Stratégie

Arnaud Coustillière (directeur de la DGNUM, Ministère des Armées) élu Stratège IT de l'année 2019

Arnaud Coustillière (directeur de la DGNUM, Ministère des Armées) élu Stratège IT de l'année 2019
Arnaud Coustillière (directeur de la DGNUM, Ministère des Armées) estime que le Ministère des Armées est l’une des organisations les plus complexes en Europe.

Succédant à Christophe Leblanc (Société Générale), Arnaud Coustillière (directeur de la DGNUM, Ministère des Armées) a été élu par les lecteurs de CIO Stratège IT de l'année 2019. Ses deux dauphins sont Frédéric Vincent (DSI du groupe Renault) et Anthony Hié (CIDO de l'ESCP Europe).

PublicitéLe Vice-Amiral d'escadre Arnaud Coustillière est directeur général du Numérique au sein du ministère des Armées. Les lecteurs de CIO l'ont désigné comme étant le Stratège IT de l'année 2019 par leurs votes (527 votants, 147 en sa faveur). Par la même occasion, ils ont également indiqué leur principale préoccupation pour 2020 et leur probable projet majeur ou innovant de l'année à venir.



Les deux principales préoccupations de nos lecteurs sont d'un côté la cybersécurité et de l'autre la satisfaction des clients finaux de l'entreprise selon 587 votants. Par rapport à l'an dernier, le recrutement des bons talents recule nettement au profit de la cybersécurité. La conformité juridique n'est plus un sujet, pas plus que la contraction budgétaire. Et on peut remarquer qu'un nouvel entrant dans la liste des sujets, pourtant très à la mode, ne décolle guère, à savoir la réduction de l'empreinte carbone.



Le projet majeur ou innovant demeure plus ou moins constant par rapport l'année passée si l'on en croit les 521 votants. Le trio de tête reste la migration dans le cloud hybride (25 % l'an dernier, en deuxième position), les applications avec l'intelligence artificielle (l'an dernier : 29 %, premier) et l'automatisation des infrastructures (l'an dernier : 22 %, troisième). Blockchain et IoT demeurent en queue de peloton. Quant à l'IT frugal, de même que la réduction de l'empreinte carbone, il reste faiblement mobilisateur.

Les réactions du lauréat

Arnaud Coustillière doit structurer et orchestrer la transformation numérique du ministère à travers différentes initiatives digitales, développer une culture de la donnée et relever des défis autour de nouvelles technologies telles que l'IA. C'est à ce titre que la Rédaction l'avait identifié comme candidat. Ses dauphins sont Frédéric Vincent (DSI du groupe Renault) et Anthony Hié (CIDO de l'ESCP Europe). Nous avons été à la rencontre du lauréat pour lui demander ses réactions.

CIO : Selon vous, qu'est-ce qui a incité les lecteurs de CIO à voter pour vous ?

Arnaud Coustillière : Je pense que c'est l'intérêt pour un très grand service de l'État qui a montré qu'il était capable de se mettre en mouvement. Et ce alors même que nous sommes sans doute l'une des organisations les plus complexes en Europe, même si nous ne sommes pas la plus grosse. Nous associons en effet de grandes hétérogénéité et dispersion géographique à environ 200 métiers différents.
Sans doute la relation des citoyens avec les militaires a aussi joué. Nous sommes de nouveau présents sur le territoire, dans le cadre des opérations anti-terroristes, alors que nous étions auparavant plutôt focalisés sur les opérations extérieures. Nous sommes vus comme un rempart de la souveraineté, une image de la cohésion nationale. La reconnaissance de notre rôle de protection des citoyens a probablement joué. Et nous avons développé des capacité en cyberguerre, d'abord en défense bien sûr mais aussi en attaque. Les fournisseurs ont du aussi sentir cette transformation en route et nous avons des contrats avec 500 d'entre eux. Nous irriguons l'écosystème.
Par ailleurs, je pense que nous rassurons parce que nous sommes capables de nous transformer, capables de projeter des capacités numériques autant que des capacités combattantes (comme plusieurs milliers de postes de travail au coeur du Mali, dans des secteurs sans aucune infrastructure). Mais, malgré tout, nous avons, en fait, les mêmes préoccupations que les autres grandes organisations.
Les projets de la DGNum commencent, bien sûr, par la création du SI socle mais aussi par les SI métiers. Nous sommes en train de faire monter en puissance l'agilité. Pour pouvoir mieux travailler de manière ouverte, notamment sur Internet, nous devons basculer vers une logique Zero Trust. Bien entendu, le cloud et la guerre des talents font aussi partie de nos sujets.

PublicitéCIO : Justement, vous retrouvez-vous dans les principales préoccupations de nos lecteurs ?

Arnaud Coustillière : Totalement ! Il n'y a pas de numérique sans confiance. Et la première brique de la confiance est la sécurité. Nous avons, pour cela, créé la chaîne de cybersécurité que j'ai commandée durant six ans. Cette préoccupation est réellement vitale. La cybercriminalité peut toucher toutes les organisations, de la plus petite à la plus grande. Dans l'armée, cette question est évidemment au coeur de notre ADN.
Concernant la satisfaction des clients finaux, c'est évidemment un peu différent pour nous, la mission des armées étant d'éliminer nos ennemis. Mais nous avons à remettre l'usager au coeur de nos processus. Nous ne devons plus déployer des systèmes du haut vers la bas mais mettre en oeuvre des outils correspondant aux besoins réels du terrain et, plus généralement, mieux satisfaire nos utilisateurs finaux. A ce titre, par exemple, nous avons désormais un Monsieur Dites-le-moi-une-seule-fois au ministère pour toutes les démarches internes de nos agents civils et militaires. Le parcours de l'usager est, pour le confort utilisateur, un sujet très important. Au delà du socle technique, nous devons adopter des process agiles et accompagner la révolution copernicienne de l'user centric. Au ministère nous avons 25 parcours usagers pour l'identité numérique, c'est plus tenable et certains sont vraiment trop longs.

CIO : Enfin, de la même façon, vous retrouvez-vous dans les projets majeurs ou innovants déclarés par les lecteurs de CIO ?

Arnaud Coustillière : A 100 %! La Ministre nous a donné trois mandats. D'abord, le plan stratégique IA, rendu public il y a peu. Il est doté d'un budget de 100 millions d'euros par an et emploie 200 personnes et concerne l'ensemble de nos métiers, y compris les systèmes d'armes. Cependant, nous nous sommes dotés d'un comité d'éthique pour savoir quoi faire ou pas. Par exemple, nous refusons que le déclenchement du feu soit décidé par une intelligence artificielle.
Deuxième mandat, la stratégie cloud du ministère est connexe à celle, plus générale, de l'État. Pour les métiers régaliens, les données classifiées, il ne peut s'agir que de cloud privé au sein du ministère. Concernant le cloud public « C3 » de l'Etat, le ministère des armées n'est évidemment pas un ministère comme les autres. Les armées doivent être l'institution la plus résiliente et elles sont donc très peu concernées par le cloud public. On peut choisir des technologies étrangères mais on ne peut pas dépendre de services de tiers, surtout étrangers, a fortiori non-européens. Enfin, le cloud dédié « C2 » de l'État va être un des moyens que nous allons mobiliser pour ouvrir notre système d'information. Il va constituer une première expérimentation en la matière. Nous allons migrer 200 000 postes en approche « zéro trust ». Nous pourrions être capables d'y déployer du SaaS car il n'est pas toujours aisé de soutenir les SI de tous les métiers. Et la logistique, l'habillement, le recrutement, etc. (hors opérations liées au combat, en fait) pourraient bénéficier de ces outils.

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