmique pour tenir compte de tous les biais de cette donnée de base (enfants sans téléphone, etc.). Orange indique : « seuls les clients utilisant le réseau mobile d'Orange sont comptabilisés via Flux Vision. Compte tenu de nos parts de marché sur le mobile (environ 40%), nous pouvons constituer un échantillon largement représentatif. Sur la base de cet échantillon, d'observatoires et de données de cadrage, nous effectuons des redressements locaux selon les zones ou événements à analyser. » La précision obtenue est suffisante pour le SDIS 13 même si, évidemment, le comptage est relativement imprécis : l'objectif n'est clairement pas de détecter si oui ou non il y a une personne ou deux manquant à l'appel et potentiellement ensevelies sous un bâtiment écroulé. « Nous estimons globalement notre marge d'erreur à environ 10% » précise Orange.

L'originalité du SDIS 13 était de vouloir récupérer l'information en continu, 24h/24 365 jours par an, et son projet est d'ailleurs la première implémentation de ce type de cette offre. L'information est donc remontée avec un rafraîchissement toutes les 30 minutes et intégrée dans le SIG (système d'information géographique) du SDIS, par API. Les données sont bien sûr purement quantitatives et anonymisées : par secteur pré-défini, à telle heure, telle population. Les secteurs ont été définis par le SDIS en se basant d'une part sur le plan des communes, d'autre part, pour les plus importantes agglomérations, sur les zones IRIS de l'INSEE (des zones définies comme ayant environ 2000 habitants). Orange indique qu'aucune désanonymisation ne peut être réalisée par recoupements car aucun lot de moins de cinquante personnes n'est traité.

PublicitéRepérer les écarts inhabituels

Pour le SDIS, cela ne s'arrête pas là. En effet, il faut non seulement connaître la population à un moment donné mais aussi les écarts par rapport à l'habitude pour anticiper la présence d'une population inhabituelle qui ne connaîtrait pas la zone (par exemple, le public d'un concert, les campeurs ayant planté leur tente dans une zone de danger, etc.). Et rendre visible et compréhensible l'information par les équipes d'intervention. « Pour nous, il s'agit, au moment de lancer l'intervention, d'anticiper tout ce qu'il y aura à faire » pointe le colonel Marc Dumas.

Le SDIS a donc défini des valeurs de référence. Le colonel Marc Dumas précise : « pour nos calculs, nous avons neutralisé 2020 qui est une année totalement atypique ». Ces valeurs définissent une certaine population « normale » par zone sur des périodes types : dimanches et jours fériés, vendredis ou lundis (jours fréquents de RTT), autres jours ouvrés, durant ou en dehors de vacances scolaires, etc. avec des plages horaires définies. Le SIG compare la valeur de référence avec la valeur issue de Flux Vision d'Orange et affiche une couleur différente selon la valeur de l'écart.

Un outil qui doit évoluer

Valeurs de référence et zones sont susceptibles d'évoluer. Par exemple, la création d'une zone commerciale ou d'un lotissement doit être prise en compte. De la même façon, les niveaux d'alertes et les couleurs associées sont en cours de mise au point (l'alerte doit-elle être placée à 5 %, 10 %, 15 %... d'écart ?). Bien entendu, la définition même des zones est susceptible d'évoluer, par exemple pour accroître la précision si cela se révèle utile. « Techniquement, on peut choisir les zones que l'on veut » relève le colonel Marc Dumas.

Le projet a été initié début 2020 et son déploiement en test date de septembre 2020. Comme le coût est en dessous des seuils réglementaires (mais non-précisé), il n'y a pas eu nécessité d'opérer d'appel d'offres. Le colonel Marc Dumas indique que la facturation est au nombre de zones.

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