Stratégie

5 clefs pour repenser la DSI à l'ère de l'IA agentique

5 clefs pour repenser la DSI à l'ère de l'IA agentique
Comment intégrer les agents d’IA dans le fonctionnement de la DSI ? Répondre à cette question implique, rapidement, de repenser l’organisation existante. (Photo : Igor Omilaev/Unsplash)

L'IA agentique marque un tournant dans la façon dont le travail sera effectué dans l'entreprise. Y compris au sein du département IT. Cinq questions doivent aider les DSI à mieux comprendre comment restructurer les opérations IT.

PublicitéAvec l'avènement de l'IA agentique, les DSI doivent être prêts à ajuster leurs priorités stratégiques, à atténuer de nouveaux risques de sécurité et à préparer et former leurs équipes pour une nouvelle ère. Si les services IT se transforment constamment pour orienter la manière dont l'organisation saisit les opportunités ou gère les risques, certaines époques technologiques représentent des moments charnières où la structure organisationnelle de la DSI elle-même doit être réévaluée.

Ainsi, lorsque l'auto-provisionnement des infrastructures cloud et l'automatisation du déploiement CI/CD se sont généralisés, certains DSI se sont interrogés sur la pertinence d'une séparation des tâches entre les fonctions de développement et d'exploitation, inaugurant ainsi l'ère du DevOps. L'essor de la transformation numérique a également incité de nombreux DSI à repenser l'IT en une organisation tournée vers le delivery de projets et les données, couplée à des restructurations répondant à ce nouveau mandat.

L'émergence de l'IA agentique autonome pourrait bien être un nouveau tournant incitant les DSI à repenser les fondements de l'IT. Mais cela reste un sujet de débat, et quoi qu'il en soit, l'IT de base est susceptible de perdurer. « L'IA me rappelle l'époque où le low code, le no code et la RPA allaient rendre l'informatique totalement autonome, ce qui ne s'est jamais produit, souligne ainsi Niraj Tenany, PDG de la société de services Netwoven. Tant que les organisations disposent de systèmes pour gérer leurs activités, l'informatique est nécessaire pour les gérer et orienter la stratégie les concernant. »

L'IA transforme la mission et les priorités de l'informatique

Dans un récent article ('Is AI the end of IT as we know it', sur CIO.com), j'ai abordé les domaines dans lesquels les capacités de l'IA générative représentent un bouleversement radical pour les fondamentaux de l'informatique. J'ai interrogé l'évolution du rôle du DSI et la manière dont les outils et agents basés sur l'IA pourraient sonner le glas des fonctions informatiques classiques. Je concluais en affirmant que les DSI devront également repenser leurs stratégies de transformation numérique, et que ceux qui stagnent et gèrent l'IT selon les standards antérieurs pourraient bien être ceux qui, précisément, constateront que l'IA marque la fin de l'informatique, du moins telle qu'ils la connaissent.

Une évolution majeure des priorités des DSI est l'une des raisons pour lesquelles il convient de réévaluer la structure organisationnelle de la DSI. Selon l'étude « State of the CIO » de CIO.com en 2025, 75% des DSI consacreront cette année davantage de temps aux initiatives liées à l'IA et au machine learning (ML), qu'à la cybersécurité, au développement de produits et à l'analyse de données.

PublicitéAlors que les DSI sont sous pression pour exploiter pleinement la valeur ajoutée de l'IA, les conseils d'administration exercent également une pression en faveur de suppressions d'emplois et d'améliorations de l'efficacité au travail, largement motivées par les attentes en matière d'IA. « À l'aube de l'ère de l'IA agentique, les équipes IT développent leurs capacités pour adopter une collaboration plus dynamique et interfonctionnelle, en intégrant l'expertise humaine aux agents pilotés par l'IA, dépeint Gastón Milano, CTO de Globant Enterprise AI, intégrateur spécialisé dans la GenAI. Le rôle de l'IT ne se limite plus à la gouvernance, mais à l'orchestration de nouveaux flux de travail où l'apprentissage continu, les compétences spécialisées et le partenariat humain-IA contribuent à la réussite. »

Le constat est que de plus en plus de DSI ressentiront une pression pour accélérer l'innovation tout en garantissant la résilience et en favorisant l'efficacité. Pour certains DSI confrontés à des réductions d'effectifs, la réorganisation de l'IT, la refonte des structures d'équipe et la redynamisation de la culture interne sont des passages obligés. D'autres DSI pourraient constater que la réorganisation de l'IT peut démultiplier les capacités de l'IA agentique.

Voici les questions clés que les DSI devraient se poser lorsqu'ils envisagent une réorganisation de l'IT en lien avec l'essor de l'IA agentique.

1. Comment fonctionnera la collaboration homme-machine ?

Lorsqu'ils envisagent le rôle de l'IA dans un service, les dirigeants doivent se poser les questions suivantes :

- Quelles tâches et compétences seront assurées par les agents d'IA ?

- Quels agents d'IA agiront de manière autonome et lesquels nécessiteront une intervention humaine pour leur supervision et les autres fonctions décisionnelles ?

- Quelle est la gouvernance requise autour des agents d'IA et comment leur efficacité sera-t-elle mesurée ?

- Quelles responsabilités resteront assumées par les employés, mais renforcées par les capacités de l'IA ?

- Quelles fonctions seront assurées avec des partenaires dans le cadre de modèles d'externalisation ou de co-création ?

L'objectif du DSI ne doit pas se limiter à prendre en compte la collaboration machine-humain au sein de l'IT, mais aussi guider les autres dirigeants dans la transformation de leurs services.

« L'informatique n'est plus une fonction de back-office, mais un système nerveux stratégique. Les organisations doivent passer de la gestion de l'infrastructure à l'orchestration de l'intelligence, en intégrant des agents d'IA à chaque processus métier, explique Vishal Sood, directeur produit chez Typeface, éditeur d'une plateforme de marketing dopée à l'IA. Cette évolution exige une nouvelle réflexion sur la manière de s'intégrer aux systèmes inter-agents, sur la sécurisation de workflows imprévisibles et sur la simplification des interfaces utilisateur. Pour les responsables informatiques qui se lancent dans cette transformation, la récompense réside dans la rapidité, la cohésion et la capacité à anticiper la demande croissante d'applications grâce à des interfaces conversationnelles intelligentes. »

2. Comment faire évoluer les équipes agiles ?

La première vague d'équipes multidisciplinaires s'est concentrée sur les compétences informatiques, visant à garantir que chaque équipe agile collabore à la fourniture d'API, d'applications et de services basés sur les données. Lorsque l'informatique est passée du back-office au front-office via le focus donné à l'expérience client, à l'automatisation du marketing et à d'autres initiatives de transformation numérique, les équipes agiles multidisciplinaires ont souvent intégré des responsabilités des lignes métiers et leur participation active au développement des produits numériques.

Grâce aux agents d'IA, les DSI bénéficient d'une nouvelle impulsion pour réfléchir à la manière dont les équipes multidisciplinaires déploient des capacités d'IA agentique et incluent les agents parmi les collaborateurs de l'organisation. « Les équipes agiles devront maîtriser le multitâche collaboratif, garantissant des transferts fluides et des boucles de rétroaction entre les personnes et les machines, explique Anurag Dhingra, responsable de la connectivité et de la collaboration en entreprise chez Cisco. Les propriétaires de produits doivent définir des scénarios adaptés à l'IA, la planification doit tenir compte des tâches les mieux gérées par l'IA, et les ingénieurs collaboreront de plus en plus avec l'IA pour le codage, les tests et les déploiements. Les indicateurs traditionnels comme la vélocité ne suffiront plus, et de nouveaux indicateurs seront nécessaires pour mesurer la performance des équipes dans un environnement augmenté par l'IA. »

Les DSI devraient examiner l'impact des générateurs de code dans le développement logiciel afin de guider la discussion sur la composition et l'efficacité des équipes de développement agile. Une équipe pourrait par exemple avoir besoin de moins de développeurs, mais de davantage de compétences pour réviser le code et pour valider la qualité des résultats issus agents. Ou encore de la création d'un poste centré sur l'utilisation des agents d'IA dans le développement d'automatisations.

3. Comment repositionner les fonctions de gouvernance et de support IT ?

Des rapports indiquent que les budgets informatiques et consacrés à l'IA augmentent, mais les DSI doivent s'attendre à une pression pour réduire les dépenses liées aux opérations et à la gouvernance. L'automatisation permettra de gagner en efficacité, mais les DSI devront communiquer sur les responsabilités et le périmètre dévolus à l'IA.

Une façon de repositionner l'informatique consiste à démontrer l'apport des agents d'IA dans l'amélioration des KPI. Naveen Zutshi, DSI de l'éditeur Databricks, explique : « les agents d'IA seront capables de gérer les tâches courantes de gestion des services IT, du dépannage à la résolution des incidents, et pourront prédire les problèmes de performance et appliquer les correctifs, réduisant ainsi la charge de travail manuelle et administrative des équipes. Cette approche proactive et automatisée peut minimiser les temps d'arrêt et améliorer la fiabilité globale du système. »

Une deuxième opportunité consiste à investir dans des professionnels juniors des opérations et de la sécurité et à chercher à les intégrer plus directement aux fonctions métier qui adoptent les fonctions d'IA agentique. Cette évolution devrait permettre de garantir que la sécurité, la gouvernance et les autres fonctions liées à la conformité sont bien considérées comme prioritaires dans la transformation, et non regardées comme des considérations secondaires.

« Repenser la structure du département IT pour l'IA agentique nécessite des changements fondamentaux dans la gouvernance des données et les flux organisationnels, car les points de contrôle de sécurité traditionnels doivent évoluer vers une gouvernance intégrée fonctionnant à la vitesse de la machine, résume George Gerchow, directeur scientifique de Bedrock Data, spécialisé dans la sécurité de la donnée. Les équipes agiles ont besoin d'une visibilité unifiée sur les données, où les acteurs de la sécurité, de la conformité et des métiers partagent des informations en temps réel au lieu de travailler en silos. Ce changement est organisationnel, car les équipes transverses ont besoin d'une autorité partagée sur les décisions relatives aux données, avec des fonctions de découverte et de classification automatisées qui stimuleront les investissements technologiques. »

4. Comment la DSI peut-elle piloter la gestion du changement et décloisonner les services ?

Selon un récent rapport de l'éditeur Workday sur l'adoption des agents d'IA, 82% des organisations déploient rapidement des agents d'IA pour réduire la charge de travail (88%) et accélérer l'innovation (82%). Plus de 75% des personnes interrogées estiment que les agents d'IA auront un impact positif sur l'expérience des employés en matière de développement de leurs compétences, d'équilibre entre vie professionnelle et vie privée et de satisfaction au travail. Cependant, les employés fixent leurs limites : seuls 45% se sentent à l'aise avec l'attribution de tâches par des agents d'IA, et 30% avec le fait d'être sous leur direction.

Les DSI doivent tenir compte du fait que l'adoption de l'IA ne sera pas linéaire, les enthousiastes côtoyant les retardataires et les détracteurs de la technologie. De plus, si certains agents d'IA travailleront sur des workflows spécifiques à un service, c'est bien l'utilisation de l'automatisation, de l'analytique et de l'IA pour relier les services entre eux, en les alignant sur des objectifs métier précis, qui offre les opportunités les plus intéressantes.

« Plutôt que de se contenter d'implémenter la technologie, les DSI deviennent des facilitateurs et jouent un rôle de conseil, garantissant un déploiement responsable de l'IA et permettant aux différentes unités opérationnelles d'exploiter cette technologie pour stimuler l'innovation, explique Andy Sen, CTO d'AppDirect (plateforme de commerce électronique). L'IA humanise l'informatique, décentralise des capacités autrefois réservées aux services technologiques, permettant ainsi à d'autres équipes - RH, marketing ou finance - d'exploiter des technologies complexes sans une expertise technique approfondie. »

Pour ce faire, les DSI doivent développer plusieurs domaines de compétences :

- Les chefs de produit et la transition vers une informatique axée sur les produits pour prioriser la mise en oeuvre des agents d'IA afin d'atteindre les objectifs stratégiques et capitaliser sur les opportunités clients.

- Les ingénieurs de processus Six Sigma, pour identifier les processus métier existants et aider à cibler les endroits où les agents d'IA peuvent optimiser l'efficacité, faire évoluer les opérations ou améliorer la qualité.

- Les leaders du changement, pour accompagner les employés dans l'adoption des agents d'IA, faire évoluer leurs responsabilités et apaiser les craintes liées aux pertes d'emploi.

5. Quelles nouvelles compétences sont nécessaires dans l'IT agentique ?

Lorsque de nombreux employés envisagent d'acquérir de nouvelles compétences, leur premier réflexe est souvent de se tourner vers les certifications et les formations. Mais les DSI devraient réfléchir aux types de compétences qui les aideront à passer rapidement du statut de contributeur individuel à celui de leader d'équipe, d'expert technologique et de pionnier dans la mise en oeuvre du numérique.

L'IA agentique exigera des professionnels de l'IT qu'ils se concentrent désormais sur le pilotage et la supervision de systèmes autonomes plutôt que sur l'exécution des tâches, selon Brad Rumph, directeur technique chez Tines, qui édite une solution d'orchestration de workflows dédiée à l'IT. La clé est de passer d'un état d'esprit d'exécutant à celui d'un orchestrateur. Les professionnels du secteur devront développer un nouvel ensemble de compétences alliant expertise technique, esprit critique, éthique et excellente communication ».

Outre les compétences non techniques, les DSI devraient envisager de nouveaux rôles liés à la GenIA dans l'IT, des extensions de postes existants basées sur une évolution des compétences. Parmi ceux-ci :

- Des spécialistes de la qualité des données pour l'IA, qui se concentrent sur la qualité des données non structurées et évaluent les biais des données d'entraînement soumises aux modèles.

- Les spécialistes du diagnostic IA, qui agiront comme des SRE (Site Reliability Engineers, tournés vers la fiabilité d'un service numérique), mais centrés sur les agents d'IA.

- Des spécialistes FinAI, qui étendent les responsabilités FinOps à l'analyse des coûts et des tarifs des fournisseurs sur les agents.

Les DSI doivent-ils réorganiser l'informatique ? La question n'est peut-être plus de savoir si, mais plutôt quand et comment. Les DSI qui entreprennent une réorganisation doivent en préciser les objectifs et s'assurer que des communications individualisées sont mises en place avec les collaborateurs afin que ces derniers adhèrent à la nouvelle orientation et en comprennent les avantages.

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