Cloud : Microsoft et AWS ciblés par l'Autorité de la concurrence... britannique

En raison de leur position et de leurs pratiques, les deux géants du cloud pourraient se voir imposer un statut spécifique et des règles visant à renforcer la concurrence sur ce marché.
PublicitéLe Royaume-Uni s'apprête-t-il à réguler le marché du cloud, ce que s'est refusé à faire jusqu'à présent l'Europe des 27 ? Depuis le 1er janvier 2025, la Grande-Bretagne s'est dotée d'un texte visant à favoriser la concurrence sur les marchés numériques (Digital Markets, Competition and Consumers Act ou DMCCA), associé à un statut spécifique pour de grands acteurs ayant des positions hégémoniques (Strategic Market Status ou SMS). Lorsqu'une entreprise détient un pouvoir de marché susceptible de distordre la concurrence, elle peut, via ce mécanisme, se voir imposer des exigences de conduite et des « interventions favorables à la concurrence ». Un mécanisme qui rappelle celui des Gatekeepers du DMA européen (dont la liste est consultable ici).
Si l'autorité de la concurrence britannique (la CMA, Competition and Markets Authority) a rendu de premières décisions concernant Google dans la recherche et concernant Apple et Google dans les apps mobiles - avec une série de sanctions concrètes déjà répertoriés avant leur approbation définitive attendue en octobre prochain -, elle envisage désormais d'appliquer ce même régime à Microsoft et AWS sur le marché du cloud public.
Le licensing Microsoft pointé du doigt
A l'issue d'une enquête sur le marché du cloud au Royaume-Uni, lancée fin 2023, le groupe de travail de la CMA recommande en effet l'ouverture d'une enquête afin de placer les deux hyperscalers sous statut SMS. « La concentration du marché, particulièrement élevée dans le cas du IaaS, et les barrières à l'entrée et à l'expansion sont des caractéristiques qui ont permis aux deux plus grands fournisseurs, Microsoft et AWS, de détenir unilatéralement un pouvoir de marché important sur les marchés des services cloud et d'obtenir des rendements supérieurs au coût de leur capital sur une longue période », écrivent les auteurs de ce rapport (ici en PDF) paru le 31 juillet.
Ces mêmes auteurs considèrent que le tord fait par ces deux sociétés à la concurrence est « exacerbé » par les barrières techniques et commerciales que ces acteurs mettent en oeuvre pour ralentir les changements de fournisseurs ou les virages vers le multicloud. « Ces obstacles contraignent les clients à rester fidèles à leur choix initial de fournisseur, qui peut ne pas refléter l'évolution de leurs besoins et limite leur capacité à choisir leur fournisseur de services cloud », reprennent les experts de la CMA, qui pointent notamment le rôle négatif du licensing de Microsoft sur la concurrence, en particulier auprès des organisations qui lient l'achat de services cloud à des logiciels de cet éditeur.
PublicitéUn marché de 12 Md€ en 2024
Le conseil d'administration de la CMA a prévu d'examiner le lancement de nouvelles enquêtes pour placer d'autres acteurs du numérique sous statut SMS au début de l'année 2026. Le groupe de travail sur le cloud espère voir ses recommandations prises en compte à cette échéance. Selon ses conclusions, le marché du cloud pesait 10,5 milliards de livres sterling en 2024 (soit 12,1 Md€), porté par une croissance de près de 30 % chaque année depuis 2020.
Rappelons que, de son côté, la Commission européenne a choisi de ne désigner aucun Gatekeeper sur le marché du cloud, malgré sa concentration au profit des trois principaux hyperscalers (qui ensemble représentent environ 70% de ce marché). Une posture dont s'étaient émues plusieurs associations de DSI de grandes entreprises et administrations, dont le Cigref en France.
Article rédigé par

Reynald Fléchaux, Rédacteur en chef CIO
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