Sans formation ni encadrement de qualité, les compétences tech continueront de fuir
Trouver, attirer et développer les compétences IT reste un défi majeur pour les entreprises, face à un fort turn-over et à des offres attractives du marché. Encore davantage à l'heure de l'explosion de l'IA et de la généralisation des enjeux de cybersécurité ?
PublicitéLes informaticiens et informaticiennes, notamment ceux et celles avec des compétences pointues et spécialisées en data, IA ou cybersécurité par exemple, restent difficiles à recruter. Selon une récente étude mondiale de Gi Group sur les tendances RH dans le secteur informatique, 47% des entreprises peinent à trouver et à fidéliser leurs équipes. Et les DSI font encore face à des niveaux de turnover élevés.
Pour eux, la difficulté à attirer et à fidéliser les informaticiens et informaticiennes reste un problème quotidien. Dans ce contexte, le développement des compétences et la fidélisation des individus constituent deux enjeux majeurs. « Les personnes compétentes ne sont pas rares, affirme ainsi Cecilia Colasanti, DSI de l'Institut national de la statistique italien (Istat) depuis 2023. Elles sont là, mais leur expertise n'est que rarement reconnue à leur juste valeur. C'est pourquoi, de plus en plus souvent, elles préfèrent partir vers d'autres environnements. Les managers, y compris les DSI, doivent être capables de repérer les talents - c'est-à-dire la bonne personne au bon endroit -, mais aussi de leur faire comprendre qu'ils ont été identifiés et de leur offrir les opportunités adéquates. »
Des préoccupations d'évolution de carrière
Parmi les initiatives lancées par la direction des SI de l'Istat il y a quelques années, le programme « deux problèmes, deux solutions » demande aux employés, sur la base du volontariat, d'identifier deux problèmes, mais aussi de proposer eux-mêmes deux solutions. Les résultats sont présentés lors d'entretiens individuels avec des commentaires sur les propositions et une évaluation, en particulier pour celles qui méritent un suivi. Or, nombre de ces propositions portent sur des problèmes techniques, mais aussi sur les perspectives de carrière, la communication interne et le manque de personnel. Ces deux derniers sujets sont les plus fréquemment évoqués.
Comme dans beaucoup de structures de taille moyenne, la DSI d'iStat est assez restreinte et une grande partie du travail est réalisée par des consultants et des prestataires externes. Il faut composer avec une telle organisation, partagée entre la coordination des ressources pour différents projets et les tâches strictement dévolues à l'informatique. Comme nombre de DSI, Cecilia Colasanti préférerait disposer de davantage de ressources internes. Mais c'est là que le bât blesse. « Attirer et fidéliser les informaticiens et informaticiennes est un problème, confirme le DSI d'une petite entreprise du secteur de la santé. Et c'est une des raisons pour lesquelles nous externalisons certaines fonctions. Nous nous déchargeons de certaines responsabilités et nous libérons des ressources internes, mais au risque de perdre le savoir-faire de l'entreprise ».
PublicitéFormations, reconversion, perfectionnement
Mais pour l'instant, le DSI estime ne pas avoir d'autre choix. « Nous ne pouvons pas offrir les salaires d'un grand groupe privé, et les informaticiens changent d'emploi tous les deux ans, ce qui rend la motivation difficile. Nous embauchons un candidat, nous le formons, nous le voyons progresser, puis il part. Qui plus est, notre secteur est très spécialisé et les compétences requises sont rares. » Les sirènes du marché sont tentantes pour ceux qui possèdent celles-ci et pourraient prétendre à un positionnement plus haut de gamme.
Proposer des formations de reconversion ou de perfectionnement reste un moyen efficace de surmonter ces difficultés de recrutement et de fidélisation des équipes.
« Le marché est concurrentiel et fidéliser les informaticiens exige de créer des barrières à la sortie, insiste Emanuela Pignataro, responsable de la transformation et de l'exécution chez Cegos Italia. Si un employeur crée un environnement stimulant et valorisant, assorti d'avantages sociaux attractifs, les employés sont moins susceptibles de chercher d'autres opportunités ou de se laisser entraîner par la concurrence ». Nombreux sont les informaticiens et informaticiennes qui se sentent surchargés de tâches qu'ils ne peuvent gérer seuls. Ce sont souvent des personnes aux compétences précieuses qui travaillent sans soutien suffisant. Investir dans la formation ou l'intégration de nouveaux collaborateurs pour les épauler les rassure et favorise leur loyauté.
Un suivi attentif des équipes
Au-delà de la formation et de l'encadrement, les DSI reconnaissent également l'importance d'un suivi attentif des équipes, de leur responsabilisation et de l'affectation d'un rôle précis et pertinent à chacun comme autres sources de motivation. Il est également essentiel de collaborer avec la fonction RH pour développer des outils favorisant le bien-être au travail. Selon une étude du Gi Group, les critères prioritaires pour les candidats IT lors du choix d'un employeur sont, par ordre décroissant : le salaire, une offre de poste hybride, l'équilibre vie professionnelle - vie privée, la possibilité d'occuper des postes peu stressants et les perspectives d'évolution de carrière et de développement professionnel.
Article rédigé par
Patrizia Licata, CIO Italie (adapté par E.Delsol)
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