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Start-ups : un anti-modèle

Start-ups : un anti-modèle
« Le startupisme » vient de paraître chez Fyp Editions.

A force de s'extasier sur le modèle start-up, on en oublie qu'il est souvent synonyme d'échec, d'esbroufe et de casse. Antoine Gouritin fait la mise au point dans un ouvrage vitriolique paru chez Fyp : « Le startupisme : Le fantasme technologique et économique de la startup nation ».

PublicitéA-t-on attendu les « start-ups » pour connaître des innovations ? Non, sinon l'inventeur de la roue serait côté au NASDAQ. Les start-ups, curieux objets du désir en cette époque où la technologie est le nouveau romantisme et les patrons cools les nouveaux héros (moins violents que les guérilleros des années 60, il est vrai), sont pourtant trop souvent vues comme l'alpha et l'oméga de l'innovation, la seule voie de salut pour l'économie globale comme pour chaque entreprise. Cet état de fait a clairement énervé Antoine Gouritin qui a transformé sa rage en pamphlet, Le startupisme : Le fantasme technologique et économique de la startup nation, ouvrage qui vient de paraître chez Fyp.

Cette doctrine qui refuse de se reconnaître comme telle, se considérant comme un mouvement inéluctable (marque du dogmatisme le plus sectaire), est vu par l'auteur comme un avatar du solutionnisme technologique théorisé par Evgeny Morozov, encore jeune auteur mais prisé par les cercles intellectuels américains pour son scepticisme vis-à-vis du numérique. Le « modèle d'innovation » des start-ups est ici l'objet d'une déconstruction jouissive, notamment lorsqu'il s'agit de constater le néant réel ou les inconvénients associés à une « disruption ».

Disruption, le miroir aux alouettes

Ce terme sert souvent à anéantir les progrès sociaux, comme par exemple dans le cas de l'économie de plate-forme, sans aucune innovation réelle. J'en avais déjà fait un édito il y a quelques années. Comme tout dogmatisme sectaire, le startupisme a ses gourous, habillés pour l'hiver dans un chapitre dédié (la description de l'Affaire Elizabeth Holmes / Theranos est brève mais suffisamment acide pour faire pâlir d'envie un Alien). Si les start-upers peuvent être vus, dans un autre chapitre, comme les nouveaux Eugène de Rastignac, l'auteur a un peu tendance à jeter le bébé avec l'eau du bain dans certains commentaires. Le cas de la start-up nation par excellence, Israël, est évidemment largement critiqué avant d'attaquer ce qui intéressera le plus les DSI : comment le startupisme entend guider l'innovation des entreprises, par l'internalisation ou l'extrapreuneuriat. Bilan, perspectives et suggestions forment la conclusion.

Pamphlet ? Brûlot ? Certes, Le startupisme : Le fantasme technologique et économique de la startup nation l'est sans aucun doute. Mais il est surtout un réquisitoire à la fois parfaitement construit et bien argumenté, tout en demeurant facile à lire, l'auteur revendiquant un rôle de vulgarisation de certaines idées. A l'heure de l'injonction sociale de l'innovation (pour ne pas dire de la disruption), il s'agit bien d'une lecture salutaire.

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